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Barrick - Randgold : fusion au sommet dans le monde de l'or

Le nouvel ensemble Barrick-Rangold, qui pèsera 18 milliards de dollars, sera doté des plus riches réserves de toute l'industrie aurifère.

Le nouvel ensemble Barrick-Rangold, qui pèsera 18 milliards de dollars, sera doté des plus riches réserves de toute l'industrie aurifère. - AFP

Les deux plus grands miniers du monde vont s'unir pour former le numéro un mondial du secteur aurifère. D'une valeur estimée à 18 milliards de dollars, le nouveau géant va tenter de redynamiser un marché en plein marasme.

«Peu importe le tonnage d'or que nous vendrons, l'important est de gérer le risque et créer de la valeur pour nos actionnaires», déclare John Thornton, le patron du Canadien Barrick Gold, qui a annoncé ce lundi la reprise de son concurrent Randgold. La feuille de route est claire : tenter de régner en maître sur un marché qui a de plus en plus de mal à croître.

Grâce au contrôle de cinq des dix plus grosses mines d'or au monde, le nouveau géant sera doté des plus grandes réserves de toute l'industrie aurifère. Avec notamment une solide implantation au Mali, Randgold va accroître la présence africaine de l'ensemble, puisque Barrick est surtout localisé en Amérique du Nord et du Sud, ainsi qu'en Asie, après avoir cédé ses actifs sud-africains il y a plus de 8 ans.

Concentrations pour créer de la valeur

Une fusion impressionnante qui va sans doute rebattre les cartes d'un secteur entier, où les ténors Newmont Mining, Goldcorp ou AngloGold Ashanti devront rapidement réagir. Et de futurs regroupements ne sont pas à exclure, tant le marché a besoin de concentrations pour créer à nouveau de la valeur.

Le marché de l'or aura connu une activité frénétique à partir de 2008, date de la dernière crise financière majeure. A l'époque, il a joué à plein son rôle de valeur-refuge, face au spectre d'une défaillance d'un maillon de la chaîne bancaire mondiale, puis au risque de défaut d'Etats souverains. Un grand nombre d'institutions financières en ont acheté, y compris les grandes banques centrales, et l'or est même redevenu populaire auprès d'un grand public déboussolé par la volatilité des marchés.

Un marché en stagnation

L'industrie de l'or a donc à cette époque mis les bouchées doubles pour satisfaire la demande. Les grandes institutions financières ont eu recours à grande échelle à "l'or papier", aux produits financiers indexés sur les cours de l'or. Mais depuis 2013, le marché a tendance à stagner, et même connaître de gros coups de faiblesse, après que les injections massives de liquidités des grandes banques centrales ont complètement modifié l'appréhension du risque.

L'or étant également, traditionnellement, un achat de couverture contre l'inflation, l'environnement actuel, très peu inflationniste ou très faiblement au regard de l'histoire, reste peu porteur. D'où cette tentation de se regrouper pour économiser les coûts, mutualiser les réserves et créer les conditions d'un environnement plus compétitif.

Si les cours de l'or (actuellement autour des 1 200 dollars, au plus bas depuis un an) se maintiennent à ces niveaux sur une plus longue période encore, l'hypothèse de nouveaux regroupements paraît de plus en plus plausible et pourrait suivre la même logique trans-continentale, entre producteurs américains et africains notamment.

Antoine Larigaudrie