CAC 40: des entreprises vieilles et des secteurs sans avenir?

Xavier Niel, le patron d'Iliad, était l'invité de BFM Business mercredi matin. Il est revenu largement sur son forfait à 19,99 euros tout illimité, qui bouscule le marché. Au passage, le patron de Free considère qu’il y a besoin de changements aussi dans le CAC 40. Il a affirmé qu'on y trouvait que des vieilles entreprises, et pas de nouvelles technologies. La rédaction a vérifié.

Le CAC 40 serait-il sénile?

"Ne pas avoir d’entreprises de moins de 15 à 25 ans dans le CAC 40, c’est un problème sur le long terme. Ce n’est pas avec des vieilles entreprises que l’on crée de l’emploi." Voilà ce qu’a déclaré Xavier Niel, le patron d'Iliad, mercredi matin dans Good Morning Business, avec Stéphane Soumier.

Sur l’ancienneté desdites entreprises, on ne peut effectivement pas le contredire. Prenons, par exemple, Saint-Gobain, le groupe de matériaux de construction: il a été créé, tenez-vous bien, en 1665! L'entreprise a donc l’âge vénérable de 347 ans, ce qui en fait la plus vieille de l’indice.

Si l’on s’en tient aux dates de créations publiées sur les sites des entreprises, cinq d'entre elles seraient nées après le début des années 2000. Sauf qu’en réalité, ces dates correspondent à la fusion des différentes entités qui forment l’entreprise aujourd’hui. Ainsi, pour GDF Suez, la naissance du groupe a bien eu lieu en 2008, mais GDF a été créé en 1946, Suez en 1958.

Les autres ne sont pas non plus des débutantes: une douzaine d’entreprises sur les quarante qui composent l’indice phare parisien sont nées… avant 1900. Et aucune n’a vu le jour après le début des années 1990 (en excluant les fusions et autres acquisitions).

Le high tech pas assez représenté dans l’indice parisien?

Autre problème de l’indice selon Xavier Niel: "En France, on n’a pas dans le CAC 40 d’entreprises de nouvelles technologies. Aux Etats-Unis, elles représentent 50% de la constitution des indices!"

Si l'on considère qu’Iliad fait partie du secteur des nouvelles technologies, alors les autres opérateurs le sont aussi! Or, les trois historiques –Orange, Vivendi (SFR), et Bouygues (BouyguesTelecom)– figurent bien au CAC 40. Si l'on ajoute STMicroelectronics, Alcatel-Lucent et Cap Gemini, cela fait tout de même cinq entreprises, soit 12,5% des sociétés cotées à l’indice de référence, dont tout ou partie des activités concernent les technologies d’avenir.

Reste que Vivendi et Bouygues sont des conglomérats dont les branches ne relèvent pas toutes du secteur de l’IT. Et effectivement, il n’existe pas en France de champion de la taille de Google ou Apple aux Etats-Unis.

A quand Free dans le CAC?

"Les gens qui administrent les indices doivent réfléchir. C’est dans les entreprises de nouvelles technologies que des emplois sont créés, c’est grâce à cela qu’on voit le modernisme d’un pays", a estimé le patron de Free sur notre antenne.

Envisager qu'Iliad figure au CAC 40 quand le titre pèse autant que ceux de TF1, Lagardère et Air France réunis, cela ne paraît pas dénué de sens. "En termes de taille c’est vrai qu’Iliad se rapproche des plus petites entreprises du CAC 40. C’est assez impressionnant", reconnaît Julien Quistrebert, gérant chez KBL Richelieu gestion, invité d’Intégrale Bourse mardi.

Pour autant, ce n’est pas encore le moment pour Free d’avoir sa place dans l’indice. Comme l'explique Julien Quistrebert, dans ses critères d’admission au CAC 40, "le comité scientifique d’Euronext prend en compte, outre la capitalisation boursière, la part de flottant de l’entreprise". Or, chez Iliad, elle est infime, Xavier Niel en personne détenant 63% des titres. Finalement, il a plus que tout autre les cartes en main.

Les entreprises du CAC 40:

Saint Gobain: 1665, matériaux de construction
Vivendi: 1853, communication et divertissements
Alcatel-Lucent: 1898, équipementier télécom
Lafarge: 1833, matériaux de construction
Veolia Environnement: 1853, services aux collectivités
Legrand: 1860, groupe industriel
Société Générale: 1864, banque
Schneider Electric: 1871, industrie électrique
Crédit Agricole: 1885, banque
Michelin: 1889, pneumatiques
Vinci: 1889, BTP
Peugeot: 1896, constructeur auto
Renault: 1898, constructeur
Air Liquide: 1902, gaz industriels
L'Oréal: 1909, cosmétiques
Total: 1924, compagnie pétrolière
Publicis Groupe: 1926, communication
Alstom: 1928, services
EDF: 1946, électricité
Bouygues: 1952, conglomérat
Vallourec: 1957, énergie
Technip: 1958, parapétrolier
Carrefour: 1959, distributeur
PPR (Ex-Pinault Printemps): 1963, marques
Danone: 1966, agroalimentaire
Accor: 1967, hôtels
Cap Gemini: 1967, SSII
Unibail-Rodamco: 1968, immobilier commercial
Essilor: 1972, optique
Sanofi: 1973, pharmaceutique
Pernod Ricard: 1975, spiritueux
Axa: 1985, assurance
LVMH Moët Vuitton: 1987, Luxe
STMicroelectronics: 1987, puces électroniques
France Telecom: 1988, télécommunications
EADS: 2000, aéronautique
BNP Paribas: 2000, banque
Safran: 2005, aéronautique
ArcelorMittal: 2006, sidérurgie
GDF Suez: 2008, gaz

Nina Godart