Vers l'alliance des ' deux pagodes '
Le visage des champions asiatiques a changé. Parce qu'ils n'ont pas su négocier le virage des logiciels et des services, les géants japonais ne triomphent plus que chez eux. La partie se joue désormais entre l'Inde et la Chine. Selon
Pierre Audoin Consultants (PAC), les services indiens seraient même en passe de devenir, en 2007 ou 2008, le deuxième marché du monde. La barre des 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires est désormais accessible pour les Tata, Infosys, Wipro
ou Satyam. Ce modèle s'appuie sur une industrialisation forcée, qui peut toutefois montrer ses limites. Quant à la Chine, elle dispose d'un gigantesque réservoir de matière grise. Mais, comme le souligne PAC, la route est longue vers la
compréhension de modèles économiques complexes. Elle en est encore à l'ère des produits, comme le Japon dans les années 70. ' En unissant nos efforts à ceux de l'Inde, nous allons tracer une nouvelle voie dans l'univers
mondial du marché des technologies de l'information ', a pourtant dit Wen Jiabao, le Premier ministre chinois lors de sa visite au siège de Tata Consulting Service en avril 2005. C'est l'alliance des
' deux pagodes '. Certains experts imaginent déjà l'émergence d'un pôle puissant, mêlant les innovations matérielles chinoises à celles indiennes en logiciels et services. Les deux pays ne s'en cachent
pas. Ils redoutent la fuite de leurs cerveaux vers les pays de l'Ouest, et cherchent à réduire les barrières d'immigration entre leurs deux contrées. L'alliance sino-indienne aimerait aussi diminuer l'influence des standards nord-américains
notamment, en déployant ses propres normes. Cela commence à apparaître dans les technologies de fréquences radio ou de cryptage. Le marché purement informatique connaît aussi ses révolutions. L'ex-division PC d'IBM (Lenovo), aux mains des Chinois,
trouble le duo Dell-HP. Côté logiciels, tout le monde parie sur l'arrivée, d'ici à cinq ans, d'un développeur indien majeur, spécialisé dans les applications d'entreprise. Attention, tout n'est pas aussi évident. Une coopération sino-indienne reste
complexe et incertaine. Rappelons que l'essence de la globalisation, c'est l'interdépendance.
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