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Les progrès technologiques ont fait bondir le débit du CPL de quelques kbit/s à 200 Mbit/s. En l'absence d'un réseau informatique, il fournit une alternative viable. Et affronte dès lors Wi-Fi.
Pour élaborer un réseau informatique, on n'a pas trouvé mieux que le câble Ethernet (catégories 5E et 6) ou encore la fibre optique. Mais tous les locaux professionnels n'en sont pas équipés, quand le courant électrique arrive
quasiment partout. Le courant porteur en ligne (CPL) devient alors une solution pour constituer un petit réseau local. Toutefois, le CPL ne bénéficie pas encore d'une normalisation. Le groupe de travail P1901 de l'IEEE (Institute of
Electrical and Electronics Engineers) y travaille. Il devrait réconcilier les deux filières technologiques rivales, Homeplug et DS2.La technologie du CPL date du début des années 50. Son débit de quelques kilobits par seconde l'a longtemps limité à des usages domotiques. Par exemple, EDF s'en servait afin de relever les compteurs à distance. Les progrès des
algorithmes de modulation et des composants ont élevé le débit à 14 Mbit/s au début des années 2000, avec la norme de fait Homeplug 1.0. Il s'agit, comme en Wi-Fi, d'un débit partagé entre tous les utilisateurs du réseau. DS2 avait lancé une
version à 200 Mbit/s dès la mi-2005. Intellon, chef de file de la famille Homeplug, a riposté avec une version Turbo, mais limitée à 85 Mbit/s. Il a annoncé pour la fin 2006 une version 200 AV (audiovisuel) à 200 Mbit/s. Autre
bénéfice des progrès de la technologie, le CPL résiste beaucoup mieux aux défauts du réseau électrique qu'il y a seulement quelques années.Le premier marché visé est celui du transport de la télévision numérique sur IP ou des jeux à l'intérieur des foyers, de la prise ADSL aux décodeurs. Rares, en effet, sont les appartements ou les maisons câblés en Ethernet.
Mais, de même, les entreprises installées dans des locaux non câblés, les écoles, les établissements de santé et les sites classés peuvent installer facilement un réseau CPL pour quelques postes. Le nombre d'utilisateurs ne subit pas une limitation
du fait du système lui-même, mais de la bande passante partagée.
Une sécurité renforcée
De fait, comme en Wi-Fi, le débit pratique se cantonne à la moitié, voire au tiers de celui annoncé. Pour 85 Mbit/s théoriques, il avoisine 40 Mbit/s, et 80 Mbit/s pour le système à 200 Mbit/s. En revanche,
le CPL se distingue de Wi-Fi par sa facilité de mise en ?"uvre et sa sécurité. En Wi-Fi, il faut repérer le bon réseau (SSID, ou Service Set Identifier), se caler sur le canal correct et entrer une clé WEP ?" ou,
mieux, une clé WPA ?" pour se connecter au réseau si celui-ci est sécurisé.En CPL, chaque équipement se raccorde via un câble Ethernet à son modem, lui-même branché sur une prise électrique. Le réseau est alors constitué. La sécurité repose pour l'heure sur une clé de cryptage DES à 56 bits, et
sur une clé AES à 128 bits pour le futur 200 AV. Tout modem non doté de cette clé ne peut se connecter au réseau logique. Un pirate ne peut donc capturer des trames pour les analyser et casser la clé, comme cela se pratique en Wi-Fi. Autre
atout du CPL, sa portée dépasse les deux cents mètres, alors que celle de Wi-Fi se limite souvent à cent mètres ?" surtout en intérieur.A l'origine, le CPL et Wi-Fi n'étaient pas dotés de mécanismes de qualité de service. La norme 802.11e les apporte aux réseaux sans fil. Pour le CPL, la qualité de service existe déjà dans les équipements de la famille DS2, car
le constructeur visait d'abord le marché des opérateurs de la boucle locale. Par la suite, ses matériels d'intérieur en ont hérité. Le 200 AV de chez Homeplug sera pourvu de fonctions de qualité de service.Ces mécanismes n'étaient pas indispensables pour des réseaux domestiques constitués de quelques PC. Ils le deviennent pour transporter des flux vidéo temps réel, comme la télévision dans les foyers, ou pour des applications de
voix sur IP dans les entreprises. Les tenants du CPL affirment que le 802.11e reste insuffisant pour des applications exigeantes telles que la télévision sur IP. Dans le clan Wi-Fi, on en est conscient. Un industriel comme Ruckus propose une
solution propriétaire pour corriger ces défauts.
Le câble coaxial (TV), un autre support efficace
Reste que, si les deux technologies s'affrontent souvent, elles se complètent aussi. C'est la politique menée par Alterlane, un intégrateur issu d'EDF. ' Nous installons des points d'accès sur des modems
CPL pour desservir, par exemple, un entrepôt ou un parc, explique Thomas Albert, ingénieur réseaux chez Alterlane. Autre cas, nous utilisons un pont Wi-Fi pour raccorder deux réseaux CPL situés dans des bâtiments
éloignés. 'Enfin, le champ d'application du CPL ne se limite pas au réseau électrique. Cette technologie fonctionne aussi sur câble coaxial et sur paires téléphoniques. ' Dans un hôtel en Chine, poursuit
Thomas Albert, nous avons utilisé le réseau coaxial de distribution de la télévision pour fournir l'accès à haut débit à Internet dans les chambres. ' Quant à la paire torsadée du réseau téléphonique, elle peut
servir à alimenter en haut débit un immeuble desservi par une fibre optique.
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