Web 2.0 ou web 1.1 ?
L'acronyme web 2.0 semble s'être imposé en désignant une réalité au spectre assez large. Le quidam peut légitimement s'interroger sur le rapport entre des technologies améliorant l'interaction homme machine sur internet et des modèles
économiques à base de réseaux participatifs. On lui explique qu'il dispose de nouvelles possibilités dans son navigateur internet, qui l'aident à ' enrichir ' son expérience, comme par exemple, le
rafraîchissement automatique de zones de l'écran, l'aide à la saisie, le glisser-déposer. Problème, il s'agit plus d'une redécouverte que d'une réelle innovation : ces techniques sont apparues avec les interfaces fenêtrées dans les années
80...Miroir de ces techniques sur le poste de travail, les services web offrent la possibilité d'interroger des fournisseurs sur internet et d'en assembler les réponses à sa guise : à gauche, la liste des films par salle, à droite, la
situation géographique des salles, au centre l'avis des internautes. Ces nouvelles techniques affichent dynamiquement sur son écran les salles les plus proches, ou les films vraiment drôles. Là encore j'observe le scepticisme qui vous envahit :
quoi de neuf ? Un ordinateur client qui interroge un ordinateur serveur ? Je devais regarder le quatrième épisode de Goldorak en buvant mon Tang et grignotant du Galak quand un ingénieur d'IBM a inventé ça. Certes.
Mais le phénomène est plus profond. Imaginez : Christophe Colomb qui découvre l'Amérique en 1492. Quinze ans plus tard, la route des alizés est balisée. Des navires transatlantiques à peu près sécurisés l'empruntent pour un dixième du prix
d'une caravelle, et le Lisbonne-New-York est à la portée de l'orpailleur ou du négociant. Appelons cela la dynamique du standard, la banalisation.Sur internet, cette banalisation technique entretient deux développements économiques intéressants. Premièrement, la location de services informatiques sur étagère (software on demand, ou Application Service Provider en dialecte
prébulle internet) : outils bureautiques ou collaboratifs personnalisés, mais aussi outils de gestion commerciale ou administrative. Avec des exemples comme Google ou Salesforce. Le deuxième développement économique concerne l'emploi de
l'utilisateur comme ' contributeur ', et plus uniquement comme ' spectateur '. Ce dernier est encouragé à l'échange, à l'enrichissement d'informations. Il
échange des fichiers popularisés par Napster, participe à des blogs, des wikis, à de la vidéo, ou encore à de la photo géolocalisée sur Google Earth s'il gère ses albums avec Picasa... Il contribue au web 2.0. C'est à travers lui que le petit
groupe de rock anglais Arctic Monkeys et Kamini, un chanteur français créateur de la mouvance Hip Hop rural, s'écoutent plus que Madonna (ou presque, ou bientôt).
(2) Protocoles WS : WS-Security, WS-Business Activity, WS-MetaData Exchange, etc.*directeur technique chez Octo Technology, un cabinet spécialisé en architectures de systèmes d'information. Il est lauteur de plusieurs livres blancs et ouvrages (à paraître aux éditions Octo Technology, en mai 2007 : ' Gestion des identités - Une politique pour le SI ').www.01blog.fr/1900
Simplicité et confiance
Au regard du grand public, le web 2.0 est synonyme de simplicité et de confiance. On y trouve des services exploitant des données qui s'enrichissent grâce aux visiteurs, grâce à une interaction simple, et qui font confiance à leurs utilisateurs pour développer de nouvelles fonctions en proposant des modèles de développement simples(1).En entreprise, la donne est toute autre. Confiance et simplicité ne sont pas les attributs d'un quidam du CAC 40. La gangue de complexité qui enveloppe les standards officiels des services web(2), et la méfiance avec laquelle toute DSI, digne de respect, verrouille les postes de travail des utilisateurs en sont les stigmates apparents. Ouf, le moindre larbin au marketing ou au back office aurait pu innover. Au lieu de cela, il devra invoquer l'artillerie technologique lourde, les hordes de contrôleurs et la cavalerie de spécialistes. Les principes structurels du web 2.0 s'opposent donc farouchement à la culture du contrôle et de la spécialisation dominante dans les grandes entreprises. La plupart en resteront au web 1.1, avec un nouveau navigateur web. Les autres accepteront de profonds changements dans leur vision des ressources humaines, en libérant, par exemple, la créativité des utilisateurs sur un poste de travail ressemblant plus à un PC familial ouvert qu'à un terminal 3270... il s'agit là d'un choix d'entreprise, pas de la DSI.(1) Tissages de liens entre contenus (liens, rétroliens, flux RSS), services Rest réutilisables, langages de scripts web comme PHP ou GRails.(2) Protocoles WS : WS-Security, WS-Business Activity, WS-MetaData Exchange, etc.*directeur technique chez Octo Technology, un cabinet spécialisé en architectures de systèmes d'information. Il est lauteur de plusieurs livres blancs et ouvrages (à paraître aux éditions Octo Technology, en mai 2007 : ' Gestion des identités - Une politique pour le SI ').www.01blog.fr/1900
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