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Aston Martin : Débuts timides en Bourse

Tout comme son principal concurrent Ferrari (coté à New York), les débuts d'Aston Martin à la Bourse de Londres sont plutôt laborieux. Mais pas de quoi décourager les analystes.

Tout comme son principal concurrent Ferrari (coté à New York), les débuts d'Aston Martin à la Bourse de Londres sont plutôt laborieux. Mais pas de quoi décourager les analystes. - ANA POENARIU / AFP

Malgré une entrée en bourse saluée et remarquée il y a une semaine, le prestigieux constructeur automobile britannique peine à trouver sa vitesse de croisière. Facteurs techniques et climat agité sur le marché ont refroidi les investisseurs, même si beaucoup d'analystes veulent croire à un simple retard à l'allumage.

Même si Andy Palmer, directeur général d'Aston Martin, se félicite du «tournant historique que vient de prendre son groupe», saluant «l'accueil positif fait à l'opération par les investisseurs à travers le monde»... le titre Aston Martin n'aura fait que perdre du terrain.

Introduit à 19 livres/pièce, l'action Aston Martin aura connu une première semaine compliquée, jusqu'à chuter à 17,6 livres au plus bas mercredi à la mi-journée, quasiment au bas de sa fourchette initiale d'introduction. Même si les 25% du capital sont placés avec succès, la valorisation, que les dirigeants escomptaient au-dessus des 5 milliards de livres, est plutôt proche des 4,8 milliards désormais.

Financement des projets à venir

«Le prix était peut-être un peu élevé vis-à-vis du facteur risque» estime un spécialiste londonien des marchés. «Il ne faut pas oublier que le constructeur a une histoire tumultueuse, a fait 7 fois faillite en 105 ans d'histoire, a changé de nombreuses fois d'actionnaires ces dernières années et s'est fixé d'ambitieux projets pour l'avenir. Difficile de déchaîner un optimisme total sur le dossier" estime-t-il.

Mais c'est précisément pour financer sa croissance future et ses projets qu'Aston Martin a choisi la bourse : passer à une cadence de 6.200 à 6.400 voitures produites cette année, et 10.000 à horizon 2020, tout en travaillant sur un SUV et en mettant en place le chantier du passage à l'électrique.

Brexit ou pas...

Et même si Aston Martin est une marque suffisamment prestigieuse pour résister au climat complexe du marché ces temps-ci, et peut ressembler à une sorte de valeur-refuge traditionnelle britannique, à mi-chemin entre l'automobile et le luxe, il est effectivement compliqué pour les boursiers d'être confiant à court terme.

Malgré tout, à plus long terme, beaucoup d'analystes n'y voient qu'une simple mauvaise passe initiale. «Le positionnement du groupe, précisément, peut constituer un atout», estime l'un d'entre eux. «Brexit ou pas, tensions commerciales ou pas, les clients qui veulent une Aston Martin achèteront une Aston Martin. L'aura de la marque surpasse ce genre de considérations» dit-il.

Un son de cloche plutôt encourageant donc malgré des débuts poussifs, qui rappellent d'ailleurs les débuts tout aussi compliqués de son grand concurrent Ferrari à la Bourse de New York. Malgré une envolée spectaculaire depuis son introduction fin 2015 (le titre a doublé de valeur), les 6 premiers mois furent difficiles avec une baisse de plus de 40% au plus bas. Aston Martin est en droit de rêver d'un parcours similaire à Londres... 

Antoine Larigaudrie