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Pour les banques, un taux de dépôt négatif ne serait pas si positif - Plus Europe

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Andrew Peaple THE WALL STREET JOURNAL LONDRES (Dow Jones)--Accepteriez-vous de payer quelqu'un pour avoir le privilège de lui prêter de l'argent? C'est la question qui risque bientôt de se poser aux banques de la zone euro. Aux prises avec une cro

Andrew Peaple

THE WALL STREET JOURNAL

LONDRES (Dow Jones)--Accepteriez-vous de payer quelqu'un pour avoir le privilège de lui prêter de l'argent? C'est la question qui risque bientôt de se poser aux banques de la zone euro.

Aux prises avec une croissance atone et une inflation faible dans l'union monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) envisage d'adopter un taux de rémunération des dépôts négatif, au lieu du taux de 0% en vigueur actuellement. Cela reviendrait à ce que les banques doivent payer pour déposer des fonds auprès de l'institution de Francfort.

Le président de la BCE, Mario Draghi, a été assailli de questions la semaine dernière au sujet de la possible adoption d'un taux de dépôt négatif, une mesure dont la banque centrale a discuté ce mois-ci, au cours de sa dernière réunion de politique monétaire. Mais même si la BCE franchit le pas, elle risque d'avoir du mal à faire repartir le moteur de l'économie.

170 milliards d'euros d'excédents

Si leurs dépôts auprès de la banque centrale deviennent payants, les banques seront poussées à prêter davantage, espère la BCE. Les dépôts des institutions financières européennes à la BCE dépassent d'environ 170 milliards d'euros les exigences de réserves pour le secteur.

En théorie, les banques prospères d'Europe du Nord prêteraient davantage à leurs consoeurs d'Europe du Sud. Cela dynamiserait le marché interbancaire et stimulerait le crédit.

Les banquiers eux-mêmes doutent cependant de l'efficacité d'une telle mesure. Des contraintes d'ordre réglementaire limiteraient tout de même le crédit. Les banques doivent maintenant détenir suffisamment d'actifs liquides pour couvrir leurs besoins pendant au moins 30 jours. Les liquidités prêtées à d'autres banques ne sont pas prises en compte dans le calcul, ce qui veut dire qu'un taux de rémunération des dépôts négatif n'encouragerait pas forcément les prêts interbancaires.

Un taux négatif éroderait la rentabilité des banques, en particulier en Allemagne, en France et aux Pays-bas. Les institutions financières hésiteraient certainement à répercuter cet abaissement de taux sur leurs clients; les premières qui oseraient le faire prendraient le risque de faire fuir leurs déposants.

Incertitudes sur les bilans

Pour préserver leurs marges, les banques pourraient devoir relever les taux d'intérêt sur les crédits, soit l'effet contraire à celui escompté par la BCE. Si les banques s'abstiennent d'augmenter leurs taux de prêt, alors un taux de rémunération des dépôts négatif n'aurait pour seule conséquence que d'affaiblir des banques au départ robustes, sans que cela soit contrebalancé par le moindre avantage.

Il n'est en outre pas sûr que les banques en bonne santé soient désireuses de prêter aux plus faibles, alors que des incertitudes subsistent au sujet de la solidité du bilan de nombreux établissements financiers européens.

Alors que le souvenir de la crise reste cuisant, la BCE ne peut pas considérer que les banques vont rapidement sortir de leur tanière.

-Andrew Peaple, The Wall Street Journal

(Version française Lydie Boucher)

(END) Dow Jones Newswires

November 25, 2013 05:43 ET (10:43 GMT)

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