Dans un secteur où les activités sont cycliques et les crises récurrentes, les marges de man?"uvre pour évoluer sont de plus en plus restreintes. Il est très difficile d'anticiper dans ces métiers où, aujourd'hui encore, les
prévisions s'effectuent à court terme. De plus, l'industrie des services informatiques est relativement jeune. Ces deux raisons expliquent la pauvreté de la gestion prévisionnelle des compétences dans les sociétés de services. Deux spécialistes de
la gestion des ressources humaines, Paul Delahaie, fondateur de Variations, et Antoine Omont, consultant chez Bernard Julhiet Group, éclairent les informaticiens travaillant dans des SSII.
Devenir chef de projet est un canal d'évolution systématique
Faux. Attention, il serait naïf de penser que tous les développeurs deviendront chefs de projet. Ce poste exige des aptitudes à diriger les équipes, du savoir-faire, et la reconnaissance de ses pairs et de sa
hiérarchie. Il requiert aussi de vraies qualités de meneur. Avant de postuler à un tel poste, assurez-vous d'être crédible. Vous éviterez ainsi d'aller droit à l'échec.
Pour les férus de technique, l'expertise est la voie royale
Faux. Les informaticiens en sont souvent convaincus. Peu intéressés par la direction d'équipes, beaucoup préfèrent se cantonner à leur spécialité - surtout quand les entreprises la réclament. Le piège ?
S'enferrer dans une technologie, et coûter de plus en plus cher à l'entreprise. Avec deux menaces : celles de s'ennuyer au bout de quelques années et de voir son expertise devenir caduque au fil du temps.
Il faut rester en veille permanente
Vrai. Un passionné de technique suit naturellement les évolutions des domaines qu'il couvre. Mais il doit surtout et en parallèle se préparer à partir à l'assaut des techniques montantes avant que sa spécialité ne
commence à décliner. Cette anticipation demande du temps et de l'énergie. L'informaticien a l'avantage de savoir apprendre, car son métier change en permanence. L'usage du
Droit à la formation (DIF) peut servir de levier.
On peut compter sur son entreprise pour évoluer
Faux. Le caractère cyclique des SSII ne leur permet pas de vision à long terme. Comment peuvent-elles promettre une évolution professionnelle déployée sur trois ans ? Le modèle de la gestion prévisionnelle des
emplois ne convient guère à ces sociétés qui s'engagent sur des projets. Et celles qui font des promesses risquent de ne pas les tenir en cas de crise. Le long terme n'est pas dans leurs habitudes.
Le manque de projet personnel rend dépendant de l'entreprise
Vrai. Trop souvent, les salariés de SSII ne savent pas exactement vers où ils veulent se diriger. L'entreprise aura alors tendance à les orienter vers ce qui lui convient le mieux. Subrepticement, ils maîtriseront
de moins en moins leur carrière professionnelle.
Il faut être acteur de son évolution
Vrai. Les entreprises préfèrent que leurs collaborateurs soient responsables de leur évolution. Les portes s'ouvrent plus facilement à ceux qui proposent des projets utiles à leur société. L'entretien d'évaluation
est un moment privilégié pour avancer. Le manager doit, lui aussi, s'y impliquer, en toute clarté et sans complaisance. Dans certaines entreprises, l'entretien est à l'initiative du collaborateur.
Analyser son portefeuille de compétences face à l'offshore évite le piège de l'industrialisation
Vrai. Les entreprises déplacent ce qui est industrialisable. Il est donc important de se positionner face aux métiers susceptibles d'être externalisés. Subsistent, notamment, ceux nécessitant de rester en contact
avec les clients des sociétés de services ou des éditeurs ou de maîtriser les développements de haut niveau.
L'évolution des quadragénaires reste difficile après quinze ou vingt ans de présence
Vrai. Ce problème se pose à l'entreprise, société de services informatiques ou éditeur. Comment modéliser les différentes compétences et identifier les passerelles entre les divers métiers ? Mais il se pose
aussi aux informaticiens qui doivent préparer leur départ après ces années de stabilité. Parmi les possibilités les plus courantes : rejoindre un client, un autre éditeur, ou une autre SSII.
Votre opinion