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Neuf cegetel, Completel et France Télécom entrent dans l'ère du ' MAN étendu ' ou de l'' Ethernet national '. La couverture géographique des MAN s'étend, en particulier via des raccordements DSL pour des services Ethernet.
Les réseaux métropolitains (MAN, Metropolitan area network) reviennent sur le devant de la scène. Cette gamme de services déjà anciens continue de se développer. En France, deux opérateurs, Colt et Completel, ont émergé avec un profil spécifiquement métropolitain. Ils ont su tirer parti des rigidités de l'opérateur historique, de ses tarifications dissuasives et des retournements stratégiques de Cegetel, qui, au tournant du XXIe siècle, avait stoppé son programme BLE (boucles locales entreprises). Completel affirme sa présence dans neuf grandes villes (Paris, Lille, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Marseille-Aix, Nice, Toulouse et Nantes). Colt s'en tient à trois métropoles (Lille, Paris et Lyon). Sur Paris, il a surtout ciblé les grands comptes, les établissements financiers ou les chaînes de télévision. Autre différence : si Completel est strictement hexagonal, Colt se veut paneuropéen. Il opère des MAN dans trente-deux métropoles interconnectées.Dans un premier temps, Completel ne proposait qu'un service Ethernet de niveau 2 métropolitain, afin d'interconnecter des réseaux locaux. Depuis début 2004, il a étendu ce service en Ethernet longue distance entre toutes ses boucles MAN, via sa nouvelle dorsale MPLS.
Montée en débit des accès souscrits
Cela s'est traduit aussitôt par une montée en débit des accès souscrits. Les raccordements MAN sont passés en moyenne de 60 à 110 Mbit/s et les raccordements WAN de 10 à 20 Mbit/s sur mille trois cents sites Ethernet. Cette croissance est appelée à se poursuivre. À cette offre, Completel ajoute sur Paris un service SAN-to-SAN jusqu'à 10 Gbit/s pour le secours de nuit ou la réplication des données en protocoles fibre channel (1 ou 2 Gbit/s), Escon ou Ficon. Dans l'entreprise, on installera un boîtier de conversion optique-électrique. Ce boîtier concentre sur le même lien Ethernet 100 Mbit/s (extensibles à 1 Gbit/s) des flux de données (LAN-to-LAN, VPN, internet et VoIP), ainsi que quatre liens E1 de voix TDM. Les services IP sont compartimentés par encapsulation dans un réseau virtuel VLan au moyen d'un routeur Cisco ou, en cas d'échanges LAN- to-LAN, via un commutateur Riverstone. Le SAN-to-SAN, pour sa part, exige des équipements Nortel dédiés. Côté infrastructure, chaque boucle MAN de Completel est gérée par un n?"ud de distribution (DN, Distribution node) principal et par des DN secondaires tous les 10 km. Le DN principal assure l'interconnexion et la concentration du trafic. Ces n?"uds sont situés dans des salles blanches qui réunissent les équipements de transmission SDH et DWDM (d'origine Nortel), Ethernet (de Riverstone ou de Redback), ainsi que les n?"uds MPLS pour les liaisons entre MAN et avec les réseaux VPN-IP internationaux. ' Par boucle, nous avons jusqu'à cinq n?"uds en région et une quinzaine sur Paris ', précise Xavier Poinsignon, chef de produits données de Completel. L'ensemble est supervisé depuis Nanterre et englobe les plates-formes d'hébergement d'Aubervilliers et de Vénissieux.Colt, pour sa part, raccorde plus d'un millier de bâtiments en France. Là encore, l'application reine est l'interconnexion de réseaux locaux (jusqu'à une quarantaine de sites, comme pour une grande banque française, avec des débits allant de 10 Mbit/s à plusieurs gigabits par seconde). Mais l'opérateur s'est aussi fait une spécialité d'acheminer en protocole SDI les programmes TV et HDTV entre les sites de production et les sites de diffusion. Sur la plaque d'Issy-les-Moulineaux, il opère cent vingt liens dédiés à 270 Mbit/s, en concurrence avec Globecast. Enfin, troisième débouché : le stockage distant et les plans de reprise d'activité, en protocoles IBM Sysplex, fibre channel, Escon, etc. ' Les grandes banques et la distribution ont franchi le pas. Les autres secteurs suivront tôt ou tard ', indique Guillaume Perdriaud, directeur marketing de Colt.
