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Les marchés sanctionnent très sévèrement Bouygues Télécom

Malgré des propos rassurants de Martin Bouygues, les marchés doutent de la capacité de l'opérateur à poursuivre une stratégie en solitaire. La salut pourrait-il venir d'une offre étrangère ?

Malgré des propos rassurants de Martin Bouygues, les marchés doutent de la capacité de l'opérateur à poursuivre une stratégie en solitaire. La salut pourrait-il venir d'une offre étrangère ? - Eric Piermont - AFP

"Comment Bouygues va pouvoir continuer à gérer sa filiale télécom dans les années à venir, après l’échec des négociations avec Orange? Les marchés boursiers arbitrent avec beaucoup de perplexité à court terme."

Plus de 15% de baisse à l’ouverture des marchés: malgré les déclarations rassurantes de Martin Bouygues, persuadé que Bouygues Télécom est viable et a de l’avenir, dans une stratégie indépendante, les investisseurs n’y croient pas.

Avec cette baisse initiale, le titre Bouygues revient du côté des 30 euros, son niveau de janvier 2015, évacuant l’intégralité de la prime spéculative liée à un rapprochement de sa filiale télécom avec un autre grand du secteur.

Retour à la case départ

Un coup de balai sur un peu plus de 1 milliard et demi d’euros de capitalisation, représentant la prime au rachat qu’il y aurait pu avoir sur la filiale télécom, après l'échec, irrévocable après 3 tentatives, de ses négociation de reprise avec Orange. 

Pour autant, les marchés n’ont pas décidé de capituler autour de Bouygues. Il y a juste l’impression d’un retour à la case départ, à savoir devoir gérer dans ses comptes un actif qui malheureusement ne cesse de détruire de la valeur et de la rentabilité, à côté des parts dans TF1 qui constituent elles aussi un dossier complexe.

Investissements urgents

Car si Bouygues Télécom continue en solitaire, c’est au milieu d’un marché français des télécoms qui, même s’il a vu sa rentabilité s’améliorer un peu ces derniers trimestres, n’en reste pas moins dans une situation très difficile, au milieu d’une guerre des prix qui connaît une légère trêve, mais sans réelle amélioration.

Les analystes estiment que ce ne sera qu’au prix de lourds investissements pour valoriser au mieux son réseau et son portefeuille de clients que Bouygues Télécom pourra tenir bon au milieu de la concurrence en France.

Nouvelle restructuration en vue?

La maison-mère en sera-t-elle capable? Au vu de la sanction boursière du moment, le marché n’y croit pas. Même si d’un autre côté, le cœur d’activité de Bouygues, la construction et la promotion immobilière, est en très nette amélioration.

En définitive, d’une manière ou d’une autre, Bouygues va devoir revitaliser sa filiale télécom au moyen d’injections de capitaux frais, d’investissements et peut-être même via des plans d’économies qui pourraient avoir des conséquences sur l’emploi, Martin Bouygues n’ayant pas exclu l’option.

Prédateurs étrangers

La perspective d’une solution externe est-elle pour autant totalement exclue désormais? Sur le marché français, cela paraît scellé. Mais au vu de ce que fait le cours de bourse, il reste quelques points de marge par rapport aux plus bas d’avant début 2015, qui semblent montrer que certains gardent l’option en tête.

Le scénario d’une reprise par un acteur étranger cette fois a plusieurs fois été évoqué. Notamment peut-être par Deutsche Telekom, ou encore plus séduisant, par l’opérateur de Hong Kong Hutchison Whampoa, propriété du milliardaire Li Ka-Shing.

Dossier complexifié ou simplifié?

Beaucoup d’observateurs estiment qu’une fusion transfrontalière serait éminemment compliquée, d’autant plus qu’elle l’est déjà lorsqu’il s’agit de mettre d’accord des opérateurs français, sans succès.

Mais l’option extérieure ne serait-elle pas, au contraire justement, l’occasion d’évacuer le problème? Surtout si l’acteur en question peut fournir des garanties en termes d’investissement et d’emplois?

La piste de Hong Kong 

Dans ce cas, l’option Hutchison semble la plus séduisante, d’autant que le groupe est en plein processus de regroupement de ses actifs en Europe, en Irlande, en Grande-Bretagne et en Italie via les marques 3 et O2.

Et on a pu observer que les sociétés chinoises étaient à l’affût en ce moment d’actifs à racheter en Europe dans des secteurs-clés, qui ont besoin d’argent frais et d’investissements. Rendant l’option des plus séduisantes.

Antoine Larigaudrie