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L'heure est à la réurbanisation du système d'information en services. Les éditeurs proposent des composants aux objectifs similaires mais de maturité différente. Les standards d'intégration font l'objet d'interprétations.
Les architectures SOA (Service oriented architecture) sont devenues le credo des éditeurs de logiciels d'entreprise, qu'ils proposent des outils métiers, d'infrastructure ou de middleware. Si le principe de SOA paraît simple, sa généralisation semble encore lointaine et aura un impact profond sur l'organisation des entreprises. En pratique, il s'agit de réutiliser ce qui a déjà été déployé et défini, afin de réduire les coûts d'intégration et d'améliorer la réactivité face à l'évolution des besoins métiers. Du côté de l'offre, si SOA apparaît comme un habile concept marketing, cela n'exclut pas un véritable travail de fond.
L'exemple de SAP
L'un des éditeurs les plus actifs est SAP. Il a découpé ses progiciels en cinq cents services d'entreprise intelligibles par des personnels fonctionnels et non plus seulement par des informaticiens. Un service d'entreprise étant, par exemple, de créer une commande ou une demande d'achat. Une demande d'achat étant elle-même fragmentée en opérations : visualiser les demandes en cours, accepter une demande d'achat, afficher le statut d'une demande, etc. Autant d'opérations accessibles par appel de service et qu'il est possible d'enchaîner dans une logique automatisée. Une approche déjà démontrée à travers 270 applications composites intégrées à Office, de Microsoft, pour, par exemple, de la gestion de la chaîne logistique (projet Mendocino).Le socle de spécifications techniques pour exposer ces services est celui des services web. Les services sont décrits en WSDL (Web services description language). Ils seront référencés dans un annuaire UDDI, Enterprise Service Repository, en 2006, dans la prochaine version de la plate-forme d'intégration SAP NetWeaver. NetWeaver comporte un environnement d'EAI (Enterprise application integration) et de BPM (Business process management), dont XI (Exchange infrastructure) est le c?"ur. XI comprend nativement les protocoles Soap-WSDL. Il se complète de connecteurs selon les progiciels à raccorder. Il sait travailler en mode message. Enfin, il possède un environnement de consolidation de l'information (business intelligence, knowledge management, et master data management). Côté BPM, SAP s'en remet à Aris, d'IDS Scheer. L'orchestration des services peut s'effectuer en BPEL (Business process execution language). L'évolution vers SOA s'achèvera vers la fin 2007.
Une nouvelle architecture pour Oracle
Oracle migre également vers SOA. Une tâche d'autant plus nécessaire que l'éditeur a accumulé les acquisitions de progiciels (J. D. Edwards, Siebel Systems et PeopleSoft). Sa nouvelle offre, Oracle Fusion Architecture, devrait aboutir dans son ensemble (applications et middleware) en 2007-2008. Pour déployer une SOA, Oracle propose les services web et sa famille d'outils nécessaires pour intégrer des applications métiers, rebaptisée Oracle Fusion Middleware 10g. Elle reprend la plate-forme Oracle Application Server 10g : le serveur J2EE, l'infrastructure de services web, le bus de services ESB, Oracle BPEL Process Manager, l'optimisation des activités BAM (Business activity monitoring), des outils décisionnels, etc. On composera des processus métiers en utilisant les API et les points d'intégration exposés sous la forme de services web par PeopleSoft, J. D. Edwards et Oracle E-Business Suite. Oracle a retenu, comme annuaire de services, le référentiel de Systinet.
IBM, dans la course
IBM a aussi fait évoluer son offre selon les principes de SOA. D'une part, tous ses progiciels doivent offrir des interfaces de services. Exemple : les API de Domino 7, sa suite d'outils collaboratifs, sont ouvertes sous la forme de services. Leur description s'effectue en WSDL. Ils peuvent être appelés en Soap, JMS, Corba (IIOP), etc. D'autre part, IBM a simplifié ses solutions d'intégration. En couche haute, on trouve WebSphere Process Server. Ce moteur de BPM adopte une extension de BPEL incluant les workflows humains. En couche basse, on trouve WebSphere ESB. Il s'agit de la couche d'échange, de routage et de transformation. Les échanges pouvant être orientés messages, ou synchrones. Cet ESB respecte les standards : services web, messagerie et connecteurs JCA. S'y ajoutent des passerelles vers des partenaires extérieurs (EDI, ebXML et AS2), ou WebSphere Message Broker pour assurer le routage et la transformation de messages MQSeries. Des tableaux de bord de suivi, métiers et techniques, peuvent être adjoints aux processus grâce aux outils Tivoli ou via WebSphere Business Monitor, afin de suivre le déroulement d'une commande ou détecter les goulets d'étranglement. Côté annuaire, WebSphere Application Server v.6 inclut un annuaire UDDI 3, purement services web.Soulignons qu'IBM, avec BEA Systems, Oracle et SAP, a introduit en novembre dernier les spécifications SCA (Service component architecture) et SDO (Service data object) afin de mieux définir le modèle de développement et de déploiement d'applications métiers sous la forme de services. Avec WebSphere Integration Developer, on créera des composants SCA à partir des définitions métiers effectuées dans WebSphere Business Modeler. ' Orchestrer des composants SCA selon un processus métier reste une tâche très avancée, à laquelle il ne faut s'attaquer qu'une fois maîtrisée la définition des composants de base ', prévient Philippe Bournhonesque, directeur du développement d'IBM France.Chez BEA Systems, l'architecture SOA se concrétise via la nouvelle famille de produits AquaLogic. Elle comprend AquaLogic Service Bus, un ESB doté de connecteurs FTP, MQSeries, JCA, Tuxedo, Services Web,.NET, etc. ' Un service n'est pas seulement un service web, insiste Yves Lherault, directeur technique de BEA Systems. Dans les entreprises, la majorité des services respectent d'autres standards de facto comme MQSeries, Tuxedo ou FTP. ' Ces services sont référencés dans AquaLogic Service Registry, un annuaire d'origine Systinet. L'ESB effectue les mises en relation, les adaptations protocolaires entre les services, et accepte les connexions synchrone ou asynchrone. Une couche de virtualisation des données est proposée avec AquaLogic Data Service. Un module AquaLogic Enterprise Security centralise les politiques de sécurité. Les communications B to B et EDI s'effectuent via la passerelle Cyclone Interchange. Du BAM et du BPM sont à venir, dans un module AquaLogic Process. BPEL sera supporté.
SCA concurrencé par JBI
En matière d'intégration, SCA concurrence ou complète, selon les sources, des standards tels que JBI (Java business integration). ' JBI résout plus une problématique d'EAI, exprime Yves Lherault. SCA propose une vision de SOA de plus haut niveau. ' Or François D'Haegeleer, responsable marketing de Tibco Software, affirmait il y a peu : ' Nos plus grands clients considèrent l'approche JBI comme le déploiement ultime d'une architecture SOA encapsulant toutes les applications,. NET, J2EE ou propriétaires. Ils suivent l'évolution de la plate-forme d'intégration Matrix [basée sur l'ESB de Tibco, NDLR] '. Mais, le sujet étant récent, il reste à voir comment évolueront les spécialistes de l'EAI face à SCA. Pour l'instant, Iona est le seul d'entre eux à avoir rejoint SCA.