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Altice va se coter à Wall Street

Patrick Drahi, fondateur d'Altice

Patrick Drahi, fondateur d'Altice - ERIC PIERMONT / AFP

La filiale américaine du groupe de médias va officialiser son IPO américaine avant mercredi. Sa valorisation devrait être comparable à celle du réseau social Snapchat.

Altice USA, filiale américaine de l'empire des médias et des télécoms de Patrick Drahi, va officialiser d'ici mercredi son projet d'entrée à Wall Street, destinée à accélérer le remboursement de sa dette et préparer de nouvelles acquisitions.

La branche (dont la maison-mère, Altice, détient SFR, propriétaire à 49% de ce site web) devrait déposer son dossier auprès des autorités américaines, en l'occurrence le gendarme de la Bourse, la SEC, entre ce lundi et mercredi, ont indiqué lundi des sources bancaires sous couvert d'anonymat.

4e opérateur américain

Le groupe, né il y a à peine deux ans du rachat coup sur coup pour un prix total de 26,7 milliards de dollars des câblo-opérateurs Cablevision (Optimum) et Suddenlink, envisage de lever jusqu'à 2 milliards lors de cette opération, selon les mêmes sources.

L'entreprise, quatrième câblo-opérateur américain avec plus de 4,6 millions d'abonnés (particuliers et entreprises), devrait être valorisée entre 25 et 30 milliards de dollars, affirment-elles encore, soit davantage que Snapchat, le réseau social qui s'est coté début mars. Ces chiffres pourraient, avertissent-elles, encore évoluer en fonction notamment de l'intérêt des investisseurs.

Accélérer le remboursement de la dette

Cette opération a pour but d'aider à accélérer le remboursement des 50 milliards d'euros de dette nette du groupe à fin 2016, financer de nouvelles acquisitions et réduire la part des actionnaires minoritaires. Le fonds de pension canadien CPPIB et le fonds BC Partners, qui détiennent à eux deux 30% du câblo-opérateur, devraient céder au total entre 5 et 10% de cette participation. Patrick Drahi devrait, lui, conserver sa part de 70% du capital intacte.

Altice USA veut effectuer ses premiers pas boursiers cet été, après la traditionnelle tournée officielle de présentation de l'entreprise aux investisseurs ("roadshow"), indiquent les mêmes sources bancaires. L'introduction en Bourse du câblo-opérateur, qui a choisi de se coter sur le New York Stock Exchange (NYSE), serait l'une des plus grosses de cette année. Snap, la maison mère de la populaire messagerie mobile Snapchat, détient pour le moment le record après avoir réussi à lever 3,4 milliards de dollars pour son baptême boursier début mars.

Une réglementation "légère" aux États-Unis

Présent dans près d'une vingtaine d'États dont New York, Altice USA, dirigé par l'ex-banquier Dexter Goei, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 8,2 milliards d'euros pour un résultat d'exploitation de 3,1 milliards. Le groupe est bien parti pour devenir la vache à lait du groupe, dont il représentait un peu plus de 34% des revenus en 2016, juste derrière la France (environ 48%), en raison d'un marché américain du câble aux fortes marges.

La cotation à Wall Street permettrait à Patrick Drahi de poursuivre sa conquête des États-Unis dont les cartes du paysage audiovisuel et du câble sont en train d'être redistribuées. D'autant que l'administration Trump, par la voix du régulateur des télécoms FCC, a déjà fait savoir qu'elle aura une approche "légère" pour ce qui est de la régulation du secteur.

Altice convoite Verizon

Altice USA pourrait mettre la main sur Verizon Communications FiOS, les activités câble de l'opérateur télécoms Verizon, et avaler les câblo-opérateurs Cox Communications et Mediacom, confient des sources bancaires. Cox a déjà fait savoir ne pas être à vendre mais n'exclut pas des partenariats.

Après son introduction en Bourse en 2014 à Amsterdam, Altice avait cassé sa tirelire, déboursant quelque 50 milliards d'euros pour racheter SFR, Portugal Telecom, Suddenlink et Cablevision. Il est plus que probable que la filiale américaine suive l'exemple de sa maison mère en menant une politique d'acquisitions, indique une source proche du dossier.

Les USA, priorité de Patrick Drahi

Les États-Unis, pays où les abonnements au câble coûtent souvent plus du double des offres proposées en Europe, sont la priorité de Patrick Drahi. Le magnat des médias et des télécoms veut y générer à moyen terme plus de la moitié des revenus de son empire. Dans cette optique, Altice USA a commencé à déployer dans le pays la fibre optique, une technologie offrant des débits fulgurants sans perte de signal.

Ceci représente un avantage concurrentiel important en pleine explosion des usages d'internet à la maison, notamment la consommation de vidéos sur tablettes et smartphones très gourmande en bande passante avec le succès des services de vidéo à la demande Netflix et Amazon Prime ou encore Hulu.

N.G. avec AFP