Une croissance en trompe-l'?"il
À l'inverse de ce modèle, un nouvel acteur, Neo Telecom, ne propose qu'une adduction de fibre optique nue. Cet opérateur est le repreneur du réseau parisien de Metromedia Fibre Network. ' Pour interconnecter des centres informatiques, chaque entreprise a ses propres contraintes. Autant la laisser gérer elle-même sa fibre selon ses besoins ', explique Florian du Boys, directeur de Neo Telecom. Une facilité permise par des boîtiers passifs CWDM de Transmode ou de MRV, multiplexant jusqu'à huit longueurs d'onde sur un lien de 8 Gbit/s de bande passante. En complément, NeoTelecom fournit l'accès internet ainsi qu'un hébergement chez ses partenaires (Redbus, TeleCity et Global Switch). Ont déjà adhéré l'éditeur Business Objects, l'Autorité des marchés financiers, Groupama Asset Management et une quarantaine d'autres entreprises. Les opérateurs de réseaux métropolitains sont cependant à un tournant. Après l'écrémage du marché, où peuvent-ils trouver leur croissance ? Certes, les clients raccordés ne cesseront d'augmenter leur consommation. Mais avec des tarifs toujours à la baisse, c'est une croissance en trompe l'?"il. Sauf à étendre la couverture géographique des MAN et à généraliser l'usage des VPN Ethernet entre les villes.Neuf cegetel suit cette voie depuis quatre ans sur la technologie Cisco Catalyst 6509. Aujourd'hui, il fournit cette connectivité jusqu'à 100 Mbit/s dans une cinquantaine de villes, et surtout en région parisienne, à Lille, Lyon et Toulouse. Le service est assuré seulement en point à point et sans fonctionnalités SAN-to-SAN. ' Nous vendons avant tout des VPN-IP, avec la possibilité d'y réserver une couche de niveau 2, détaille Alexandre Wauquiez, directeur marketing entreprises de Neuf cegetel. Le VPN-Ethernet reste un marché de niche, donc toujours sur mesure. '
Le pari du MAN étendu
Completel parie également sur le MAN étendu, mais avec des perspectives de développement plus importantes des services Ehernet. Son plan d'extension annoncé en juillet 2005 vise à amener de la fibre optique à 10 Gbit/s dans cent dix agglomérations supplémentaires pour y proposer des services d'accès dégroupés, pour du DSL et de l'Ethernet. Les services Ethernet seront notamment fournis sur des liens SDSL, avec des débits de 500 kbit/s à 4 Mbit/s. La disponibilité est prévue pour fin 2006. Des débits supérieurs sont à l'étude, via VDSL2.Quant à France Télécom, il a introduit en octobre dernier une offre nationale Ethernet Link (sur ATM) remplaçant, avec plus de modularité, ses offres InterLAN, MultiLAN et VPN Ethernet. Ethernet Link se partage en deux zones tarifaires : la zone A, qui inclut l'Île-de-France, quinze métropoles régionales et n'importe quelle zone d'activité économique ; et la zone B, qui s'applique à cent quinze autres agglomérations. Ethernet Link achemine tous les flux (LAN, vidéo et voix) à l'exception du stockage, qui reste l'apanage de l'offre InterSAN. Chaque site client est raccordé soit par du cuivre en DSL pour des accès à 2 ou 4 Mbit/s, soit par de la fibre pour des accès à 20,40 ou 100 Mbit/s. Cette offre est accessible à la revente par les opérateurs alternatifs avec de nouveaux tarifs depuis novembre. Enfin, Colt, Completel, Neuf cegetel ou d'autres pourraient tirer parti des réseaux métropolitains d'initiative publique. Mais, pour le moment, ils restent très prudents.
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