What if ?
Entretien avec Fabienne Goux-Baudiment, prospectiviste
Que se passerait-il si l'on se révélait incapable de penser notre avenir, dans l'impossibilité de transmettre notre savoir aux générations futures, ou encore inapte à distinguer le vraisemblable de l'invraisemblable ? Dans la
société de la connaissance, les gagnants sont ceux qui possèdent la capacité de discernement la plus grande, selon Fabienne Goux-Baudiment, responsable du bureau de conseil en prospective Progective et présidente de la WFSF (World Futures Studies
Federation, fédération mondiale des études prospectives). ' Plus le nombre d'informations dont on dispose est important, plus on a besoin de garde-fous, prévient-elle. Jusqu'à présent, l'humanité a grandi
parce qu'on a pu engranger l'information et la transmettre. ' Mais depuis une cinquantaine d'années, à trop se focaliser sur sa transmission, on a quelque peu oublié de s'intéresser à l'information elle-même.
' C'est comme si, depuis 1968, on avait fait davantage évoluer les processus de transmission de la connaissance que ses contenus. L'éducation n'apprend plus ni la distance critique, ni la manipulation des
concepts. ' En diffusant des informations plutôt apprises que comprises, on impose un formatage de la pensée qui ne laisse que très peu de place à la créativité. D'où l'importance de la prospective :
' Je crois qu'elle s'avère particulièrement utile aujourd'hui, où le climat est morose, dit Fabienne Goux-Baudiment. Car si les scénarios catastrophes sont nombreux, il en existe aussi des
constructifs. ' Méthode utilisée dans les années 60 et 70, le scénario ne présente cependant plus beaucoup d'intérêt aujourd'hui. Si ce n'est pour faire passer des idées, comme un électrochoc. Ainsi, dans la réalité, le
refroidissement de la planète ne peut pas se montrer aussi rapide que l'imagine Roland Emmerich dans Le Jour d'après. Mais ce genre de cinéma présente néanmoins un intérêt pédagogique : ' Si les
Etats-Unis ont assisté à la conférence de Kyoto, c'est bien parce que le film a sensibilisé lopinion. 'a.muller@01informatique.presse.fr