Une vision toujours plus globale des architectures
Jean-Louis Lacombe est, à double titre, bien placé pour poser un regard avisé sur l'avenir du logiciel embarqué. Vice-président technologie et innovation chez EADS, il est aussi chargé de la communication de System@tic
Paris-Région. Ce pôle de compétitivité se consacre à l'innovation dans le domaine des systèmes complexes - et donc de l'embarqué - autour de quatre thèmes : automobile et transports ; sécurité et défense ;
télécoms ; et, enfin, outils de conception et de développement de systèmes. Depuis peu, System@tic Paris-Région s'adosse à la plate-forme de recherche Digiteo Labs, dont une grande partie des travaux s'attache à la même thématique.L'embarqué prend une place grandissante dans la vie quotidienne. Dans l'industrie, ce phénomène s'est-il traduit par une inflexion forte de la proportion de logiciels embarqués dans les produits ? Et à quel
moment ?
Jean-Louis Lacombe : il s'agit plutôt d'une continuité que d'une rupture. Cependant, en valeur, la part de la composante ' embarqué ' augmente plus vite que la valeur du produit, quel que soit le secteur. Cela est dû à une propriété particulière et essentielle du logiciel embarqué : seul son développement a un coût, contrairement au matériel. Le coût de reproduction, lui, s'avère presque nul. Plus on fabrique en masse, comme dans la téléphonie mobile, plus cela devient intéressant, puisque l'on divise le coût de développement par la quantité de téléphones produite. Ainsi, on comprend mieux pourquoi les composants électroniques constituent 60 à 70 % d'un téléphone.N'existe-t-il pas également des raisons techniques à cette percée ?
J-L L : en effet, les industriels ont désormais suffisamment de savoir-faire pour remplacer des fonctions matérielles par des fonctions logicielles. A cet accroissement des compétences s'ajoute celui, constant, de la puissance de calcul disponible. L'axe de développement informatique temps réel sera donc continu. L'embarqué offre des possibilités nouvelles et accrues. Avec le logiciel, et en particulier l'algorithmique, on décrit aujourd'hui des lois comportementales au-delà de ce que pouvait effectuer une machine. Prenez l'exemple de la compression de données sur un lecteur MP3 pour lire de la musique. Sans logiciel, impossible ! Et cela cache une algorithmique très savante.Pensez-vous que la France dispose d'atouts plus importants que d'autres pays ?
J-L L : dans l'embarqué, l'essentiel est d'opter pour une approche système, avec une vision globale de l'architecture qui combine au mieux logiciel et matériel, sans les opposer. Et concevoir des systèmes intégrant des éléments de complexité diverse est un talent assez français. Le pôle System@tic devrait être un excellent reflet des compétences françaises. La variété des logiciels embarqués n'est pas totalement couverte par les partenaires actuels du pôle, mais il s'agit de groupes industriels qui travaillent depuis très longtemps dans les systèmes complexes - intégrateurs, systémiers.Justement, quel est le rôle des pôles de compétitivité ?
J-L L : les métiers évoluent. L'informatique et l'électronique conduisent les mutations actuelles, tant vers les nouveaux usages que vers les nouvelles technologies. Ces dernières sont en perpétuelle évolution. Et si l'on veut exploiter dynamiquement les bonnes manières de travailler dans ce mouvement et gagner du temps, mieux vaut que les acteurs soient proches, comme dans les pôles. Dans le cas de System@tic, les besoins des industriels enrichissent le savoir-faire et modifient l'échelle des projets. Il leur donne un rôle qui dépasse les frontières d'usage et de performances. Les pôles restent des expériences locales qui n'ont pas de capacité de monopole, mais sont susceptibles d'exemplarité.Le logiciel embarqué n'est-il pas redevenu un domaine de forte innovation dans lequel, de fait, les acteurs progressent en marchant ?
