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Inauguré il y a un an, le service Autolib' a déjà séduit 47 000 Franciliens. Un exploit technologique et commercial qui devrait propulser bientôt la petite voiture 100 % électrique dans les rues d'autres villes à travers le monde.
Vincent Bolloré peut savourer le premier anniversaire de sa filiale Autolib'. Une fois de plus, il n'a pas fait mentir sa réputation de capitaine d'industrie forgé à la culture du risque et à l'innovation. Douze mois après son lancement à Paris, son service d'auto-partage de véhicules tout électriques semble promis à un fort développement international. Début décembre, le maire de Séoul, en visite en France, n'a-t-il pas exprimé son désir d'offrir prochainement Autolib' aux habitants de la capitale sud-coréenne ?A Paris, le bilan parle de lui-même : à la fin 2012, environ 50 000 personnes auront testé cette formule de location à courte durée et les 1 750 voitures disséminées dans 47 communes d'Ile-de-France auront déjà parcouru environ 8 millions de kilomètres cumulés. Même si certains abonnés se plaignent encore d'imperfections, Vincent Bolloré est le premier à affirmer que la réussite d'une expérience industrielle de ce type “ se mesure sur quatre, cinq ou six ans ”. En tout cas, Autolib' aura connu un démarrage bien meilleur que ce qu'annonçaient ses nombreux détracteurs l'an dernier, lors de l'inauguration du service. “ A cette échelle, il s'agit d'une première mondiale ”, fait valoir Serge Amabile, le directeur marketing et commercial d'Autolib'. Une performance d'autant plus exceptionnelle que ce projet a été mené en mode commando et dans l'urgence. Entre le moment où le contrat a vraiment été signé, en mars 2011, et la date de mise en service prévue, il restait quelques mois pour construire une offre complète avec, entre autres, 700 stations d'accueil sur le seul territoire de la ville de Paris et 400 en banlieue.
Une exécution rapide malgré des débuts difficiles
La direction de l'équipe est alors confiée à Morald Chibout, un directeur marketing que Vincent Bolloré a été débauché chez EDF. Une des clés de cette rapidité d'exécution ? La plupart des pièces du puzzle ont été fournies par les différentes sociétés du groupe Bolloré. En premier lieu, bien sûr, les véhicules électriques eux-mêmes, appelés Bluecars, fournis par la filiale Batscap. Mais également l'infrastructure de recharge et ses 4 250 bornes, mis en place par IER et tout le volet informatique, développé par Polyconseil. Les débuts sont difficiles. A l'époque, le mot d'ordre est : “ We try, we fail, we fix ” soit “ On essaye, on échoue, on répare. ” Vincent Bolloré, qui a investi environ 1,5 milliard d'euros depuis dix ans dans l'aventure, s'implique personnellement tout le long du projet, donnant régulièrement son avis sur les choix réalisés. Quant au système d'information, “ il constitue l'un des piliers de la qualité de notre service Autolib' ”, explique Morald Chibout, directeur général de l'entreprise. La plate-forme rassemble de fait une multitude de fonctionnalités avancées. A titre d'exemple, le Francilien a le choix entre louer directement un véhicule auprès d'une borne ou le réserver à l'avance par téléphone, internet ou smartphone. Idem pour la réservation des places de stationnement. Le même système informatique gère aussi les 720 stations d'Autolib' dans lesquelles les futurs abonnés obtiennent en quelques minutes un badge RFID (identification par radio-fréquence). En cas de problème, il leur suffit de demander l'aide d'un téléconseiller, avec lequel il dialoguera par visioconférence. Ouvert de jour comme de nuit, le centre de relation client basé à Vaucresson (94) emploie aujourd'hui 90 opérateurs, qui peuvent être joints par les abonnés lorsqu'ils sont à bord des véhicules via un simple bouton d'appel installé sur le tableau de bord. Ce système de communication est d'ailleurs stratégique pour Autolib', qui localise et suit en temps réel l'ensemble véhicules.
Un suivi individualisé des abonnés
Ce suivi individualisé était d'ailleurs indispensable pour éviter aux abonnés de devoir ramener leur véhicule de location au point de départ. “ La gestion des allers simples (ou trace directe) constitue l'une de nos innovations, car les systèmes de location ne proposent habituellement que des prestations de type aller-retour ”, indique le directeur général. Un service de suivi qui mobilise à lui seul quelque 700 collaborateurs. Outre le centre de relation client, les salariés se répartissent entre la maintenance des véhicules et le rééquilibrage de la flotte entre les différentes communes affiliées à Autolib'.Indispensable pour assurer la qualité du service rendue aux Franciliens, la masse salariale constitue un des postes clés du budget de fonctionnement, estimé à 60 millions d'euros par an. Aujourd'hui déficitaire, la société Autolib' devrait arriver à l'équilibre en 2014, soit quatre ans avant les objectifs initiaux. “ Avec les 1 000 nouveaux abonnés que nous enregistrons chaque semaine, nous dépasserons au 31 décembre 2012, la barre des 50 000 abonnés (dont 20 000 à l'année) et nous atteindrons le cap du million de locations ”, prévoit Serge Amabile, qui veille à améliorer la rentabilité du service en gagnant de nouveaux abonnés auprès des entreprises. Quelques dizaines ont sauté le pas depuis septembre, date du lancement de cette offre professionnelle. Des développements suivis de près par Vincent Bolloré, qui compte bien exporter à l'étranger tout ou partie du service Autolib'. En 2013, le premier client devrait être une grande ville européenne.Quoi qu'il en soit, l'industriel bénéficie déjà d'une formidable vitrine pour ses Bluecars et surtout pour les batteries lithium métal polymère (LMP) qu'elles embarquent. Ce pari industriel devrait lui permettre de prendre l'avantage sur ses concurrents : alors que les batteries lithium ion offrent une autonomie de 160 kilomètres, une Bluecar peut parcourir 250 kilomètres avec sa batterie LMP produite en Bretagne… par une des usines de Bolloré. Lequel rêve déjà d'Amérique, où le marché des batteries électriques est déjà évalué à 50 milliards de dollars.
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