Difficile de définir en quelques mots le concept de l'intelligence ambiante. En résumé, c'est en passant le portique d'accès au bureau que l'on déclenchera ?" sans le provoquer manuellement, toute une série d'évènements,
du démarrage du PC à la synchronisation automatique avec l'agenda personnel en passant par l'éclairage du bureau ou l'égrenage vocal du planning de la journée... Mais tenter de dessiner l'avenir de l'intelligence ambiante tourne souvent trop
vite à la science-fiction. Avec ceux qui observent de près le concept, il est pourtant possible de jeter un regard plus réaliste sur les mois et années à venir. Le pays du Soleil-Levant fait souvent office de pionnier. La patrie des robots a changé
de paradigme en passant du e-Japan au u-Japan. Il s'agit de passer du Japon d'internet au Japon de l'ubiquité en s'inventant une société de l'intelligence ambiante. L'électronique omniprésente aidera alors au contexte de s'adapter aux personnes,
quels que soient le moment et le lieu.
Tout commence avec le Wi-Fi
' Il n'y a aucun frein à l'intelligence ambiante, assure Rafi Haladjian, président et fondateur de Ozone et de Violet, ...mais dans un avenir lointain. Nombreux sont ceux qui font
l'erreur d'imaginer une rupture brutale. Nous avancerons pas à pas, tout doucement. ' Ce pionnier d'internet en France estime que dans une première phase, il faudra apprendre à se passer du PC ! Des objets anodins et peu
intrusifs aideront à s'habituer sans heurts au réseau omniprésent. C'est toute la philosophie qui guide ses deux initiatives industrielles. Ozone déploie progressivement une infrastructure réseau Wi-Fi dans Paris ?" Google entreprend la même
démarche à San Francisco, depuis cet été. Et Violet met au point des objets adaptés à ce réseau. Après une lampe intelligente, la firme a créé le lapin Nabaztag. Posé sur une table, il reste connecté en Wi-Fi en permanence et propose la météo, les
dernières nouvelles ou l'horoscope à son propriétaire. Il bouge les oreilles et change de couleur selon l'humeur de ses correspondants. Pour Rafi Haladjian, même si le Wi-Fi n'est pas la technologie la plus performante, elle s'avère, aujourd'hui, la
plus simple d'emploi. Pas de licence comme avec le Wimax qui oblige à changer de technique quand on passe de l'extérieur à l'intérieur. ' Le prix du Wi-Fi offre la possibilité de l'embarquer dans des produits de 150 à 200
euros comme un appareil photo ou un lecteur MP3, explique le créateur de Nabaztag. D'ici deux à trois ans, tous les objets à 20 euros en seront équipés. ' L'intelligence ambiante se traduit déjà dans les
projets machine to machine (M2M) expérimentés pour le milieu industriel en particulier. Par définition, il s'agit de rendre certains environnements autonomes par le dialogue entre machines sans intervention humaine.Pas de standard logiciel universellement admis
Mais l'intelligence ambiante rencontre encore de nombreux obstacles. Ainsi, comment faire communiquer entre eux tous ces objets forcément hétérogènes ? Rien, à ce jour, ne garantit l'interopérabilité entre les différentes
puces. ' Le problème ne se situera pas forcément au niveau des protocoles réseau de bas niveau, précise Gilles Privat, senior scientist et project leader chez France Télécom R&D. L'interopérabilité
logicielle demeure la question la plus complexe à résoudre. ' Les objets doivent pouvoir s'organiser spontanément en réseau. Or, chaque plate-forme embarquée conserve ses propres outils de développement et aucun standard
logiciel n'est universellement admis. ' Même Java n'est pas adapté aux matériels les plus contraints. La solution viendra plutôt des services web et de SOA. ' Sans compter qu'il faudra alimenter en
énergie ces puces et maîtriser leur consommation. ' A l'exception des puces passives, toutes ont besoin d'énergie. Et plus elles communiqueront, plus elles consommeront, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la
Fédération internet nouvelle génération (Fing). Des entreprises comme Legrand ou STMicroelectronics travaillent sur des solutions comme le mécanisme piézo-électrique, les piles à combustible ou l'alimentation
solaire. 'Enfin, il ne faut pas oublier qu'au c?"ur de ce nouveau réseau trône l'être humain. Difficile pour lui de ne pas craindre pour sa vie privée. Rafi Haladjian estime ?" et c'est pour cela qu'il les a créés ?" que ses
bibelots du troisième millénaire en forme de lampe ou de lapin contribueront à vaincre ces craintes naturelles. Gilles Privat reste beaucoup plus prudent. ' Même pour aider une personne handicapée et prévenir sa chute, par
exemple, il faudra la suivre en permanence avec un ensemble de capteurs en réseau ! Cela éveillera des craintes justifiées. Dès aujourd'hui il faut étudier cette question, sous peine quaucun service ne se développe
jamais ! '