Un mois d'avril faste pour le fonds Partech Ventures

Rachat de Jaspersoft par Tibco, entrée en Bourse de Five9, belle opération réalisé par RockYou... Le mois dernier a été riche pour le fonds de capital-risque Partech Ventures.
Quel est le rapport entre le rachat de La Fourchette.com par TripAdvisor, celui de Jaspersoft par Tibco et l’entrée en bourse de Five9 ? Ils ont tous comme investisseur le fonds Partech Ventures et ont tous été réalisés (ou annoncés) récemment. Partech Ventures a été créé au début des années 80 par BNP Paribas. D’abord basé dans la Silicon Valley, le fonds s’est ouvert à l’Europe en 1996. « À l’heure actuelle, Paris est la plateforme centrale du dispositif », explique Jean-Marc Patouillaud, managing partner de Partech. La société dispose d’environ 500 millions d’euros. Les investissements sont dans leur majorité européens contre un quart américains.
Deux sorties réussies pour des investissements datant d'une dizaine d'années

En avril, Partech a donc réalisé deux sorties. D’abord, le rachat de Jaspersoft. « Notre investissement dans la société datait d’il y a une dizaine d’années. Nous possédions 10 % du capital », commente Jean-Marc Patouillaud. La société spécialiste de la business intelligence (BI) en mode Saas a été rachetée 185 millions de dollars par Tibco.
Ensuite, l’introduction en Bourse de Five9 a permis de lever 70 millions de dollars début avril. « C’est aussi une entreprise dans laquelle nous avons investi il y a une petite dizaine d’années. Il faut savoir être patient », analyse Jean-Marc Patouillaud. Five9 propose des logiciels et des services de call center outsourcés. Plus de 2000 clients gèrent ainsi les communications issues de leurs centres d’appels.
Dans le cas d’une entrée en Bourse, le fonds ne récupère pas immédiatement des liquidités. « La plupart du temps les actionnaires signent un accord avec les banquiers introducteurs. Cet accord les contraint à ne pas vendre d’actions pendant six mois », précise Jean-Marc Patouillaud. Et pour éviter de déstabiliser le marché, mieux vaut éviter de se désengager d’un seul coup, même après cette période. Quoi qu’il en soit, les introductions en Bourse concernent surtout les entreprises américaines. « Les sorties sur les entreprises européennes se font plutôt par fusion-acquisition. Les bourses européennes comme Alternext sont moins engageantes en terme de liquidité », complète Jean-Marc Patouillaud.
Un mois de mai qui commence fort
Autre réussite de Partech Ventures au mois d’avril, RockYou a conclu un accord pour reprendre l’activité dédiée aux jeux sociaux de Disney. « L’acquisition des jeux issus du rachat de Playdom Disney double la taille des revenus de RockYou », se félicite Jean-Marc Patouillaud. La société monétise les jeux vidéo en ligne via la publicité. La négociation avec Disney a duré plus de six mois.
L’actualité de Partech Ventures était donc plutôt américaine en avril. Ceci dit début mai, Partech Ventures a annoncé le rachat de La Fourchette.com par TripAdvisor. « Nous sommes contents de voir un gros acteur américain s’intéresser à une entreprise française. Cela dynamise notre marché et met les entrepreneurs français en valeur. Nous redoutions les réactions du gouvernement à cause de l’affaire du rachat avorté de Dailymotion par Yahoo !, mais nous n’avons eu aucun problème », se félicite Jean-Marc Patouillaud. Contrairement, aux deux précédentes sorties, l’investissement de Partech Ventures dans La Fourchette est très récent. Le fonds a investi 4 millions d’euros il y a moins de deux ans.
à tous ceux qui me posent la question: Montebourg ne m'a pas appelé ! TripAdvisor acquiert La Fourchette http://t.co/l4s85a1P3F @LeHuffPost
- jmpatouillaud (@jmpatouillaud) 7 Mai 2014
Bpifrance au secours du capital croissance ?
Comparé aux États-Unis le marché de l’investissement en capital est dix fois moins important en Europe. Les montants levés sont aussi, en moyenne, bien plus faibles en Europe. « Ce n’est pas un désavantage au départ. Mieux vaut commencer une entreprise avec une certaine frugalité. Donner tout de suite 20 millions d’euros à un entrepreneur, ce n’est pas lui rendre service », assure Jean-Marc Patouillaux.
Mais pour passer à la vitesse supérieure, les entreprises ont besoin de lever des montants plus importants. « En revanche, pour se battre à un échelon mondial, en frontal avec des entreprises américaines, les Européens doivent pouvoir lever entre 30 et 60 millions d’euros. Or, l’écosystème français et européen continental manque d’acteurs du capital croissance », regrette Jean-Marc Patouillaux. Bpifrance qui s’est déjà attelé avec succès au problème de l’amorçage pourrait bientôt s’attaquer au problème du capital développement (ou capital croissance). « Une initiative dans ce sens est en cours de création », assure Jean-Marc Patouillaud.