Vers un partage des réseaux?

Un modèle fragilisé par l'irruption fracassante de Free Mobile
En invitant SFR et Bouygues Telecom à partager leurs réseaux avec lui, le PDG d’Orange a rouvert un débat initié à l’occasion de la couverture radio des « zones blanches ». La question de la mutualisation des infrastructures mobiles resurgit donc à l’aube de la construction des réseaux 4G, dont le déploiement va débuter. Or la quête de points hauts, pour densifier la couverture des zones urbaines, pourrait se heurter à la pugnacité des riverains et autres « Robins des toits ».
Le premier intérêt du partage de réseau est financier, avec à la clé une réduction des coûts d’investissement et d’exploitation. On peut en attendre une meilleure gestion opérationnelle, née de la juxtaposition des compétences. Toutefois, si le partage de réseau recèle des avantages, une telle décision se heurte à la culture dominante des opérateurs. Celle-ci érige l’infrastructure comme l’actif majeur de la proposition de valeur et l’élément clé différenciateur.
Free Mobile n’est pas le dernier à faire siens ces principes. Une telle alliance technique obligerait des rivaux, jaloux de leurs prérogatives, à un aggiornamento de pratiques décennales : négocier, en termes de partage de responsabilité contractuelle, de gestion de projet et d’exploitation. Une telle coopération permettrait aux opérateurs historiques de mutualiser leurs dépenses, alors même que leur modèle économique est fragilisé par l’irruption fracassante de Free Mobile.
Le PDG d’Orange n’a pas caché que ses deux concurrents historiques semblaient réticents vis-à-vis de cette approche. La réalité économique, qui pèse sur les capacités d’investissements, et la pression sociale des associations, du monde politique (ou du législateur) ou du régulateur pourraient bien contraindre les opérateurs à s’entendre plus vite qu’ils ne le souhaitent.
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