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Bourse: un début 2016 calamiteux qui joue les prolongations

Wall Street poursuit l'année sur une tendance franchement négative et suscite des inquiétudes, alors que l'économie américaine donne pourtant des signes de solidité.

Wall Street poursuit l'année sur une tendance franchement négative et suscite des inquiétudes, alors que l'économie américaine donne pourtant des signes de solidité. - Spencer Platt - Getty Images North America - AFP

Les boursiers commencent à faire le bilan de ce début d’année 2016. À peine deux semaines de cotations et déjà de fortes baisses sur tous les marchés. Chine, pétrole, valorisation des entreprises, hausses des taux de la FED ou guerre des changes, ce début d’année ressemble furieusement à une rétrospective accélérée de l’année passée.

3.000 milliards de dollars. C’est le montant total de capitalisations boursières parties en fumée sur les marchés mondiaux depuis le début de l’année. Plus de 1.000 à Wall Street, autant voire plus à Shanghai, le reste se répartissant sur l’ensemble de la planète Bourse.

Car le nouvel accès de grosse faiblesse du marché de Shanghai la semaine dernière n’aura été que le premier catalyseur. Certes l’indice composite est désormais en "Bear Market", marché fortement baissier, après sa correction, mais l’ensemble des analystes n’ont pas de grosse inquiétude outre mesure.

La Chine passe au second plan

Malgré les mesures d’urgence exceptionnelles du gouvernement chinois pour calmer la pression baissière et ajuster le niveau du yuan, comme cela s'était produit en août, la volatilité de la bourse chinoise suscite désormais du désintérêt de la part des investisseurs européens et américains.

Wall Street est vite redevenu le marché de tendance le plus suivi, tout naturellement. Et après le pire début d'année de l'histoire boursière américaine, la séance d’hier a de quoi laisser un sentiment encore plus négatif aux investisseurs. Le S&P500, le Dow Jones et le Nasdaq sont désormais en territoire de correction, à savoir qu’ils perdent déjà plus de 10% par rapport à leurs derniers plus hauts.

Wall Street et l'Amérique inquiètent de nouveau

Mais le bilan est encore plus lourd pour un indice très regardé, le Russell 2000, indice ultra-large regroupant les petites capitalisations et les PME américaines, souvent considéré comme un baromètre de l’économie réelle. Après sa forte baisse de plus de 3% hier, il est même désormais lui aussi en "Bear Market", marché de tendance négative franche.

Un signal préoccupant pour les investisseurs, alors que par ailleurs l’ensemble des signaux macro-économiques américains témoignent d’une très nette amélioration. Si bien que la Réserve Fédérale américaine a largement de quoi poursuivre sa politique de relèvement de taux. Mais c’est justement une des raisons pour lesquelles le marché a beaucoup de mal à démarrer l’année.

Paysage monétaire complexe

On anticipe un tel niveau de déséquilibre au sein du marché des changes que les investisseurs ont beaucoup de difficultés à anticiper les grandes tendances à venir.

Entre un yuan piloté à vue par une Banque centrale chinoise soit un peu maladroite, soit très calculatrice, un dollar qui remonte graduellement, un euro toujours structurellement au bon niveau et des monnaies émergentes très attaquées, le paysage commence à devenir compliqué et fait craindre une nouvelle guerre des monnaies.

Le pétrole toujours plus bas 

C’est une des données de ce qui se passe sur les marchés du pétrole, une des principales sources d’instabilité du marché en ce moment. Ces derniers jours, le Brent et le brut léger américain ont fait des incursions sous les 30 dollars, victimes du contexte actuel déjà connu qui règne sur les marchés pétroliers.

Mais la pression s’accroît alors que les banques d’affaires et les courtiers rivalisent en matière d’objectifs de cours, pariant toujours plus bas. Goldman Sachs et Morgan Stanley misent sur un baril à 20 dollars, mais certains vont encore plus loin. Royal Bank of Scotland a un scénario à 16 dollars le baril, et Standard Chartered le voit même à 10 dollars désormais dans son scénario noir!

Pas assez de volumes

Partout, sur le marché actions comme sur les marchés pétroliers, on veut trouver des supports et des niveaux d’équilibre, ce qui est pour l’instant impossible. Les 4305 sur le CAC40 autant que les 30 dollars sur les prix du brut restant les deux niveaux les plus suivis du moment. Et pour l’instant, on se dit qu’il va peut-être être nécessaire d’aller chercher plus bas.

Les facteurs d’instabilité sont trop nombreux, et personne pour le moment ne veut jouer clairement une reprise, malgré un CAC40 qui perd déjà près de 8%. Certes, on a bien des acheteurs décidés à jouer les achats sur replis, mais les volumes témoignent qu’ils ne sont pas très nombreux en ce moment, pas assez pour alimenter un retournement de fond de la tendance.

Pièges à acheteurs

Sur le CAC40, les dernières belles séances de rebond ont d’ailleurs plus ou moins terminé bien en-dessous de leur potentiel à court terme, et surtout sur des volumes pas assez décisifs, du côté des 3 milliards d’euros d’actions, contre quasiment 4 sur la moyenne de ces dernières semaines.

Pire, du côté des marchés américains, et on a pu le constater hier, les acheteurs partent à l’assaut en début de séance, mais se font piéger, retourner puis submerger par les mouvements vendeurs en fin de séance.

Extrême instabilité

D’où hier par exemple sur le Nasdaq une journée qui a commencé tranquillement à +0,5%... avant de terminer à -3,4%. Preuve que les vendeurs ont la main forte en ce moment et qu’il va encore falloir faire le dos rond quelques temps avant de repartir sur un climat plus positif.

Alors qu’unanimement, les perspectives du marché actions, notamment européens, restent florissantes… Mais le tout dans un climat d’extrême instabilité pour le moment. Et où toute nouvelle imprévue, comme les révélations sur l'enquête concernant d'éventuelles tricheries aux émissions polluantes chez Renault ce matin, peut provoquer des réactions catastrophiques.

Antoine Larigaudrie