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Brexit: à quoi joue George Soros?

"L'Homme qui a braqué la Banque d'Angleterre" en 1992 récidive avec le Brexit, avec une stratégie peu évidente à comprendre, mais payante pour le moment.

"L'Homme qui a braqué la Banque d'Angleterre" en 1992 récidive avec le Brexit, avec une stratégie peu évidente à comprendre, mais payante pour le moment. - Eric Piermont AFP

Depuis la dernière semaine avant le référendum au Royaume-Uni, une grande voix de la finance se fait entendre à nouveau: celle de George Soros. Très pessimiste, il poursuit pourtant une stratégie de spéculation très obscure, mais semble-t-il payante.

Ce fut l’un des premiers, une semaine avant le référendum, à dire que les marchés s’emballaient à tort à la hausse. George Soros, spéculateur et raider emblématique, était persuadé que le camp du Brexit allait l’emporter, malgré l’ambiance du moment qui était à l’optimisme.

Soros a même prédit que cet événement allait avoir des conséquences catastrophiques à plus long terme, prévoyant que le Brexit allait, un comble, "rendre beaucoup de gens pauvres, et faire la fortune de certains spéculateurs" !

Un habitué des "gros coups"

Il conseillait même à ce moment-là d’adopter des positions vendeuses sur les actions, et acheteuses sur l’or. Là-dessus, le vieux briscard des marchés a réussi le pari du siècle, alors que l’ensemble du marché a au contraire adopté les positions strictement inverses. Ce qui a provoqué un violent retour de balancier.

La prophétie de George Soros s’est réalisée, comme énormément de celles qu’il a édictées par le passé. L’homme d’affaires, ces dernières décennies, s’étant illustré notamment par des coups de bourse habiles et lucratifs. Et notamment en Grande-Bretagne.

La livre sterling déjà cible de Soros

C’est notamment lui qu’on surnomme "L’homme qui a braqué la Banque d’Angleterre". Il avait empoché 10 milliards de dollars après des paris à la baisse massifs sur la devise britannique en septembre 1992, obligeant le gouvernement de l’époque à sortir la livre du système monétaire européen.

Et comme à chaque fois, tous les yeux des investisseurs se sont tournés vers lui, ayant le sentiment d’avoir été manipulés.

Maladresse ou manipulation?

Mais George Soros l’assure, il a été maladroit. Il avait des positions longues, acheteuses, sur la livre sterling! Et effectivement, au vu de ce qu’a fait la monnaie britannique, avec un recul de 10% d’un coup face au dollar, et un maintien sur ces niveaux, on peut dire que le spéculateur est très largement perdant.

Et c’est bien là que se pose un énorme point d’interrogation. Comment peut-on, à la fois, miser sur une baisse des actions et une hausse de l’or, anticipant un stress intense des marchés, tout en étant positif sur l’appréciation de la devise?

Pari sur un "scénario noir"

Cette confidence ayant été faite après le scrutin, les investisseurs ne comprennent pas la stratégie de George Soros. Elle n’est effectivement pas cohérente. À moins tout simplement que tout cela ne soit pas vrai… Ses structures d’investissements n’étant pas cotées, pas moyen de vérifier.

En revanche, le milliardaire poursuit son scénario noir. Selon lui, le Brexit reste une "catastrophe majeure" aussi bien pour le Royaume-Uni que pour l’Europe. Il amènera tôt ou tard "une forme de dislocation de l’Union toute entière".

La Deutsche Bank dans le collimateur

Et là-dessus, George Soros déclare avoir pris un pari massif contre la Deutsche Bank, qui selon lui va se retrouver la plus vulnérable aux conséquences de long terme de ce mouvement.

Il a placé 100 millions d’euros dernièrement pour spéculer à la baisse sur le cours de la banque, suivi par plusieurs autres fonds d’investissement. Un pari pour l’instant. Ces positions sont largement gagnantes, le titre ayant perdu jusqu’à 13% par rapport à ses plus hauts de vendredi dernier.

Exploiter les faiblesses

Mais George Soros ne va pas s’arrêter là, et va continuer à faire pression, tant la banque, dans une situation complexe, et en pleine restructuration, donne des signes de fragilité.

Et malgré le flou qui entoure ses positions sur la livre sterling, sa stratégie incompréhensible, basée sur un début d’effondrement de l’Europe, causé par le Brexit, et avec comme conséquence la chute de la Deutsche Bank, est pour l’instant un coup de maître. Encore une fois.

Antoine Larigaudrie