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Départ en trombe pour Monoprix sur Amazon

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Les premiers jours de Monoprix sur Amazon surprennent même les plus optimistes au sein de l’enseigne. L’opération pourrait être recalibrée à la hausse pour faire face à demande

Une petite alerte est apparue vendredi sur la « boutique » Monoprix du service Amazon Prime Now, « en raison d’une forte demande les créneaux de livraisons disponibles sont limités ponctuellement ». Monoprix n’était installé que depuis 48 heures sur le site d’Amazon et semblait déjà dépassé par son succès : « on est en phase de démarrage », dit une source interne, «mais les volumes de commandes sont trois fois supérieurs à ce qu’on avait prévu, nous comme Amazon ».

L’enseigne pourrait bien choisir de saisir cette opportunité et accélérer sur les volumes et les zones de livraisons. Elles sont pour l’instant limitées à une dizaines d’arrondissements parisiens, mais le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers affirme sur son compte Twitter que l’accord est maintenant étendu à toute la France, sans que l’on sache à quel rythme les systèmes de livraisons vont se déployer

Pour Regis Schultz, le patron de Monoprix, le pari était de toute façon gagnant. Il estime avoir une offre alimentaire totalement imbattable, son défi étant de l’apporter le plus vite possible à ses clients : « dans l’alimentaire il y a deux types de courses » disait-il récemment, « les grosses courses de la semaine, et puis les achats d’impulsion et de dernière minute. Ils répondent à deux logiques radicalement différentes. Pour les courses importantes nous allons faire progresser rapidement notre chaîne logistique avec Ocado (le spécialiste britannique avec lequel Casino, propriétaire de Monoprix, a fait alliance l’année dernière) mais pour l’achat express, la logistique Amazon est imbattable. Ils nous offrent la possibilité d’en profiter, et d’apprendre, ça ne se refuse pas »

Monoprix joue le jeu

Pourtant d’autres avaient refusé et Amazon cherchait en vain depuis des mois un partenariat avec un grand distributeur pour disposer d’une offre alimentaire complète. Et Monoprix a décidé de jouer le jeu : 6.000 références au total, dont 4.500 strictement alimentaires, et 1500 sur le frais selon le pointage du magazine Linéaires, c’est deux fois plus que ce qu’Amazon offrait jusque-là. Toujours selon les relevés de Linéaires, les tarifs de la boutique Monoprix sur Prime Now sont globalement calés sur ceux de Monoprix.fr, mais Monoprix reverse une commission à Amazon et accepte donc de dégrader sa rentabilité : « si vous voulez rencontrer les clients il faut aller dans les centres commerciaux qui ont du succès et qui exigent aussi les loyers les plus élevés, là-dessus commerce physique et digital se ressemblent » justifie Régis Schultz. Pas encore d’indications, toutefois, sur une éventuelle cannibalisation entre les deux offres (magasins et Prime now), même si les commandes Prime ne sortent pas de l’entrepôt Monoprix.fr bientôt totalement géré par Ocado, mais sont préparées en magasin. Là aussi, le développement de l’offre est évidemment tributaire des arbitrages sur l’utilisation de la main d’œuvre.

Monoprix estimait ne prendre aucun risque en acceptant l’offre Amazon, et pensait plutôt accélérer face à une concurrence qui ne reste pas inerte (Leclerc et les livraisons dans Paris, Carrefour et le rachat de Quitoque, Frichti qui se développe avec une offre bien plus complète, des start up qui ont développé une expertise efficace sur la sélection des produits frais). Si le succès de l’offre se confirme à ce rythme, Monoprix va néanmoins devoir faire des choix stratégiques peut-être plus vite que prévu

Stéphane SOUMIER