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Marché : Pas de hausse des taux en Europe avant 2020, au plus tôt

jeudi 7 mars 2019 à 15h10
2019 ne verra toujours pas d'augmentation de taux d'intérêt en Europe

(BFM Bourse) - La Banque centrale européenne réagit vigoureusement aux signaux de dégradation de l'économie qui amènent d'ailleurs l'institution à abaisser ses prévisions de croissance, à 1,1% cette année au lieu de 1,7% espéré jusqu'ici. La BCE continuera à prêter aux banques à taux zéro sur le court terme au moins jusqu’à la fin de 2019.

Mario Draghi sera-t-il le premier président de la Banque centrale européenne à ne jamais relever ses taux ? La réponse est désormais claire: ce sera bien le cas.

L'ancien gouverneur de la Banque d'Italie nommé le 1er novembre 2011 président de la Banque centrale européenne pour un unique (conformément aux traités) mandat de huit ans a indiqué que les taux directeurs resteraient à leurs niveaux actuels "au moins jusqu’à la fin de 2019". L'horizon précédemment évoqué était "au moins jusqu’à l’été 2019", ce qui laissait en théorie une brève fenêtre avant son départ fin octobre pour un éventuel modeste durcissement. Pour l'anecdote, ses prédécesseurs -Wim Duisenberg et Jean-Claude Trichet- avaient eu l'occasion d'ajuster leur politique dans les deux sens, Mario Draghi deviendra donc le seul à n'avoir opéré que des baisses de taux.

Cette prolongation de la période de taux bas, accompagnée d'autres mesures destinées à vivifier le crédit, intervient dans un contexte où la croissance européenne est plutôt guettée par un ralentissement que par une surchauffe.

Selon les économistes de la BCE, la croissance du PIB de la zone euro devrait ralentir de 1,9% en 2018 à 1,1% cette année, alors que l'institution tablait jusqu'à présent sur +1,7%. L'an prochain, l'institution mise sur 1,6% de croissance (au lieu de 1,7%) tandis que la prévision 2021 est maintenue à +1,5%. Bien que certains signaux semblent indiquer qu'une partie des facteurs endogènes qui freinent la croissance commencent à s'estomper, l’affaiblissement des données économiques laisse entrevoir un ralentissement sensible du rythme de l’expansion économique qui devrait se poursuivre pendant une bonne partie de l'année en cours, explique la Banque. De plus, la persistance des incertitudes géopolitiques, la menace du protectionnisme et les points de vulnérabilité des marchés émergents semblent peser sur le sentiment des agents économiques.

Et en corollaire, l'inflation sous-jacente reste faible. Elle pourrait tomber cette année à 1,2%, contre 1,6% attendu auparavant, et remonter graduellement (+1,5% en 2020 et +1,6% seulement en 2021). Pour ranimer le taux d’inflation vers des niveaux "inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme" (les traités fixent cet objectif proche de 2% considéré comme le bon compromis entre une relative stabilité des prix et une marge de sécurité contre la déflation).

Lors de la réunion de jeudi, le conseil des gouverneurs de la Banque a donc sans surprise choisi de maintenir inchangés ses principaux taux (soit 0% pour les opérations principales de refinancement ouvertes aux banques, 0,25% pour la facilité de prêt marginal et au contraire un taux dissuasif de -0,40% sur les sommes qu'elles déposent auprès de l'institution), en repoussant donc à 2020 au plus tôt la prochaine hausse.

En outre, la BCE continuera à réinvestir la totalité des sommes qui lui sont remboursées à l'échéances des obligations acquises dans le cadre du fameux programme de QE entamé en 2015 et ce "pendant une période prolongée après la date à laquelle [la BCE] commencera à relever les taux d’intérêt directeurs" et, en tout cas, "aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire".

Enfin, le grand argentier de la zone euro a décidé de lancer une nouvelle série d’opérations trimestrielles de refinancement à plus long terme ciblées (targeted longer-term refinancing operations, TLTRO-III), chacune d’une échéance de deux ans, entre septembre 2019 et mars 2021. Ces nouvelles opérations contribueront "à préserver des conditions de prêts bancaires favorables et une transmission harmonieuse de la politique monétaire".

En Bourse, l'annonce de l'éventail de mesures de la banque centrale a d'abord permis une accélération des indices européens. Toutefois, le sentiment de défiance a rapidement pris le pas. Bien que le président de l'institution ait assuré que le risque d'une récession était très faible, le caractère plus accommodant que prévu des décisions conjugué à la révision en baisse des perspectives de croissance, les marchés intègrent surtout un degré de risque plus élevé.

En outre, la politique de taux bas est pénalisante pour le secteur financier, puisque la modicité du loyer de l'argent contraint structurellement leurs marges d'intermédiation. Dans ce contexte, les bancaires européenne à l'image de Santander (-4,2%), Société Générale (-4,1%) ou BNP Paribas (-3,7%) reculent fortement, pesant sur les grands indices de la région.

Guillaume Bayre - ©2024 BFM Bourse
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