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Bourse: Dassault Aviation et Airbus en formation serrée

Un Airbus A400M en formation avec un Eurofighter Typhoon et un Rafale, lors du Défilé du 14 Juillet 2013.

Un Airbus A400M en formation avec un Eurofighter Typhoon et un Rafale, lors du Défilé du 14 Juillet 2013. - Lionel Bonaventure - AFP

L’annonce du contrat Rafale avec l’Egypte aura libéré le potentiel du titre Dassault Aviation en bourse, pourtant cher et peu regardé par les investisseurs. Une aubaine qui profitera également à Airbus, toujours actionnaire important de l’avionneur.

Quel curieux objet que le titre Dassault Aviation en bourse. Objet volant tout à fait identifié, mais dont le parcours récent ne cesse d’étonner. Il est en soi une petite curiosité. C’est l’un des plus chers de la Bourse de Paris à 1.260 euros ce matin, des volumes d’échanges très réduits, guère plus de 1.000 titres échangés par jour

Une valeur d’autant moins liquide que le flottant de Dassault Aviation est minuscule : hormis la famille Dassault, Airbus et quelques investisseurs qui verrouillent le capital, il reste juste 0,2% de titres à échanger sur le marché !

Les catalyseurs d’une belle grimpée boursière

Ce qui rend évidemment le parcours récent du titre en bourse très intéressant. +14% en 2014, et déjà 16% de mieux depuis le début de l’année. 27% sur un an, 83 sur 3 ans et 130% sur 5 ans ! Un bilan impeccable malgré un profil particulier.

Il est vrai qu’on a fait grand cas des perspectives de commandes de Rafale ces dernières années, et que ce fut un des catalyseurs majeurs, sinon le seul, pour jouer le titre en Bourse. Alors que la réalité industrielle de Dassault est toute autre, puisque c’est avant tout la gamme d’avions d’affaires Falcon qui fait vivre l’avionneur, elle représente 65% des ventes annuelles du groupe.

Quand l’Egypte ouvre des portes

Malgré tout la signature du contrat Rafale égyptien, arrivée un peu par surprise, a débloqué pour les analystes toutes les perspectives à l’export. Et explique que le titre en bourse réagisse davantage à la négociation de ces marchés, très politiques, très longs et très complexes. On en a eu des exemples criants avec les pistes brésiliennes, bmiraties ou indiennes, l’issue de ces longs processus reste extrêmement floue, et tout cela aura plutôt été synonyme de sanction boursière qu’autre chose.

Ce n’est pas encore le monde entier qui va acheter le Rafale, mais le marché veut y croire. Après l’Egypte, on espère que ça va débloquer d’autres dossiers, pourquoi pas le Qatar ? Des sources officieuses parlent de négociations en phase finale. La Malaisie s’intéresserait au chasseur polyvalent français. On a un temps parlé du Canada également.

Processus lent et complexe

Certes ces perspectives sont aussi limitées par des considérations d’alliances militaires et de stratégie complexes, mais le Rafale semble avoir frappé un coup décisif, d’autant plus que son plus sérieux concurrent, le F-35 de l’américain Lockheed Martin, se révèle être un gouffre budgétaire et connaît de sérieux retards de développement, ainsi que de nombreux problèmes techniques.

Le titre Dassault Aviation est donc une excellente affaire boursière, pour l’investisseur particulier comme pour ses gros actionnaires. Déjà la maison-mère, qui peut ainsi financer le développement de la gamme et ses nouveaux programmes, le drone-démonstrateur nEUROn, et le dernier modèle de Falcon à long rayon d’action, le 8X. Sans compter toutes les études pour préparer l’avenir.

Reclassement gagnant pour Airbus

Et puis autre bénéficiaire, Airbus ! Toujours actionnaire de Dassault Aviation, mais qui a amorcé son désengagement. En fin d’année dernière, la famille actionnaire a racheté 8% du capital a Airbus, montant à plus de 58%, Airbus de son côté descendant à 38%.

Les ventes de titres vont continuer mais il est clair qu’avec les performances remarquables des actions Dassault Aviation, les dividendes et un rendement certes modeste, mais régulier, de 0,7%, Airbus va sans doute continuer à profiter au meilleur moment des perspectives de Dassault. Rafale et Airbus voleront encore un bon moment en formation serrée sur la Bourse de Paris.

Antoine Larigaudrie