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Agriculture: les Etats-Unis vont réduire leur production

Les grands céréaliers américains doivent s'adapter aux cours des céréales, retombés sur des plus bas de 6 ans.

Les grands céréaliers américains doivent s'adapter aux cours des céréales, retombés sur des plus bas de 6 ans. - Julian Stratenschulte - AFP

Pétrole et agriculture même combat ? Face à la chute des cours des céréales, les agriculteurs américains vont réduire la voilure en termes de production. Là aussi, nécessité de s’adapter à la nouvelle donne mondiale.

Période difficile pour les paysans américains, au milieu d’une décennie sans précédent en termes de variation des matières premières agricoles. La situation est compliquée pour le premier exportateur mondial de céréales : après plusieurs années fastes, les cours des "3 Trésors" sont à nouveau lourdement retombés, sur des plus bas de 6 ans.

Même le Département Américain de l’Agriculture (USDA) a très largement revu à la baisse ses prévisions de cours pour les grandes récoltes 2015 : 3,50 dollars pour le boisseau de maïs, 9 dollars pour le soja et 5,10 dollars pour le blé. Les cours actuels de la Bourse de Chicago, la place d’échange majeure pour les matières premières agricoles, ne sont d’ailleurs plus très loin de ces niveaux.

Restrictions sur le marché chinois

Les raisons de ce nouvel accès de faiblesse sont assez simples : déjà un problème de demande mondiale, on a un marché global déjà très bien approvisionné en céréales, grâce à des conditions météorologiques pour l’instant plutôt bonnes, mais une grosse interrogation concernant la Chine, un des plus gros importateurs de céréales du monde, qui là aussi "fait" le marché.

En effet depuis quelque temps, le pays ferme ses portes plus ou moins partiellement et temporairement aux céréales américaines, en mettant en cause la présence d’OGM interdits en Chine. C’est notamment le cas pour le maïs américain.

L’effet "Dollar fort"

Des décisions brutales, des embargos partiels, levés, imposés de nouveau… rendant toute prévision de marché très difficile. D’autant plus que la Chine visiblement dispose de stocks importants en ce moment, mais difficilement quantifiables.

Sans compter qu’au niveau global, le renforcement du dollar va renchérir un peu la facture des pays importateurs, qui payeront plus cher pour une quantité équivalente, simplement à cause des taux de change.

Adaptation de l’appareil de production

Résultat, selon le constat de l’USDA, les Etats-Unis se retrouvent en situation de surproduction, et pire, avec trop de terres cultivées ! Et du coup les paysans américains commencent à réduire la voilure, la surface de terre cultivée commence déjà à baisser aux Etats-Unis, -1,8% pour le maïs et -0,2% pour le soja. On revient sur des plus bas de 2010, après plusieurs années de forte croissance et un contexte de hausse des cours.

Comme il n’y a pas d’OPEP des céréales, les paysans américains sont obligés de faire d’entrée de jeu ce que l'industrie pétrolière a déjà dû faire, et pour les mêmes raisons. Adapter le plus vite possible leur appareil de production à une demande en repli, à la baisse des cours et aux effets de devise négatifs. La récolte 2015 sera décisive pour déterminer les grandes orientations des années à venir.

Antoine Larigaudrie