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Après le Brexit, la livre replonge face au dollar et l'euro suit

La Banque d'Angleterre a averti mardi que des risques pour la stabilité financière avaient "commencé à se manifester" depuis le vote du Brexit.

La Banque d'Angleterre a averti mardi que des risques pour la stabilité financière avaient "commencé à se manifester" depuis le vote du Brexit. - AFP - Torsten Blackwood

La monnaie britannique chute et s'établit autour de ses plus faibles niveaux depuis la mi-1985.

La livre chutait au plus bas depuis 31 ans face au dollar mercredi matin en Asie et entraînait l'euro avec elle, alors que refaisaient surface des inquiétudes sur les conséquences au Royaume-Uni du vote en faveur de la sortie du pays de l'Union européenne.

Vers 8h à Tokyo (soit mercredi à 1h du matin en France), l'euro valait 1,1061 dollar contre 1,1075 deux heures plus tôt et 1,1154 dollar lundi vers la même heure. La monnaie européenne baissait nettement face à la monnaie nippone, à 112,05 yens contre 112,69 yens à 23 heures (heure française) et 114,38 yens lundi soir.

La livre plonge face au dollar

Le dollar reculait face à la devise japonaise, à 101,21 yens (contre 101,75 yens, toujours à 23 heures, et 102,55 yens lundi. 

Plus que sur ces trois devises, c'était sur la livre britannique que se portait surtout l'attention des cambistes, les personnes chargées des opérations de change de devises: elle baissait fortement face à l'euro, à 85,30 pence pour un euro contre 85 deux heures plus tôt et 83,93 pence lundi, et, surtout, plongeait face au billet vert, à 1,2972 contre 1,3028 dollar - autour de ses plus faibles niveaux depuis la mi-1985 - et 1,3289 dollar lundi.

"La livre sterling enregistre une mauvaise performance (...) après de mauvais chiffres économiques au Royaume-Uni, dont un ralentissement plus fort de l'activité dans les services", a souligné Éric Viloria, de Wells Fargo.

Le ralentissement du secteur en juin est avant tout perçu comme une conséquence des incertitudes autour du "Brexit", victorieux lors du référendum du 23 juin.

Dans le même ordre d'idées, la Banque d'Angleterre (BoE) a averti mardi que des risques pour la stabilité financière avaient "commencé à se manifester" depuis le vote.

"Cela renforce les incertitudes sur les perspectives économiques du Royaume-Uni", a jugé Éric Viloria, notant que Mark Carney, gouverneur de l'institution, avait "mis en garde sur une longue période d'aversion au risque".

L'immobilier perturbé

Qui plus est, Mark Carney n'avait pas caché la semaine précédente la probabilité d'une baisse imminente des taux britanniques et, si cette perspective avait soulagé les Bourses, elle risque de faire encore plus souffrir la livre.

Parmi les autres facteurs d'inquiétudes, plusieurs fonds immobiliers britanniques ont brutalement suspendu leur activité depuis le début de la semaine face à l'afflux des demandes de retraits, ce qui fait craindre une panique du secteur en réaction au référendum.

Dans ce contexte, l'euro ne faisait guère que suivre la déprime de la livre sterling, puisque les risques pour la monnaie européenne semblent logiquement plus vifs que pour le dollar. "Comme pour la livre, le potentiel de hausse de la monnaie unique risque de rester limité tant que les marchés n'auront pas une vision plus claire de l'impact du Brexit sur la croissance en Europe", a écrit Joe Manimbo de Western Union.

Il remarquait que l'euro était aussi probablement affecté par un mauvais indice sur l'activité du secteur privé dans la zone euro, au plus bas depuis la fin 2014.

A.R. avec AFP