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Allemagne: le géant bancaire est en route

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Deutsche Bank et Commerzbank ont officialisé leurs discussions en vue d'une fusion

Les deux premières banques allemandes, Deutsche Bank et Commerzbank ont annoncé dimanche le début de discussions en vue d'une éventuelle fusion. Cette annonce intervient après une réunion de leur directoires respectifs. Le directoire de Deutsche Bank a décidé d'examiner des options stratégiques représentées par une éventuelles fusion avec Commerzbank, mais prévient aussi, comme il est de coutumes en de telles circonstances, qu'il n'y « aucune garantie » de résultat. D’ailleurs dans un message adressé dimanche aux salariés, Christian Sewing, le patron de Deutsche Bank, les a exhortés à se concentrer sur les affaires quotidiennes et de rester avant toute chose au service des clients. Si les pourparlers devaient aboutir, ils créeraient un géant bancaire européen avec un total de 1.800 milliards d'euros d'actifs, proche de la plus grande banque française, BNP Paribas.

Selon Deutsche Bank, il s'agit désormais de discuter d'options en voyant si elles « renforceront la croissance et la rentabilité de la Banque ». Cette dernière a fortement souffert depuis la crise financière et n'a dégagé qu'un modeste bénéfice net en 2018, après trois années de lourdes pertes sur fond de recettes en recul et de milliards d'amendes liées à ses scories judiciaires. Et le premier trimestre de l'année en cours, le plus fort traditionnellement, s'annonce déjà sous de mauvais auspices, sur fond d'une économie allemande tournant au ralenti. En 2016, le Fonds monétaire international (FMI) avait qualifié Deutsche Bank de risque financier majeur en raison de ses liens avec les autres groupes bancaires. Les autorités allemandes craignent qu'une récession ou une nouvelle amende importante aux Etats-Unis par exemple, ne compromette le fragile rétablissement de la banque.

Un projet poussé par Merkel

Berlin veut un champion bancaire national fiable pour soutenir son économie axée sur les exportations. La chancellerie souhaite aussi que le financement des ETI allemandes qui est la spécialité de Commerzbank, dont l'Etat détient 15%, reste entre des mains allemandes. Les deux banques, en comptant chacune environ 20 millions de clients, pourraient déjà se renforcer dans la banque de détail en Allemagne, au sein d'un marché qui resterait toutefois dominé par les caisses d'épargne publiques. Cette base servirait également de tremplin international, pour se développer dans la banque des entreprises et d'investissement ainsi que la gestion d'actifs.

Un projet poussé en coulisse depuis des mois par Berlin pour créer un champion national. Cela ne faisait pas mystère que le gouvernement de la chancelière Angel Merkel était à la manoeuvre, afin d'éviter que l'une ou l'autre ne soit engloutie par un concurrent étranger. Encore empêtrées dans des restructurations douloureuses rendues nécessaires après des années de recettes et de rentabilité en berne, ces deux établissements ont longtemps été l'objet de rumeurs sur leur union. Maintenant que ces pourparlers ont été officialisés, le ministère des Finances a laconiquement pris note dimanche, dans un communiqué, de la décision des deux banques de « discuter des possibilités d'une coopération plus étroite. Nous sommes en contact régulier avec tous les participants », a-t-il ajouté. Par ailleurs, sur le front de l'emploi, même si les deux banques ont fait partir des milliers de salariés l'an passé, elles comptent encore environ 133.000 salariés dans le monde, dont près de 80.000 en Allemagne.