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J'aurais pu rebaptiser ma société Transweb, mais la traduction de sites internet n'est pas encore une activité très rentable et le marché des agences spécialisées sur ce créneau reste marginal
" : Éric Bon, traducteur et président du groupe Transword (traduction technique, juridique et commerciale), aime remettre les choses à leur place. Internet, selon lui, n'a pas bouleversé la profession de fond en comble. Et
il en sait quelque chose : il est dans le métier depuis 25 ans, et peut se targuer d'avoir "
traduit 20 millions de mots ", dont une partie des accords de Dayton et, aujourd'hui, quelques sites
web.
Technicien du langage
Diplômé en langues et en informatique, il débute sa carrière en 1976 à la TEET (Traduction études éditions techniques), comme relecteur. Là, il traque la moindre coquille qui a pu se glisser dans des documents. Et reste finalement dix
ans dans la société où il se forge une solide expérience dans la traduction et l'interprétariat. Depuis 1985, date à laquelle il quitte l'entreprise pour créer Transword, il exerce ses talents dans des domaines tels que
l'industrie navale ou l'aéronautique, qui exigent des compétences techniques très pointues. Une véritable passion qui l'a même amené à passer ses brevets de pilote d'avion et d'hélicoptère !
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J'ai eu envie de prendre les commandes", s'enthousiasme-t-il.Aujourd'hui, il a intégré internet dans sa palette d'outils de travail. Il utilise pour des recherches ponctuelles des bases de données terminologiques et linguistiques en ligne, sortes de grosses encyclopédies
thématiques. "
Elles sont utiles si je fais une traduction très spécialisée, sur les sculptures bouddhistes en Thaïlande, par exemple. Cela m'évite d'acheter un dictionnaire que je mettrais quelques jours à me
procurer. " Autre avantage du réseau des réseaux, la possibilité de se rendre directement sur le site de l'entreprise cliente pour s'imprégner de sa culture et, surtout, observer les mots qu'elle utilise pour
s'exprimer.Mais la vraie révolution reste la messagerie électronique. "
La passation de commande se fait par e-mail, précise-t-il.
J'envoie aussi par ce biais-là les devis à mes clients, avec un espace
"Bon pour accord". Enfin, la livraison de notre travail passe dans 99 % des cas par internet. " Outre ces activités, Éric Bon préside par ailleurs la Guilde européenne des traducteurs, qui rassemble une bonne centaine
d'adhérents dans la profession. Et si, parmi eux, tous, assure le patron de Transword, ont été sollicités par les entreprises pour "
localiser" des sites web, le traducteur tout-internet n'est pas
pour demain. De toute façon, se rassure l'intéressé, "
personne ne m'empêchera de conserver dans ma bibliothèque ma reliure prestige de l'encyclopédie Universalis ".
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