Vous avez dit gratuit ?
Entretien avec Olivier Bomsel, économiste
' Rien de neuf, qui ne soit avant tout gratuit. ' Ces mots d'Olivier Bomsel résument la spécificité de l'économie numérique et des effets de réseau qu'elle engendre. Etudié dans son dernier ouvrage, ' Gratuit ! '(*), ce nouveau mode de production s'articule autour des notions d'utilité, de biens immatériels, de subventions, et de concurrence. Ce professeur d'économie industrielle à l'Ecole des mines de Paris et directeur des travaux de recherche sur l'économie numérique au Cerna, laboratoire d'économie industrielle de l'Ecole des mines, établit dans son ouvrage un parallèle troublant entre le langage et l'économie numérique. Et cela qu'il s'agisse de biens numériques ou de langues vivantes : ' Plus ils sont consommés, plus ils sont utiles. ' Une conséquence des fameux effets de réseau, où ' l'utilité d'un bien ou d'un service s'accroît avec le nombre de ses usagers '. Inversement ?" et on le voit bien pour l'e-mail ou le téléphone ?", il existe une masse critique, en dessous de laquelle ils ne présenteront que très peu d'intérêt. Leur utilité dépend de leur base installée. A quoi bon être le seul à parler une langue, aussi conviviale soit-elle. D'où l'importance du gratuit comme moyen d'atteindre rapidement la masse critique. Toutefois, cette gratuité a un coût. C'est un investissement qui sert à créer un nouveau marché. Et, d'une façon ou d'une autre, celui-ci doit être financé. C'est l'un des points clés de l'ouvrage d'Olivier Bomsel : cet investissement est payé le plus souvent par les consommateurs, ou par une catégorie d'entre eux. Ainsi les 260 millions de téléphones portables offerts par les opérateurs européens à leurs clients entre 1998 et 2001 auraient-ils été financés en grande partie par les abonnés du fixe. Résultat ? Des conflits d'intérêts très violents, générés par ces mécanismes de transfert de coûts et de subventions. ' Le gratuit n'est pas un miracle. Cest un instrument économique, un appât. '(*)
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