J-L L : il n'existe pas de théorie de l'informatique. On sait comment fonctionnent un ordinateur, un microprocesseur ou un programme. Mais on fabrique encore les systèmes complexes comme on bâtissait les cathédrales au Moyen Age. On utilise beaucoup l'empirisme et on a peu de vision globale. On dispose d'une technologie en plein essor, mais pas de théorie sous-jacente complète. Ce domaine est encore très lié à la méthode essai-erreur. Les scientifiques doivent faire au plus vite, et c'est là l'intérêt de lapport de la plate-forme de recherche Digiteo Labs au pôle System@tic.
Jean-Louis Lacombe : il s'agit plutôt d'une continuité que d'une rupture. Cependant, en valeur, la part de la composante ' embarqué ' augmente plus vite que la valeur du produit, quel que soit le secteur. Cela est dû à une propriété particulière et essentielle du logiciel embarqué : seul son développement a un coût, contrairement au matériel. Le coût de reproduction, lui, s'avère presque nul. Plus on fabrique en masse, comme dans la téléphonie mobile, plus cela devient intéressant, puisque l'on divise le coût de développement par la quantité de téléphones produite. Ainsi, on comprend mieux pourquoi les composants électroniques constituent 60 à 70 % d'un téléphone.N'existe-t-il pas également des raisons techniques à cette percée ?
J-L L : en effet, les industriels ont désormais suffisamment de savoir-faire pour remplacer des fonctions matérielles par des fonctions logicielles. A cet accroissement des compétences s'ajoute celui, constant, de la puissance de calcul disponible. L'axe de développement informatique temps réel sera donc continu. L'embarqué offre des possibilités nouvelles et accrues. Avec le logiciel, et en particulier l'algorithmique, on décrit aujourd'hui des lois comportementales au-delà de ce que pouvait effectuer une machine. Prenez l'exemple de la compression de données sur un lecteur MP3 pour lire de la musique. Sans logiciel, impossible ! Et cela cache une algorithmique très savante.Pensez-vous que la France dispose d'atouts plus importants que d'autres pays ?
J-L L : dans l'embarqué, l'essentiel est d'opter pour une approche système, avec une vision globale de l'architecture qui combine au mieux logiciel et matériel, sans les opposer. Et concevoir des systèmes intégrant des éléments de complexité diverse est un talent assez français. Le pôle System@tic devrait être un excellent reflet des compétences françaises. La variété des logiciels embarqués n'est pas totalement couverte par les partenaires actuels du pôle, mais il s'agit de groupes industriels qui travaillent depuis très longtemps dans les systèmes complexes - intégrateurs, systémiers.Justement, quel est le rôle des pôles de compétitivité ?
J-L L : les métiers évoluent. L'informatique et l'électronique conduisent les mutations actuelles, tant vers les nouveaux usages que vers les nouvelles technologies. Ces dernières sont en perpétuelle évolution. Et si l'on veut exploiter dynamiquement les bonnes manières de travailler dans ce mouvement et gagner du temps, mieux vaut que les acteurs soient proches, comme dans les pôles. Dans le cas de System@tic, les besoins des industriels enrichissent le savoir-faire et modifient l'échelle des projets. Il leur donne un rôle qui dépasse les frontières d'usage et de performances. Les pôles restent des expériences locales qui n'ont pas de capacité de monopole, mais sont susceptibles d'exemplarité.Le logiciel embarqué n'est-il pas redevenu un domaine de forte innovation dans lequel, de fait, les acteurs progressent en marchant ?
J-L L : il n'existe pas de théorie de l'informatique. On sait comment fonctionnent un ordinateur, un microprocesseur ou un programme. Mais on fabrique encore les systèmes complexes comme on bâtissait les cathédrales au Moyen Age. On utilise beaucoup l'empirisme et on a peu de vision globale. On dispose d'une technologie en plein essor, mais pas de théorie sous-jacente complète. Ce domaine est encore très lié à la méthode essai-erreur. Les scientifiques doivent faire au plus vite, et c'est là l'intérêt de lapport de la plate-forme de recherche Digiteo Labs au pôle System@tic.
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