Une vision erronée de la concurrence
' Mauvais signal aux entreprises et coup de frein à l'innovation. ' Tels sont les premiers commentaires qu'a suscité lundi la confirmation, par la Cour européenne, de la sanction prononcée à l'encontre de Microsoft. Selon nombre d'experts, nos fonctionnaires européens ont une image trop technocratique de la concurrence : un besoin identifié sur un marché, des clients à cibler, et des fournisseurs qui se battent pour offrir un produit identique. ' Alors que ce qui importe avant tout dans un contexte de libre concurrence, c'est qu'aucune disposition publique n'interdise l'accès à un marché. Et pour peu que soient respectés les droits de propriété intellectuelle et l'intérêt des consommateurs, que le meilleur gagne ! ' dit Mathieu Laine, maître de conférences à Sciences Po dans les colonnes des Echos.Un principe sur lequel Microsoft s'est largement reposé. Problème : plus la firme de Redmond est devenue innovante tant sur les plans marketing que commercial, plus elle s'est rendue indispensable. Au point de contrôler aujourd'hui 95 % du marché mondial des systèmes d'exploitation de PC et 80 % de celui des serveurs. Microsoft est devenu riche, puissant. 30 milliards de dollars en caisse. De quoi faire ?" largement ?" vivre ses développeurs. Mais de quoi aussi tuer dans l'?"uf des initiatives concurrentes, parfois plus créatives. Le débat est donc loin d'être clos entre une Amérique plutôt tournée vers l'innovation et une Europe axée sur le respect des pratiques concurrentielles. Ce pragmatisme très américain se reconnaît d'ailleurs dans la réaction de Sun (page 6). Longtemps considéré comme le franc-tireur de la Silicon Valley, ce trublion abandonne son label d'indépendant pour se rallier aux standards du marché. Il vend des serveurs Windows, et autorise IBM à installer son système dexploitation vedette Solaris. Une autre vision de la concurrence.
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