La fonction achats ne cesse d'évoluer, contrainte, d'un côté, par les exigences de ses clients internes et, de l'autre, par les aléas de ses fournisseurs. Selon la troisième édition du Baromètre achats de CSC TNS Sofres, la rationalisation des coûts devient une priorité des directions achats cette année (elle occupait la troisième place en 2010), et leur relation avec les fournisseurs fait un bon. Placée en huitième position des préoccupations en 2010, elle occupe désormais le deuxième rang. Autre surprise de ce classement, la gestion des risques qui, cette année, devient une priorité pour 62 % des directeurs achats. Et pour cause. En choisissant d'acheter à moindre coût des produits fabriqués dans des pays dispersés aux quatre coins du monde, les entreprises multiplient leur exposition aux catastrophes climatiques, politiques ou économiques susceptibles d'interrompre la chaîne d'approvisionnement. La crise de 2008, avec sa cohorte de petits fournisseurs mettant la clé sous la porte, reste en mémoire, tout comme l'éruption du volcan islandais en 2010, qui a contraint, par exemple, le constructeur BMW à stopper son usine américaine de Spartanburg, un tiers des pièces utilisées par ce site étant acheminé d'Allemagne par avion.
Double sourcing et suivi des fournisseurs
Pour se prémunir contre ce phénomène, les directeurs achats pratiquent donc de plus en plus le double sourcing (deux approvisionneurs pour le même produit) et le suivi de leurs fournisseurs. Ils effectuent des audits et s'équipent d'outils informatiques réalisant analyses financières et tableaux de bord afin de remonter d'éventuels problèmes économiques, des difficultés liées aux délais de livraison, à la qualité de produits, ou autres, de leurs fournisseurs. Cette stratégie impose de s'appuyer sur un système d'information bien renseigné sur un panel de fournisseurs, pour identifier ceux qui prendront le relais en cas de défaillance.
“ Toutes les données collectées doivent être cartographiées et classées en fonction de leur nature économique, politique, environnementale. Le suivi régulier ainsi que la mise à jour de cette base de données permettent de gagner du temps, même si le remplacement d'un fournisseur ne se fait pas du jour au lendemain ”, détaille Thierry Mercier, directeur associé chez CSC.Pour 73 % des personnes interrogées, l'utilisation et l'efficacité des systèmes d'information achats sont essentielles pour améliorer la fonction achats et donc la performance de l'entreprise. Pour gagner en compétitivité, les directions achats se sont équipées de solutions pour optimiser et numériser les processus avec leurs fournisseurs. Il s'agit d'améliorer la qualité et d'augmenter la vitesse de conception des produits, de réduire les coûts d'approvisionnement et les délais de traitement des dossiers.Plus récemment, ces directions ont mis en place des outils collaboratifs pour offrir aux clients internes un meilleur suivi des processus achats, et aux fournisseurs des méthodes et des outils de travail. Selon les résultats de l'enquête, 43 % des directions achats ont installé une plate-forme d'achats partagés, et 21 % des réseaux sociaux pour optimiser la relation avec les prescripteurs.
“ Il est crucial de s'approprier ces outils collaboratifs, déterminants dans l'agilité et la rapidité de notre fonction achats ”, note Claire Brabec-Lagrange, du comité exécutif, en charge de la direction des achats groupe de GDF Suez.
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