Uploadez votre vie et devenez i-mmortel

[Blog] Tenté par l'immortalité numérique ? Un programme de Microsoft Research propose d'enregistrer l'intégralité de notre passage sur la Terre. De nos premiers pas à notre dernier souffle. Nom de code : Total Recall.
Total Recall, « mémoire totale ». Dans le film de Paul Verhoeven, la société Rekall vend des souvenirs qu’elle implante dans la mémoire de ses clients. Des souvenirs, "plus réels que réels". Hollywood prépare d’ailleurs un remake qui se veut plus fidèle de la nouvelle de Philippe K. Dick dont il est inspiré.
Total Recall, c’est aussi le nom d’un programme de Microsoft Research qui n’a, lui, rien d’une fiction. Il vise ni plus ni moins à enregistrer en continu le moindre de nos faits et gestes. Pour permettre à chacun d’entre nous de devenir le « conservateur de sa propre vie.»
Chercheur chez Microsoft, Gordon Bell joue les cobayes depuis 1998. Cet ancien directeur de la R&D de Digital porte en permanence autour du cou, un dictaphone numérique, un GPS et une SenseCam. Cet appareil photo de Microsoft prend un cliché à 360° toutes les 30 secondes. Et lors de son dernier pontage coronarien, c’est sa femme qui tenait l'engin !
Gordon conserve aussi l’intégralité de ses courriels et des URL des sites visités. Une assistante l’aide à numériser des kilos d’archives : factures, reçus, talons de chèques, cartes de visites, cartes de vœux, rapports annuels, programmes de colloques, coupures de journaux…
Un travail de titan qui sera bientôt inutile. Dans un proche avenir, tout sera automatisé et « transparent » pour l’utilisateur. Une seule interface unifiera l’ensemble de nos interactions prédit Gordon. Préfaçant son livre paru chez Flammarion, Bill Gates annonce d’ailleurs qu’un logiciel permettant « de mettre en forme toutes ces informations » est sur le point d’être finalisé.
En 2020, le coût du stockage ne sera plus un problème. Si la loi de Moore est respectée, tout à chacun pourra s’offrir 250 To de mémoire pour cent petits dollars. De quoi enregistrer des dizaines de milliers d’heures de vidéos, et des dizaines de millions de photos.
Interrogez l’avatar de votre aïeul
Gordon Bell ne voit bien sûr que des avantages à cette e-mémoire qu’il oppose à la mémoire biologique, par essence défaillante. Fini les trous de mémoire. Vous n’aurez plus à craindre d’oublier tel visage ou tel détail d’une conversation.
Il suffira de rappeler la scène en interrogeant votre passé comme une simple recherche Google par mot-clé ou en formulant votre requête en langage naturel. De type : « paroles prononcées dans le train Paris-Le Mans par une femme portant des lunettes. A l'époque, je travaillais pour la société X... »
Gordon nourrit pour son projet de grandes ambitions dans les domaines de l’enseignement, du suivi médical – des capteurs biométriques contrôleront notre poids, notre pression artérielle, notre rythme cardiaque… - et de la transmission de patrimoine. Il sera ainsi possible d’interroger l’avatar d’un lointain ancêtre. Il nous répondra avec sa voix, ses tics de langage et ses traits de caractère.
Au spectre de Big Brother qui ne manquera pas de lui être brandi, notre ingénieur septuagénaire préfère un Little Brother bienveillant. Nos e-souvenirs seront entreposés dans des « banques suisses » de données, rassure-t-il. Leur partage se fera au compte-gouttes, dans la seule sphère privée. Comment le garantir ? L’auteur ne le précise pas.
Et puis, cette notion de vie privée est galvaudée. Nous nous livrons déjà bonne grâce au lifelogging en mettant en pâture des tranches de notre vie sur YouTube, FlickR, Facebook, Foursquare ou Twitter. D’autres outils nous rendent de précieux services en gardant des traces de notre activité comme Evernote, Copernic ou l’historique web de Google. A la fin du livre, Gordon livre d’ailleurs un mode d’emploi pour constituer soi-même sa mémoire électronique
Quant aux épisodes fâcheux ou traumatisants qui jalonnent notre vie, nous pourrons, selon Gordon Bell, les ressortir fort en séances de psychothérapie ou comme élément preuve lors d’un procès, d’un conflit au travail ou d’un divorce. Et tant pis si notre mémoire, fort heureusement sélective, fais le tri dans nos souvenirs, transformant notre passé en « bon vieux temps ».
A l’inverse, comment numériser ces petits bonheurs qui égayent notre quotidien : la première gorgée de bière chère à Delerm, le contact du sable chaud sous nos pieds, le ciel étoilé d’une nuit d’été, le sourire d’un enfant… La madeleine de Proust ne sera jamais réduite à une suite de 0 et de 1. Qui s’en plaindra ?
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DocteurJones
Si biologique nous oublions c'est qu'il a une bonne raison. Emotionnellement nous ne sommes pas capable de supporter tous nos échecs, souffrance, les peurs, etc. Il y a des moments que j'ai oublié et j'en suis bien content, car quand je me creuse la mémoire ce n'est pas toujours agréable.
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filmovorus
Cela me fait plus pensée au film Final cut ou tout notre vie est filmé et enregistrer via un capteur se trouvant dans l'oeil et la finalité rejoint au peu pré le but de gordon bell, un film est fait qui résume toute notre vie une fois que l'on mort.Seulement rien n'échappe au monteur qui peut voir les pire ou les plus belle chose que vous avez fait.
Sinon je trouve cela extraordinaire comme toujours la technologie ne cesse de m'épatais.
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