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La France place Amazon sous surveillance

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Bercy met en place une plateforme digitale pour permettre aux PME de signaler d’éventuels conflits avec les géants américains

C’est Mounir Mahjoubi qui lance l’opération, elle pourrait porter le nom de code : « n’ayez plus peur d’Amazon ». Ses services, maintenant rattachés à Bercy, publient l’histoire d’une entreprise du Bas-Rhin, les éditions Caurette, « TPE familiale implantée dans la région depuis 1986 », qui s’est vue brutalement déréférencée de la librairie en ligne d’Amazon, avec « une perte immédiate de 20% du chiffre d’affaires, l’impossibilité d’obtenir des pièces comptables, sans capacité de recourir au service client » dit encore le communiqué de Bercy.

« Alerté par des centaines d’autres chefs d’entreprise depuis sa prise de fonction » le secrétaire d’Etat décide donc de lancer un « espace en ligne » sur www.numerique.gouv.fr afin de recenser les difficultés rencontrées par les PME françaises avec ces plateformes. Amazon n’est pas nommément désignée, mais elle est évidement la cible principale. Pour l’instant Bercy met en avant une volonté de dialogue, notamment sur les procédures de déréférencement « afin de trouver des réponses concrètes avant la fin de l’année ».

Contre le « far west numérique »

Le médiateur des entreprises sera saisi en parallèle. « La France n’est pas un far west numérique » déclare encore le secrétaire d’Etat, « par la médiation je demande aux plateformes de bâtir des relations de confiance avec le tissu de PME françaises », tout cela dans le cadre d’une volonté de croissance partagée, car « nos entreprises ne doivent plus hésiter à saisir les opportunités que représentent ces plateformes ».

Dans une interview au Dauphiné, le secrétaire d’état précise sa pensée : « les PME peuvent, grâce à Amazon ou d’autres, conquérir des marchés, vendre à davantage de clients, ou bénéficier de services pour le e-commerce que toutes ne pourraient pas s’offrir. Mais cela ne justifie pas tout, ni de se faire déréférencer, ni de voir la plateforme devenir un concurrent en développant le même produit sous sa propre marque ».

La campagne de Noel est donc placée sous surveillance, « plusieurs dizaines de milliards d’euros de dépenses des français sur les sites d’achats en ligne » dit Bercy. Et Amazon est parfaitement conscient du potentiel que représentent les TPE et PME pour sa croissance. Au mois de septembre, la plateforme a lancé sa première « Academy » en France, pour apprendre justement aux entreprises à « apprivoiser » l’univers Amazon et ses règles particulières. L’offre Amazon est particulièrement alléchante pour tous ceux qui ne savent pas comment accélérer leur transition digitale. L’entreprise affirme qu’elle s’occupe de tout : techno, marketing, logistique, « pour permettre aux professionnels de se concentrer sur leur produit, leur service, leurs clients, leur cœur de métier ». Amazon affirme qu’elle permet même à ces petites entreprises de réaliser un chiffre d’affaire additionnel à l’international de 200 millions€

Dans le même ordre d’idées, Facebook a lancé depuis plusieurs semaines une campagne de publicité pour vanter les opportunités qu’il offre aux entreprises en croissance (globalement les mêmes services qu’Amazon). Fidèle à sa ligne d’action depuis qu’il est au gouvernement, Mounir Mahjoubi ne veut surtout pas briser cette dynamique, il veut juste s’assurer que les règles commerciales restent saines