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Banques centrales: après la BCE, au tour de la FED

Tâche ardue pour Janet Yellen lors de la prochaine réunion de la FED: préciser la trajectoire de la réserve fédérale, quelques jours après les annonces-choc de la BCE.

Tâche ardue pour Janet Yellen lors de la prochaine réunion de la FED: préciser la trajectoire de la réserve fédérale, quelques jours après les annonces-choc de la BCE. - Saul Loeb - AFP Photo

"Les marchés continuent leur redressement en anticipant les actions des banques centrales. S'ils ont mis du temps à digérer les gestes capitaux de la BCE, ils se préparent aussi au rendez-vous de la FED, mais non sans un vrai enthousiasme retrouvé."

4.500 points pour le CAC40, Wall Street sur des plus hauts d’un an et un rallye d’un mois qui a permis d’établir de solides supports. Un climat apaisé pour les banques centrales? Au contraire, pas du tout.

Cela ajoute même une pression maximale sur leurs actions et leurs discours. Leur action est même tellement devenue le catalyseur de marché numéro 1, que le moindre faux pas peut provoquer des réactions extrêmement violentes. Le meilleur exemple est à saisir sur la séance de jeudi dernier.

Turbulences après la BCE

Alors que la BCE annonçait encore une action extrêmement volontaire, augmentait ses rachats d’actifs, les élargissait à d’autres types de produits financiers, et perfectionnait son plan pour encourager les banques à faire circuler les liquidités, la séance a été l’occasion d’un très violent retournement de marché.

D’une hausse de plus de 3%, on est passé à une baisse de 1,7% en clôture sur le CAC40, avant que les marchés ne se réveillent le lendemain avec une hausse tout aussi violente de 3,5%.

Grosse pression sur la FED

Certes, malgré les appuis que les marchés ont réussi à trouver ces dernières semaines (le CAC40 regagne quasiment 13%), chaque annonce de banque centrale peut occasionner une très forte volatilité. Et ce sera sans doute le cas mercredi soir avec le rendu de décision du comité de politique monétaire de la FED sur ses taux directeurs.

Car si la BCE détient l'une des clés majeures sur les marchés, la FED possède la seconde, et de sa décision et de ses commentaires dépend la tendance de ces prochains mois.

Tour de vis fort peu probable

Personne ne croit la FED capable de décider d’une hausse de ses taux directeurs. De toute évidence, le processus de normalisation monétaire, de hausse des taux, va prendre plus de temps que prévu, après que l’institution a relevé les Fed Funds de 0,25% à 0,5%.

Les incertitudes économiques mondiales, et la tempête du début d’année, ont laissé des séquelles, et tout signe trop ferme de la part de la FED risque bien de dynamiter la reprise à laquelle on assiste.

Prophéties auto-réalisatrices

Et même si les fondamentaux de l’économie américaine sont en constante amélioration, les craintes de voir le soufflé retomber sont réelles, et constituent une vraie épée de Damoclès sur les marchés.

Dans l’esprit des banquiers centraux, une réalité commence à émerger: à force de se faire peur à grands coups de prophéties auto-réalisatrices, le marché risque d’enrayer lui-même la reprise économique qu’il appelle de ses vœux.

Quatre, deux ou … zéro hausse de taux?

D’où la volonté de la part de la BCE de se montrer aussi accommodante que possible. Et c’est là toute la pression qui est mise désormais sur la FED et sur sa présidente Janet Yellen.

En effet, si personne n’attend une nouvelle hausse de taux, la FED va devoir préciser ses intentions pour le reste de l’année. À l’origine, elle prévoyait quatre hausses de taux pour 2016. Puis le marché a réduit ses probabilités à deux.

Action coordonnée

Mais désormais, beaucoup en sont à penser que la Réserve Fédérale ne fera plus rien, de peur de jeter à nouveau les marchés dans un épisode de violentes convulsions. Et avec le souci également de ne pas accroître violemment l’écart d’orientation avec la politique de la BCE, très accommodante.

Car on l’a vu cette année, l’enjeu n’est pas tant la capacité des banques centrales à agir, mais plutôt à agir ensemble et de manière coordonnée. Et en cela, la soirée de mercredi s’annonce capitale.

Antoine Larigaudrie