Vers un modèle multiproducteur et multidistributeur
- Vers une refonte des systèmes sans négliger l'existant
- Les technologies répondent au besoin de réactivité
- Les mainframes ont la peau dure
- En route vers les progiciels
- L'offre de services se décline multicanal
- Vers un modèle multiproducteur et multidistributeur
André Cichowlas : il y a eu Bâle II, puis Sepa, Mifid et AML. Les nouvelles réglementations se bousculent. Certaines peuvent concerner des applications précises, telle Sepa pour l'harmonisation européenne des moyens de paiement. Mais lorsqu'on se penche sur Bâle II, on voit que peu de banques ont mis en place une architecture urbanisée avec des technologies transversales (entrepôts de données, décisionnel, reporting, etc.). L'urbanisation fait ses tout premiers pas dans une perspective d'architectures orientées service (SOA) pour harmoniser les données, les modèles de données, et faciliter le reporting. Mais ce déploiement SOA s'effectue de façon parcellaire, en raison du poids de l'existant. Dans la banque, les grands projets SOA se révèlent quasi inexistants.Il semble y avoir un découplage des métiers entre production et distribution...
AC : on assiste à l'évolution du modèle en silos vers un modèle multiproducteur et multidistributeur. Cela signifie également que nous nous acheminons vers un modèle de distribution multicanal. En fait, les banques s'appuient sur des usines de production spécialisées (entre autres, dans le crédit, l'assurance vie ou les instruments de paiement). Celles-ci deviennent alors des marques blanches. En d'autres termes, une banque va vendre le même produit que sa concurrente, mais avec un marketing et une distribution différenciés. Par exemple, le crédit à la consommation de la Caisse d'épargne que l'on achète est un produit de Cetelem. Et le crédit immobilier de la Société générale n'est autre que celui de l'UCB (BNP Paribas).Quelles sont les conséquences de ce découplage ?
AC : le processus débouche sur de nombreux projets. Les normes d'échanges universels des architectures orientées service et des services web facilitent les accords commerciaux et leur mise en ?"uvre technique. Les DSI commencent par urbaniser le système d'information pour étudier ce qu'il faudra découper. Puis elles réécrivent les bouts d'applications dans des modèles SOA. Sur ce terrain, l'on trouve le plus de travaux en profondeur. Ce chantier a commencé voici cinq ans et va durer quinze ans. Il est presque achevé dans la gestion des titres aux particuliers (actions obligations, produits dérivés, etc.) avec l'usine Euro Securities Partners, commune à BNP Paribas et au Crédit Agricole, et avec Caceis, l'usine du Crédit Agricole et des Caisses d'épargne. Le chantier SOA vient de commencer sur le terrain des paiements. Il se poursuivra sur celui des crédits, de l'assurance vie, et des dommages.Comment l'innovation informatique s'inscrit-elle dans le secteur ?
AC : il s'agit d'abord d'aligner le système d'information sur la stratégie de la banque. A cet égard, le poids de l'existant pèse très lourd. En effet, lorsqu'une banque vend un produit, même si elle l'arrête, elle doit le supporter encore très longtemps. Ainsi, un crédit immobilier peut s'étaler sur vingt ans, voire cinquante. Et quand le système d'information bancaire fait l'objet de travaux de modernisation, il faut continuer de faire tourner l'informatique des produits encore sous gestion. De 70 à 80 % du budget informatique d'une banque portent sur les coûts récurrents pour maintenir l'existant, le réglementaire, le reporting et les produits réglementés. Ne restent plus alors que 20 à 30 % du budget informatique pour l'innovation business (lancer des produits différenciateurs) et pour rénover le système d'information. La marge de man?"uvre est donc assez étroite.Les grandes fusions se multiplient. Ont-elles une influence sur l'informatique bancaire ?
AC : crédit Agricole-LCL, Natexis-Banques Populaires-Caisses d'épargne... La concentration paraît, certes, loin d'être achevée. L'acquéreur cherche avant tout à éliminer ce dont il n'a plus besoin. Notamment les applications gérant les produits de même type. Celles de la banque acquise migreront alors vers le système d'information de l'acquéreur. L'enjeu est de minimiser le temps pendant lequel les deux systèmes tourneront en parallèle. Dautant que le marché attend des synergies rapides sur le plan financier.
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