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Certains opérateurs optent pour une version hébergée type Centrex IP, tandis que d'autres privilégient une architecture propriétaire. La convergence pose la question des terminaux : bimode ou terminaux fixe et mobile
distincts ?
Les opérateurs n'appréhendent pas tous la convergence fixe-mobile de la même manière. Pour certains, l'avenir est à l'architecture basée sur le Centrex IP avec le maintien de deux terminaux distincts, tandis que
d'autres privilégient l'existant et font cohabiter le PABX, traditionnel ou IP, avec une solution mobile. Mais les uns et les autres prennent position sur la technologie à mettre en ?"uvre, SIP ou UMA, le combat ne fait que
commencer...
Orange, l'opérateur intégré
L'opérateur possède le réseau fixe et le réseau mobile. Il est à ce jour le seul en France. Selon que l'on parle de convergence technique ou tarifaire, l'opérateur propose ses solutions. D'un côté,
l'entreprise trouvera Business Talk, un savant cocktail de services et de tarifs. On y retrouve la possibilité d'une messagerie et d'un plan de numérotation uniques ainsi que des outils de gestion web. C'est en quelque
sorte la mise en relation d'un réseau privé virtuel (RPV) de voix fixe avec un RPV mobile. L'opérateur met en avant plusieurs déclinaisons de cette offre (Pack, Classic ou Premium) en fonction de la complexité réclamée : entreprise
monosite, multisite avec connexions RTC ou encore multisite gérant des connexions diverses (RTC ou IP). Pour une convergence plus technique, Orange propose son offre Unik for Business. Dans ce cas, le téléphone mobile devient le téléphone fixe grâce
au ' dual mode ' GSM-Wi-Fi. Pour être mis en ?"uvre, cette offre destinée aux PME nécessite de déployer des Livebox Pro sur lesquelles pourront se connecter les téléphones bimodes. La connexion au réseau se fait de
manière totalement transparente, soit au Wi-Fi, soit au GSM en fonction de la position de l'utilisateur. De même, l'appel n'est pas interrompu lorsqu'on passe d'un réseau à l'autre. Pour les entreprises plus
importantes, l'opérateur prévoit l'extension du service avec des Business Livebox. ' Des grands comptes peuvent tout à fait opter pour cette offre, notamment pour équiper des sites distants d'importance
moyenne ', explique-t-on chez l'opérateur.Pour l'heure, l'opérateur ne propose pas de solution qui peut fonctionner sur une infrastructure Wi-Fi déjà en place dans l'entreprise. Enfin, Orange devrait proposer, dans les mois à venir, un service à base
d'IP Centrex. A la base de ses offres, Orange a préféré UMA (Unlicensed Mobile Access) plutôt que SIP, estimant que ce dernier ne permet pas d'offrir une qualité de service suffisante pour des services de voix.
Les opérateurs mobiles, SFR et Bouygues Télécom
Pas de réseau fixe, pas de mobile ? Faux répondent en c?"ur SFR et Bouygues Télécom qui ont opté pour une solution IP Centrex. Le premier commercialise One Duo, une offre à la fois fixe et mobile. Pour
l'infrastructure fixe, qu'il ne possède pas, SFR propose deux solutions. Soit l'entreprise n'est pas équipée de PABX et elle opte pour le Centrex IP (équipement offrant les services voix d'un PBX IP, hébergé chez
l'opérateur), soit elle rajoute une passerelle IAD (Integrated Access Device) derrière son équipement existant pour se connecter au réseau de l'opérateur.Bouygues Télécom de son côté s'est appuyé sur le savoir-faire d'Altitude Telecom. Ce dernier a donc mis en place une infrastructure à base d'IP Centrex, connecté au système d'information de Bouygues
Telecom (notamment au HLR (Home Location Register), base d'identité des abonnées). Dans une flotte, un appel passé depuis un mobile convergé est identifié par Bouygues Télécom comme étant d'une flotte donnée. L'appel peut ainsi
être routé, en même temps, sur le téléphone fixe et le mobile de l'appelé. Ces opérateurs cellulaires n'ont pas fait le choix, à ce jour, d'un téléphone bimode GSM-Wi-Fi. Pour Bouygues Télécom comme pour SFR, il serait
aujourd'hui trop risqué d'en faire la promotion, compte tenu du potentiel d'évasion de trafic pour ces opérateurs que représentent des téléphones lorsqu'ils sont utilisés en Wi-Fi.SFR comme Bouygues préfèrent, à la différence de France Télécom ou BT, parier sur la survie de deux terminaux distincts : un téléphone fixe et un téléphone cellulaire. Bouygues Télécom a signé, fin septembre, un accord avec
Neuf Cegetel pour que ce dernier lui fournisse un réseau clefs en main d'accès DSL, sur l'ensemble du territoire. Ainsi, Bouygues devrait, d'ici à quelques mois, être en mesure de proposer son offre de convergence sur un réseau
qu'il maîtrisera de bout en bout.
