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Aérien et tourisme: quand la Bourse peine à chiffrer le risque

Air France KLM, malgré deux fausses alertes à la bombe et la menace toujours présente du terrorisme, résiste relativement bien en bourse. Mais l'impact de ces tensions est toujours complexe à chiffrer précisément.

Air France KLM, malgré deux fausses alertes à la bombe et la menace toujours présente du terrorisme, résiste relativement bien en bourse. Mais l'impact de ces tensions est toujours complexe à chiffrer précisément. - George Frey - AFP

L’impact des attentats du 13 novembre à Paris, et la hausse des risques géopolitiques, reste complexe à chiffrer pour les marchés. Le manque d’indications précises du côté des sociétés concernées provoque des mouvements parfois violents, alimentées par les premières études à ce sujet.

C’était ce matin même. Après avoir ouvert sur une baisse initiale modérée, il a suffi que les investisseurs apprennent que l’armée de l’air turque venait d’abattre un avion militaire russe pour que le CAC40 perde soudainement plus d’1%. Accor signant la plus forte baisse de l’indice.

Une réaction épidermique des marchés, au milieu d’un climat globalement stable, mais complexe, avec des indices prompts à réagir immédiatement aux signes de tension géopolitique ou alertes terroristes.

Air France KLM : contrecoups violents

Preuve que le marché agit avec logique, mais aussi pas mal de brusquerie. La semaine dernière, Air France KLM a été une des premières sociétés à vouloir s’exprimer au sujet de l’impact théorique de baisse du trafic à prévoir dans le sillage des attentats de Paris.

Mais le groupe n’a évoqué qu’une situation ou les annulations de vol étaient supérieures aux nouvelles réservations. Certes on a là une tendance, mais franchement rien de précis. Du coup dans le contexte actuel, et malgré une vraie résistance (le titre est inchangé sur les 5 derniers jours), il subit les contrecoups les plus violents. Sur un mois, il perd déjà 2,6%.

Impact de longue durée à prévoir

Car si la compagnie est encore plutôt évasive, les premières études d’impact commencent à paraître. Le cabinet ForwardKeys, est le premier à réagir, et note que la situation est complexe, à la fois marquée par un vrai trou d’air, une vraie capacité de résilience, mais aussi de grandes fragilités.

Son étude montre que les réservations de vols internationaux pour Paris sur la semaine du 14 au 21 novembre sont en baisse de 27% par rapport à la même semaine sur 2014. Et l’impact est à plus long terme, vu que la baisse des réservations pour l'ensemble de la période de Noël, -13%.

Arbitrages complexes

Et concernant la tendance générale, ForwardKeys affirme qu'on est malgré tout sorti de la période d'annulation. Le mouvement initial aura été brusque, et a marqué un coup d’arrêt. Mais pas encore de quoi entrevoir des signes de reprises... "Le trafic mettra des mois à revenir à la normale" estime le cabinet d’études.

Alertes terroristes, menaces d’attentats à la bombe (deux alertes chez Air France KLM la semaine dernière), tensions géopolitiques à propos de la zone Syrie-Turquie, la prime de risque va peser encore longtemps. De quoi provoquer des arbitrages significatifs du côté des investisseurs.

Transports et loisirs touchés

Outre Air France KLM, le secteur aérien en France, c’est aussi ADP, Aéroports de Paris. Le titre cède 2.6% sur la semaine, et un peu plus de 8% sur un mois. Et puis du point de vue de l’hôtellerie et du tourisme, c’est Accor qui est sans doute le titre qui paye le plus lourd tribut aux tensions internationales et aux menaces terroristes. Le titre perd 3,4% sur une semaine et plus de 13% sur un mois.

Sans compter Eurotunnel aussi, au centre des problématiques du moment. Une action qui résiste un peu mieux, mais qui cède du terrain, près de 3% sur une semaine comme sur un mois. Pareil pour des groupes de loisirs comme Eurodisney, -1,6% sur un mois.

De vrais acquis de croissance

Mais certains résistent bien, la Compagnie des Alpes par exemple, +2,4% sur les 4 dernières semaines. Et d’autres font encore mieux, malgré beaucoup de pessimisme sur l’ensemble des secteurs des transports et du tourisme. Pour preuve l’indice sectoriel à la Bourse de Paris qui prend même 0,7% sur le dernier mois de cotations, et même 7% sur 3 mois.

Preuve que le secteur ne manque pas de ressources ni d’acquis de croissance si on fait la moyenne. L’avenir de la tendance pour tous ces secteurs très exposés sera la capacité de toutes ces sociétés à chiffrer précisément la fameuse prime de risque géopolitique sur leurs perspectives.

Et en fonction de cela, les investisseurs pourront faire le tri et sélectionner les sociétés les plus à même de profiter d’un rebond dans les prochains mois.

Antoine Larigaudrie