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Les 6 000 oubliés de l'ADSL dans le Loiret bénéficieront finalement du haut débit grâce à Wimax. Les premiers abonnements sont prévus pour février et l'ouverture totale au premier trimestre 2007.
En ouvrant dans les prochaines semaines un réseau haut débit sans fil à la norme 802.16e-2005, le Loiret réalise une première. Ce sera le premier déploiement européen commercial de la dernière version de Wimax, capable de gérer la
mobilité (interdite pour l'heure par l'Arcep, l'autorité de régulation). Grâce à ce réseau, les 6 000 foyers et entreprises du département non desservis par l'ADSL profiteront des avantages de l'internet rapide. ' Sans
lui, nous resterions une entreprise locale. Grâce à lui, nous visons le marché national et international ', explique Philippe Bardon, directeur de la CAAHMRO (Coopérative d'approvisionnement des arboriculteurs et
horticulteurs de la région d'Orléans), site pilote. La commune de Saint-Denis-en-Val, où est implantée l'entreprise, n'est qu'à une dizaine de kilomètres d'Orléans. Pourtant, elle se trouve dans une zone blanche. Le conseil général du Loiret, qui a
fait de la couverture numérique l'un de ses chevaux de bataille, a décidé de combler cette lacune en 2007. La commercialisation du service commencera avec quelques centaines d'utilisateurs, dès février. Elle sera totalement ouverte au cours du
premier trimestre. Les tarifs ne sont pas encore arrêtés, mais devraient être de l'ordre de 30 à 40 euros.Le réseau Wimax est exploité par HD2R (Haut Débit Radio Régional), filiale de TDF et titulaire de l'une des deux licences attribuées par l'Arcep en juillet dernier pour le Loiret. A l'ouverture, il offrira deux classes de
services : 512 kbit/s et 2 Mbit/s en standard. Les entreprises devraient bénéficier de débits symétriques supérieurs. L'infrastructure compte dix stations de base, connectées par fibre à la boucle optique Médialys qui ceinture le
département (voir schéma page ci-contre). Celle-ci est exploitée par LD Collectivités, attributaire de la DSP (délégation de service public) créée en 2004 par le conseil général du Loiret. Cette boucle dessert également le point
d'entrée de la dorsale de TDF qui ramènera le trafic des usagers de Wimax vers le point d'interconnexion national des fournisseurs d'accès à internet (FAI).Car, si HD2R fournit l'infrastructure réseau, les FAI commercialiseront les services : accès à internet et voix sur IP constitueront la base. Libre à eux d'en proposer d'autres, l'hébergement par exemple, aux entreprises. Wimax
ne transportera cependant pas la télévision, trop consommatrice en bande passante. ' Pour ce service, nous pensons à d'autres technologies, comme la TNT ou le satellite, avec voie de retour, pour l'interactivité, par
Wimax ', précise Nicolas Pinton, directeur général de HD2R. Aujourd'hui, trois FAI ont été retenus : Numéo, Alsatis et Neuf Cegetel. La liste n'est pas close, les discussions se poursuivent avec d'autres prestataires et,
notamment, Orange.' Côté utilisateurs, une station de base dessert plusieurs centaines d'abonnés ', dit Nicolas Pinton. Chacune comporte quatre émetteurs-récepteurs, un par secteur. Le débit pratique
partagé par secteur est de 15 Mbit/s. Jusqu'à une distance de deux kilomètres de la station, les modems sont placés à l'intérieur chez les abonnés. Au-delà de cette distance, la transmission hertzienne est tributaire des aléas (relief,
précipitations, etc.) et les modems sont installés sur le toit. Il faut alors tirer un câble jusqu'au PC ou jusqu'à un commutateur Ethernet ou, encore, un point d'accès Wi-Fi. Pour résoudre la question de l'installation, HD2R passe des accords avec
des installateurs d'antennes.
Une technologie encore immature
Motorola est le fournisseur retenu. ' Sa solution a trois avantages par rapport à celles d'Alcatel, Samsung ou Alvarion ', note Nicolas Pinton. D'abord, une nette séparation entre, d'un
côté, la partie radio au sommet de la tour et, de l'autre, au pied de l'édifice, l'armoire abritant les cartes de transmission et les modules de contrôle. ' Cela évite de grimper au sommet pour toute
intervention '. Ensuite, Motorola construit la station de base et le modem. ' Il vaut mieux que ces deux équipements soient du même constructeur, la technologie n'étant pas encore tout à fait
mûre ', souligne Nicolas Pinton. Qui conclut : ' La gestion des flux IP partage nettement les trafics à livrer aux différents FAI. 'Quant à la partie plus technique, Wimax est encore une technologie dans l'enfance. ' Les performances permises par la modulation OFDM vont profiter des atouts du multi-antenne (Mimo, ou Multiple Input Multiple
Output) ', explique Nicolas Demassieux, responsable mondial de la recherche sur large bande sans fil chez Motorola. Ainsi, en envoyant le même signal sur deux antennes proches l'une de l'autre (Multistream Openloop), en
théorie, on double le débit. Ou, à débit égal, on augmente la couverture. Dans la pratique, le débit n'augmente que de 50 %. Mais deux techniques complémentaires permettent d'approcher des 100 % théoriques : le Beamforming (formation
de voie) et le Closeloop (retour d'information).La première est une technologie d'antenne intelligente. En jouant sur les caractéristiques des antennes (puissance d'émission, phase...), l'on concentre l'énergie dans une direction, ce qui augmente le débit ou la portée. Dans ce
cas, l'information est envoyée sans que l'émetteur connaisse la qualité de la réception. En la combinant avec le Closeloop, l'émetteur en est informé. Il favorise alors la configuration qui donne les meilleurs résultats et améliore ainsi les
performances. Ces mécanismes s'appliquent à des systèmes de deux, trois antennes ou plus. Ainsi, dans un système à huit antennes, le débit théorique est multiplié environ par quatre dans les meilleures conditions. En effet, plus il y a d'antennes,
plus les performances théoriques augmentent et, en même temps, plus les interactions entre les composants accroissent l'écart entre résultats théoriques et réels. ' Ces technologies visent à tirer parti des inconvénients de la
transmission hertzienne, conclut Nicolas Demassieux . L'industrie commence tout juste à défricher le terrain. 'j.soules@01informatique.presse.fr
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