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Patrick Hoffstetter, Chief Digital Officer de Renault. La création de la Digital Factory chez Renault propulse la carrière de cet ancien directeur général de Lastminute.com. Un parcours exemplaire pour ce féru de nouvelles technologies.
A quelques semaines de la commercialisation de la nouvelle Clio connectée, Patrick Hoffstetter semble serein. Voilà un projet qui lui procure toute la légitimité de la fonction de Chief Digital Officer (CDO) ? ou directeur de la Digital Factory, l'usine numérique ? dont il est le pionnier chez Renault. “ La voiture connectée change la donne. Nous sommes une vingtaine d'acteurs en interne autour de la table, car c'est autant un sujet d'ingénierie en amont, que marketing et commercial en aval. ”Entre Renault R-Link, une tablette tactile intégrée au véhicule, et le dispositif marketing de lancement de l'opération ? non seulement en France mais avec une déclinaison spécifique pour chaque pays ?, le patron de la Digital Factory a de quoi se régaler. “ A l'heure actuelle, nous comptons 12 macroprojets pour l'année prochaine, qui concernent notamment des lancements de véhicules. Le dispositif numérique complet constitue un travail énorme ! ”Sites dédiés à chaque commercialisation de véhicule, avec photos et vidéos, essais virtuels… l'heure est à l'interactivité et à l'innovation pour multiplier les “ expériences numériques personnelles ”. Mais le CDO a d'autres fers au feu : une bonne dizaine de grands projets, comme un nouveau configurateur de véhicules sur les portails de la marque, un outil d'e-réputation… La Digital Factory de Renault porte bien son nom. Pour autant, le constructeur automobile centenaire ne dispose d'une usine numérique que depuis à peine dix-huit mois. Depuis que son patron, alors directeur général de Lastminute.com, a été engagé par la firme au losange.
Un parcours multifacette
“ Après une première partie de carrière dans le marketing international au sein du groupe SNCF, j'ai commencé à trouver le rythme trop lent. Et, fin 1999, la bulle spéculative internet s'apprêtait à éclater. Mon parcours numérique a véritablement débuté chez SFR en 2000 ”, estime-t-il. Lancements de Vizzavi, de SFR-Pro, pilotage du multimédia, mise en valeur de SFR 3G, puis de NRJ mobile, Patrick Hoffstetter est un des artisans de l'explosion des nouveaux médias. Il quitte l'opérateur en 2005 pour rejoindre Yahoo France, comme patron de l'audience, aux commandes de la fourniture de contenu qui s'envole à cette époque. En 2007, Yahoo essuie ses premiers revers, et Patrick Hoffstetter monte sa structure de conseil, Newmedia 360. Son objectif : appréhender les nouvelles technologies dans une vision globale et s'accorder un temps de respiration pour étudier des projets de nouveaux services en tant que business angel.Une fois de plus, un chasseur de têtes vient le déloger, pour prendre les rênes d'un vrai pure player, Lastminute.com. “ C'était une belle opportunité de découvrir l'e-commerce. ” Distribution, accords de marque blanche, redressement de la filiale française alors en difficulté… il accède au comité de direction de l'entreprise en tant que vice-président EMEA du groupe, qui réalise alors plus de 3 milliards de dollars de chiffre d'affaires avec 1 200 employés. “ En touchant de plein fouet le secteur du tourisme, l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll a mis un terme à l'aventure. ”La proposition de Renault tombe à pic. “ Ce poste m'offrait une vision totalement différente et complémentaire de mes expériences chez Yahoo et Lastminute. D'abord en termes de périmètre, car chez Renault, tous les chiffres sont énormes ? chiffre d'affaires, effectif… ”. Mais, surtout, les contours de sa mission constituent un vrai challenge : définir la stratégie numérique du groupe, la mettre en production, l'implémenter dans l'ensemble des pays et en assurer le suivi de la performance.
Convaincre les diverses directions
“ De la stratégie au suivi qualité, le marketing numérique concerne l'ensemble du parcours client ? business to business et business to consumer ? ainsi que le business to employee, avec des outils comme le réseau social interne Mydeclic, lancé en juin. ” Son principal défi : convaincre. D'abord la direction générale qui a initié la création de la Digital Factory, sans toutefois en préciser les contours. Mais aussi les directions métier, toutes concernées par le sujet.“ Au départ, j'étais considéré comme la mouche du coche ! ”, sourit-il. Sous la responsabilité du Chief Marketing Officer, il hérite d'une partie de l'équipe de la DSI chargée des développements. “ La décision avait été prise avant mon arrivée ”, précise-t-il. Sans oublier les 170 directions de pays, dont 60 actives dans le numérique. Désormais bien intégré dans l'organisation du groupe, Patrick Hoffstetter rêve de la prochaine étape, “ lorsque le groupe arrivera à une phase de maturité telle que le numérique entraînera des actions de rupture ”.
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