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Avec le double démarrage de Mac OS et de Windows, Apple s'ouvre la porte des entreprises, et des perspectives comme il n'en a jamais eu. Mais en cas de succès, qui continuera à développer des applications Mac OS ?
Qui l'eût cru ? Un Mac qui démarre sous Windows, sans émulation et avec la bénédiction d'Apple ! D'aucuns ont crié à l'hérésie, imaginé un poisson d'avril. Mais, à la surprise générale, Apple a réalisé le rêve le plus fou de
nombreux utilisateurs : rendre ses Mac compatibles Windows. Fini les bidouilles téléchargées sur internet. Le constructeur propose désormais un gestionnaire de démarrage officiel : Bootcamp. Le logiciel, encore en version bêta, fonctionne
plutôt bien et laisse augurer ce qu'autorisera la prochaine édition de Mac OS, baptisée ' Leopard ' (10.5). Apple veut simplifier l'utilisation de Windows sur ses machines, et le fait savoir. L'objectif
est clair : lever la dernière barrière à l'adoption du Mac et concevoir l'ultime machine, multiplate-forme, qui offre le meilleur des deux mondes.Mais c'est surtout l'occasion de revenir vers les directions informatiques avec une proposition en or, que l'on pourrait résumer comme suit : ' Equipez vos cadres mobiles de portables Mac OS pour plus de
sécurité. Bridez complètement la partition Windows, l'utilisateur l'acceptera volontiers si vous lui laissez toute sa liberté en environnement Mac OS. ' A la maison, l'utilisateur pourra considérer la partie Mac OS comme
personnelle et limiter les problèmes de virus ou de téléchargement fatal. Arrivé au bureau, il bascule sur la partie Windows restée totalement étanche et donc protégée. Un système de deux machines en une, bien plus efficace qu'une machine virtuelle.
Les performances d'un Mac sous Windows se montrent d'ailleurs plus qu'honorables : d'après les tests réalisés par notre laboratoire, les portables Mac font aussi bien, voire mieux, que les machines équivalentes d'Acer, Lenovo ou encore
HP.
Reprendre des parts de marché
Cette allégeance à Windows n'empêche pas Apple de soigner la partie Mac OS pour les professionnels. Il vient, par exemple, de lancer la version 3 de Remote Desktop, son outil de télédéploiement d'applications, de prise de contrôle à
distance et de paramétrage automatisé. Une véritable boîte à outils d'administration et de gestion de parc. De quoi prouver que son système peut être aussi élégant dans les applications grand public que professionnelles. D'ailleurs, l'annonce de
Bootcamp s'est suivie d'un battage médiatique sans précédent. Le Mac, qui avait disparu du radar de nombreux DSI, réapparaît tout doucement. Apple semble donc avoir trouvé l'arme secrète pour reprendre des parts de marché et sortir de sa niche (sa
part de marché a chuté de 8,5 % en 1994 à 2,3 % l'année dernière, selon IDC).Mais il s'agit peut-être d'une arme à double tranchant. S'il devient très simple de faire tourner Windows sur un Mac, qui va encore développer des applications Mac OS ? Rappelons qu'en basculant sur des puces Intel, Apple force
tous les développeurs à recompiler, voire à modifier leurs applications. Et ceux qui doivent maintenir des versions Mac et Windows d'un même programme vont sans doute se poser la question de n'en conserver qu'une. Sur les marchés des arts
graphiques, bastion traditionnel d'Apple, il est probable que les ténors restent fidèles à Mac OS. Mais pour combien de temps ?On se souvient comment Macromedia avait totalement basculé sous Windows en constatant la faible part des applications Mac OS dans ses ventes. Adobe et Microsoft pourraient prendre le même chemin, car ils sont maintenant concurrencés
par les propres logiciels d'Apple : Aperture vise Photoshop, Final Cut cible Première, Keynote imite Powerpoint et Pages s'attaque à Word. Lors de la présentation des premiers Mac à puces Intel en janvier, Adobe et Microsoft se sont voulus
rassurants. Tous deux se sont engagés à livrer des versions Intel de leurs produits. Mais c'était avant l'annonce de l'option double démarrage Mac OS-Windows...
Attirer de nouveaux développeurs
Dans ces conditions, quel sera l'avenir de Mac OS ? Un début de réponse pourrait être apporté cet été lors de la conférence développeur Apple (WWDC), où il annoncera son Mac OS 10.5
' Leopard '. Pour l'heure, rien n'a filtré, sauf l'intégration totale de Bootcamp. D'aucuns estiment qu'Apple dotera son système d'une technologie de virtualisation permettant d'exécuter Mac OS et
Windows en même temps sans redémarrer. Les performances promettent d'être bonnes, car la virtualisation sera assistée par processeur (les puces Intel des Mac disposent de fonctions de virtualisation). La semaine dernière, un inconnu, Parallels, a
montré la voie avec une solution équivalente en version bêta. Windows XP y démarre en 6 secondes sur un MacBook Pro !Mac OS a toujours souffert d'un mal congénital : le manque d'applications. Il est certain qu'Apple ne veut pas voir son bébé se transformer en hyperviseur sur lequel ne tournent que des applications iLife, iWork, etc., et les
systèmes d'exploitation des concurrents. Il ne fera donc pas l'économie d'une opération séduction pour attirer de nouveaux développeurs vers sa plate-forme.a.mbida@01informatique.presse.fr
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