Treize ans après le lancement du web, tous ses acteurs évoquent une deuxième
' toile ' - le web 2.0 - tant ses évolutions techniques et conceptuelles ont été
nombreuses ces dernières années. Au-delà de la dimension sociale (tags, blogs, flux RSS, etc.) du web 2.0, son architecture technique est également novatrice. En effet, alors que le web a été conçu comme un grand livre composé de pages HTML reliées
entre elles par des liens hypertexte, le web 2.0 est une plate-forme de développement constituée de composants logiciels et de sources de données distribués, assemblés au sein d'applications composites : les fameux clients riches
internet.
La SOA, étape incontournable
Chaque service dispose de plusieurs interfaces de programmation (API), telles que RSS, XML, et JSON. La plupart bénéficient aussi d'une interface graphique. On parle alors de widget. Connectés entre eux grâce aux architectures
d'échange Ajax (Asynchronous Javascript and XML) et Rest (Representational State Protocol), ces services constituent une gigantesque plate-forme de développement, dont les composants sont distribués aux quatre coins de la planète. Développer une
application web 2.0 consiste donc à assembler ces composants logiciels distants (en lieu et place des DLL). Ce qui fait dire à Benjamin Mestrallet, fondateur de l'éditeur de portail eXo, que
' la plate-forme de développement,
c'est désormais le web '. Le slogan de Sun
' The network is the computer ' n'a jamais autant été d'actualité. Et les éditeurs sont se posent donc de nouveau une question
fondamentale : doivent-ils développer leur logiciel pour un système d'exploitation traditionnel ou pour le web 2.0 ?
' La SOA est la colonne vertébrale du web 2.0 ', rappelle Corinne Brunel, directrice de l'édition logicielle du site
Voyages-Sncf.com. En effet, c'est grâce à la faible granularité des services du web 2.0 que l'on peut aisément assembler des applications en fonction des besoins des utilisateurs. La
généralisation des architectures orientées service est donc une étape incontournable pour le développement du web 2.0 en entreprise.
' Ces évolutions vont se traduire par une réorganisation en profondeur de l'industrie du
logiciel, prédit Andrew Parker, vice-président du cabinet Forrester Research.
Les entreprises ne veulent plus intégrer des logiciels monolithiques, mais assembler des services hétérogènes au sein d'une même
plate-forme. ' Conscients de cette évolution, SAP et Oracle, pourtant leaders du marché des PGI, développent une plate-forme SOA - Netweaver chez SAP, et Fusion chez Oracle -, répondant aux objectifs du web 2.0.
Les services métier issus de leur PGI sont ainsi agrégés avec d'autres services tiers en fonction des besoins de l'entreprise.D'autres éditeurs, comme les fournisseurs d'applications hébergées (Software as a Service - Saas) tel Salesforce.com, et de grands acteurs comme Google ne les ont pas attendus. Même la prochaine génération de navigateurs
ambitionne de prendre la place du système d'exploitation. Qui s'imposera ? Pour l'instant, nul ne le sait. En attendant,
' l'architecture des applications composites du web 2.0 favorise l'invention de services impensables
il y a seulement deux ou trois ans. Le web 2.0 débride la créativité des directions fonctionnelles. Linformatique se remet enfin au service des utilisateurs ', estime Sami Jaber, directeur technique de Valtech
Toulouse.
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