Les opérateurs fixes, BT et Altitude Telecom et les autres...
L'opérateur britannique est sans doute le premier à avoir amené à la vie le concept de convergence fixe-mobile. D'abord, BT s'est tourné vers un terminal bimode GSM-bluetooth avant de se rendre compte de la
faiblesse technique de bluetooth pour le remplacer dans sa solution par le Wi-Fi. En premier destiné au grand public outre-Manche, BT Fusion est arrivé dans l'Hexagone voilà quelques semaines (ainsi que dans huit pays européens) sous le nom
de Corporate Fusion. N'étant pas opérateur de réseau mobile, l'architecture de l'offre s'articule autour d'un serveur de mobilité développé par Newstep, interfacé via le protocole SIP au PABX-IP de
l'entreprise. Ce dernier équipement, installé par BT, est un serveur de téléphonie sur IP d'origine Cisco. ' Le serveur de mobilité, piloté au sein même de l'entreprise, va définir le comportement des
terminaux mobiles, non seulement sur site mais également en dehors de l'entreprise ', déclare Lionel Gourvitch, chargé des offres de convergence chez BT France. L'opérateur proposera bientôt une offre hébergée
Centrex IP (sur une plate-forme Alcatel Lucent) sous le nom de Corporate Fusion Net.Cette nouvelle offre propose que les utilisateurs ne conservent ou ne communiquent qu'un seul numéro et de disposer d'une seule messagerie. De même, les utilisateurs peuvent conserver deux terminaux qui sonneront en
même temps à la réception d'un appel. Pour simplifier cet usage, les utilisateurs peuvent être dotés de terminaux bimodes (GSM-Wi-Fi) d'origine diverse (HTC, Nokia). A l'instar de l'offre d'Orange, cette solution
autorise le roaming (l'itinérance) entre les réseaux GSM et Wi-Fi, sans coupure de la communication voix en cours. Pour cela, l'opérateur installe dans le terminal un client VCC (Voice Call Continuity) développé par Newstep.Altitude Telecom ne dispose pas non plus de réseau mobile. Après avoir développé l'architecture de l'offre de Bouygues Télécom, l'opérateur se l'est appropriée pour sa propre solution baptisée Two Easy.
Evidemment, le socle technique est rigoureusement le même que Bouygues. La seule différence entre les deux offres est d'ordre marketing. Le petit opérateur ne semble pas pressé de développer une offre basée sur des terminaux bimodes. Altitude
reconnaît travailler sur le sujet mais il semblerait que la voix sur Wi-Fi ne soit pas, à son goût, d'assez bonne qualité. Nombre d'opérateurs d'ailleurs rappellent que le réseau Wi-Fi est bien à l'origine destiné au
transfert de données, moins exigeant en termes de qualité. De plus, David El-Fassy, directeur général du groupe estime que passer à un terminal unique ne se fera pas facilement, les utilisateurs ayant leurs habitudes bien ancrées. A ce jour, Two
Easy ne fonctionne que dans des entreprises qui ont déjà déployé des terminaux IP, mais l'opérateur prévoit en janvier de lancer Trunk SIP, un service proposant la convergence à des entreprises ayant un savant mélange de réseau IP et de
téléphonie classique. Pour cela, le schéma est simple : il suffit de raccorder, via un lien SIP, le PABX traditionnel au réseau IP de l'entreprise. Cette configuration est la plus fréquemment rencontrée par les opérateurs, les
entreprises ayant réalisé la bascule vers le tout-IP sont encore minoritaires. Parmi les autres opérateurs, Completel s'est lancé dans une forme de convergence avec Bouygues Télécom en signant un accord de facturation croisée, tandis
qu'Ipnotic Telecom propose aussi un service de convergence basé sur un Centrex IP et des terminaux bimodes. Neuf Cegetel offre, lui, un service mais destiné au grand public, qui reprend le principe d'Unik d'Orange, mais sur une
base de téléphones SIP et non UMA.
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