Personne ne le conteste. L'arrivée de Google Earth, avec son accès aux photos aériennes du monde entier, a bousculé le milieu de l'information géographique. Rony Gal et Eric Lanzi, respectivement PDG d'Esri France et de
Geoconcept, le reconnaissent volontiers : l'affichage dynamique des données de la planète a donné un coup de fouet aux usages des systèmes d'information géographique (SIG).Tous deux connaissent bien ses technologies. Depuis plus de vingt ans, Rony Gal contribue à faire d'Esri France le leader du marché hexagonal. Dans le même temps, EricLanzi est parvenu à promouvoir à l'échelle internationale
Geoconcept. Optimistes, tous deux prévoient un nouvel essor de l'information géographique, une sorte de passage à l'ère secondaire.
Outil de représentation et d'analyse
' La spatialisation des organisations et le développement de la prise en compte de la composante cartographique dans les processus métier se développent ', met en avant Rony Gal. Il
en est certain : l'arrivée de l'information géographique dans le système d'information de l'entreprise provoquera une véritable révolution. Révolution qui touche autant les métiers que les usages ou les compétences techniques.
' Avec Google Earth ou le Géoportail de l'IGN, le public a découvert qu'il est possible de faire figurer beaucoup d'informations sur des cartes ', confirme Eric Lanzi. Il s'agit
autant d'un outil de représentation que d'un support d'analyse, statique ou dynamique. L'envie ayant été suscitée, de plus en plus d'applications dédiées utilisent la carte comme support, qu'il s'agisse du marketing, du décisionnel, de la gestion
des stocks, ou encore de la livraison. Pour chacune, les éditeurs verticalisent leurs outils et proposent des solutions dédiées, en direct ou via des partenaires.
Des liens avec les applications métier
' C'est dans cette logique que nous avons lancé le Geoscheduling, un logiciel d'optimisation géographique des agendas ', indique Eric Lanzi. Objectif : réduire le temps
' perdu ' entre les rendez-vous afin d'accroître le nombre de visites, de fiabiliser et maîtriser les délais d'intervention, sans modifier la durée du travail. La rentabilité étant rapide, des liens avec les applications
métier prennent tout leurs sens.La multiplication des couplages entre systèmes de gestion de la relation client et SIG en témoigne. Sage incorpore un module Geoconcept de localisation de clientèle dans Sales Logix. SAP l'imite avec MySAP CRM et le module
Mapobject d'Esri. D'autres domaines, tel le décisionnel, sont d'ailleurs bien avancés. Là encore, KXEN, société française de datamining, travaille avec Geoconcept. SAS et Business Objects ont aussi signé des accords avec Esri.
Un besoin de profils technologiques
La multiplication des usages a une conséquence directe sur la profession.
' Les géographes ne sont pas les seuls à recourir aux SIG, s'insurge Rony Gal. Loin de là ! ' Parmi
les premiers praticiens figurent les collectivités locales, ainsi que les gestionnaires de cadastre et d'environnement. Depuis, d'autres usages ont vu le jour chez les gestionnaires de réseaux (eau, assainissement, éclairage, télécoms), dans la
distribution, et la gestion de flottes.
' Les géomaticiens conçoivent des applications à intégrer au système d'information de l'entreprise, mais ce ne sont pas des informaticiens. En effet, ces spécialistes possèdent des compétences génériques
sur les SIG ', oppose Eric Lanzy. A ses yeux, le secteur aura donc de plus en plus besoin de profils technologiques (Java, internet, architectures Web).
' A la mairie de Nice, par exemple,
surenchérit Rony Gal,
une trentaine de personnes de la DSI est chargée de gérer les applications et les données cartographiques. ' Nul doute que l'arrivée de solutions SIG en
open source
enrichira cette dimension informatique du métier de géomaticien.
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