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Confrontées au taux de démission élevé de leur personnel et à la pression de leurs clients, les sociétés de services informatiques négligent l'évolution de leurs équipes.
' A mon humble avis, la gestion des compétences dans les sociétés de services informatiques est nulle. Elles ne recherchent que des profils spécifiques, soit en direct, soit en
sous-traitance. ' Pierre, ingénieur d'études de 37 ans qui souhaite rester anonyme, vient de terminer une mission de trois semaines en sous-traitance dans une société de services informatiques recherchant pour un grand
compte bancaire des compétences en Rexx, langage pour mainframes.' Cette mission a servi à référencer ma société auprès de la SSII. Tout s'est bien passé, malgré des problèmes techniques liés à la différence de langage entre les grands systèmes et les PC,
raconte Pierre. Mais j'ai dû effectuer des heures supplémentaires ?" non rétribuées ?" pour mener à bien et dans les temps les différents programmes. ' En inter-contrat depuis le 19 avril,
il précise que toute absence de son domicile doit être signalée à ses supérieurs. ' J'ai l'impression d'être au chômage. Mais je n'ai pas à me plaindre, puisque j'ai du travail ! 'Une telle situation n'est malheureusement pas exceptionnelle dans le secteur des services informatiques. Les conseils en ressources humaines eux-mêmes le reconnaissent. D'après eux, les SSII se caractérisent par leur incapacité
à gérer les compétences. D'autant que, hormis quelques exceptions, les ressources humaines sont plutôt gérées par des opérationnels dont les objectifs sont d'abord d'ordre financier.Certes, la pression qu'exercent les clients utilisateurs de sociétés de services est forte. Pascal Contejean, délégué CGT chez Arès, une SSII, l'admet : ' Les entreprises du secteur travaillent sur
contrat, avec un budget correspondant. Elles embauchent en conséquence. Certains contrats fluctuent, à la hausse ou à la baisse. Dans ce dernier cas, elles dégraissent, puis recrutent à moindre coût. Pour autant, les salariés licenciés y trouvent
leur compte, car ils partent avec un chèque ! '
Des informaticiens très peu formés
En outre, selon le représentant syndical, nombre d'entretiens d'évaluation demeurent sans suivi. Parfois pour un motif bien simple : le départ du manager ou son manque de disponibilité. ' Or, ces
entretiens sont au c?"ur de la gestion des compétences. De plus, je milite pour que le salarié puisse recourir aux syndicats pour contester des objectifs impossibles à atteindre. ' Ces entretiens permettent d'aborder la
question cruciale de la formation, trop souvent négligée. Seuls 38 % des développeurs ont été formés au cours des trois dernières années ?" un stage d'une durée moyenne de trente jours. C'est l'une des conclusions de
l'étude menée en fin 2006 pour le compte de l'Opiiec, Observatoire des métiers de l'informatique.Certes, le taux élevé de démission dans les sociétés de services informatiques ?" 18 % en moyenne ?" et l'exigence de leurs clients en termes de disponibilité expliquent la réticence des SSII à former
leurs informaticiens. Régis Granarolo, président du Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens (Munci), voit dans les accords de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) ?" la loi de cohésion
sociale (2005) ?" la meilleure solution pour fidéliser les salariés. Sa proposition ? Assurer, par ce biais, au moins 20 % de la promotion professionnelle des effectifs chaque année. Résultat escompté ? Une évolution de tous
les salariés sur cinq ans. Un v?"u que partage Pascal Contejean : ' La GPEC exige un vrai travail de la part tant des représentants syndicaux pour les questions relevant du social que des patrons pour celles d'ordre
économique. '
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