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Lorsque des fonds privés sont injectés dans une jeune pousse, l'Etat la suit régulièrement, misant parfois jusqu'à quatre fois plus que ces investisseurs. Pour des besoins stratégiques, l'armée investit fortement dans la recherche et adopte de nombreux types d'innovations publiques.
Israël ne compte que sept millions d'habitants, mais 500 start up y naissent chaque année. Soit presque autant que les 700 qui apparaissent tous les ans sur l'ensemble du continent européen. Avec un PIB de 213 milliards de dollars, le pays a connu une croissance de 4,6 % en 2010, ce qui lui a valu son entrée à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). En Israël, l'innovation technologique est au cœur d'une activité économique nationale que l'on compare à celle d'une jeune entreprise.“ Israël devait devenir une start up pour survivre, explique Saul Singer, coauteur de l'ouvrage économique Start-up Nation : The Story of Israel's Economic Miracle. Il devait se donner les moyens d'affronter plusieurs difficultés, dont l'absence de marché local ou régional, différents boycotts ou encore des taxes. ” Il faut préciser qu'en plus d'une image controversée, le pays souffre d'une carence notoire en matières premières. La consommation pétrolière provient, par exemple, à 100 % de l'importation.
Des investissements en capital-risque très importants
Dans le livre dont il est un des contributeurs, Incubator's of the World, Steve Louzoun explique qu'en contrepartie, les partenariats public-privé se sont particulièrement bien développés : quand 100 000 dollars de fonds privés sont injectés dans une start up, ce sont 400 000 dollars supplémentaires qui suivent de la part du public. Ce qui expliquerait un investissement en capital-risque par habitant 30 fois supérieur à celui de la France et une présence écrasante au Nasdaq (où l'on compte 63 entreprises israéliennes mais seulement deux sociétés françaises !).Autre force de développement, l'armée. Consciente de l'enjeu stratégique des nouvelles technologies, elle joue un rôle particulièrement important dans l'innovation. De nombreux travaux de recherches militaires se voient ainsi confiés à l'université scientifique publique de Haïfa, le Technion, véritable condensé de matière grise. On y modélise des drones, et on y conçoit des systèmes de vidéosurveillance et d'identification biométrique…Il faut dire qu'après la guerre du Kippour, en 1973, le pays a été incité à se lancer avec force dans les hautes technologies. Car ce conflit avait suffisamment marqué les limites du renseignement israélien pour que celui-ci cherche à tout prix le moyen d'éviter d'autres mauvaises surprises de la même ampleur : à l'époque, Egyptiens et Syriens avaient, contre toute attente, mené simultanément des assauts dans la péninsule du Sinaï et sur le plateau du Golan, des territoires qu'occupait Israël depuis la guerre des Six Jours, en 1967. Il en est ressorti la notion de C4ISR (Computerized Command, Control, Communications, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance), devenue une donnée fondamentale du combat israélien.C'est ainsi, par exemple, qu'en 1994, le premier pare-feu informatique a été développé par Gil Shwed, une jeune recrue du Shmoneh-Matayim 8200 ? l'unité d'élite informatique de l'armée israélienne, aujourd'hui soupçonnée d'être à l'origine du virus Stuxnet ? afin de protéger les réseaux de l'armée contre toute intrusion. Son service militaire terminé, Gil Shwed a créé la société Check Point Software Technologies pour commercialiser sa trouvaille. Avec succès, puisqu'en 2010, le chiffre d'affaires de l'entreprise était de 5 milliards de dollars.
Des méthodes antifraudes influencées par l'armée
Autre exemple de l'influence de l'armée : Paypal lutte désormais contre la fraude en utilisant des méthodes antiterroristes israéliennes. Shvat Shaked, un jeune entrepreneur tout juste sorti, lui aussi, de la Shmoneh-Matayim 8200, avait expliqué à Scott Thompson, le PDG de Paypal : “ Il y a les gentils et les méchants. Les gentils n'ont rien à se reprocher et laissent des traces de leur passage. Les méchants les effacent derrière eux. Il suffit de faire le recoupement et, en procédant par élimination, le taux de découverte des méchants est impressionnant. ” Séduit et bluffé par les résultats obtenus après analyse des transactions de Paypal, Scott Thompson déboursera 169 millions de dollars pour racheter Fraud Sciences, la start up de Shvat Shaked.
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