BFM Patrimoine
Placements

Comment le CAC40 a doublé en 6 ans

Les traders de la Bourse de Paris auront été témoins d'un des marchés haussiers les plus spectaculaires de l'histoire.

Les traders de la Bourse de Paris auront été témoins d'un des marchés haussiers les plus spectaculaires de l'histoire. - Eric Piermont - AFP

9 mars 2009, l’indice vedette parisien touchait des plus bas à 2.465 points. 9 mars 2015, on frise les 5.000 points avec un gain de 100%. Le plus extraordinaire marché haussier de l’histoire de la Bourse de Paris, qui pourrait bien aller encore plus haut.

Pas souvent dans l’histoire boursière qu’un indice arrive à doubler de valeur en si peu de temps. Mais ceux qui auront eu l’audace de parier sur un rallye boursier aussi massif juste après l’énorme crise qu’a provoqué la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers auront été récompensés.

Un rallye qui aura connu des hauts et des bas, notamment entre 2010 et 2012, où l’Europe a tremblé sur ses bases avec la crise des dettes souveraines et l’impression que la zone zuro allait purement et simplement imploser, provoquant la catastrophe ultime.

"Whatever it Takes"

Mais il n’en a rien été. Les banques centrales ont sorti la grosse artillerie pour soutenir les marchés et l’économie. Le patron de la BCE, Mario Draghi, a sorti le 26 juillet 2012 sa formule magique, que l’histoire retiendra : pour sauver l’euro, nous sommes prêts à faire tout ce qu’il faut. "Whatever it Takes". L’ensemble des institutions financières mondiales a fait en sorte que le seul placement rentable et intéressant soit l’achat d’actions.

Les flux hebdomadaires en témoignent semaine près semaines dans les données hebdomadaires de la banque Merrill Lynch, les actions, notamment Européennes, sont LE placement préféré des investisseurs mondiaux.

L’incroyable redécollage de l’aviation et de l’automobile

Les secteurs concernés par cet extraordinaire rebond en disent long sur les paris pris pour l’avenir. Si on prend plus largement l’indice SBF120, le palmarès est assez parlant.

Les grands gagnants sont les 2 secteurs industriels qui auront été les plus réactifs aux changements de cycle économiques, l’aérien et l’aviation. Particulièrement les équipementiers. L’automobile aura purgé sa propre crise avant de signer un redémarrage en trombe, alors que l’aéronautique aura fait mieux que résister.

Equipementiers chouchoutés

Pas étonnant que les plus fortes hausses de l’indice large de la Bourse de Paris soient les équipementiers automobiles : Montupet, spécialiste des pièces d’aluminium pour l’auto a gagné 1.818% en 5 ans. Plastic Omnium +880%, Valeo +470% et Faurecia +190%.

L’aéronautique, avionneur et équipementiers, très beau palmarès : Zodiac +406%, Airbus +274%, Safran +270%.

La mine d’or des biotechs

Et puis autre secteur traditionnellement chouchouté par la bourse et notamment par les petits investisseurs, la santé et les biotechs. De vrais paris sur l’avenir, pas dénués de risque, mais qui ont permis quelques performances retentissantes : Genfit, spécialiste des thérapies géniques +850%, Eurofins Scientific, la bio-analyse, +653%, Innate Pharma, l’immunothérapie, +365%.

Sans compter quelques cas particuliers comme Ingénico, champion des solutions de paiement numériques, +472%.

L’énergie et la métallurgie grandes perdantes

Et les grands perdants de ce palmarès restent 3 secteurs qui encore aujourd’hui souffrent en bourse de leur impossibilité à s’adapter rapidement aux changements d’environnement économique et aux cycles : les matières premières et l’énergie.

Les grands de la métallurgie ont particulièrement souffert, Arcelor Mittal -70%, Eramet -61%, touchés par une demande en baisse continue avec des baisses de cours sur toutes les matières premières utilisées par leurs secteurs d’activité.

Les effets de la chute spectaculaire des prix du pétrole

L’énergie avec la baisse fulgurante des prix du pétrole de ces derniers mois. Si les grands majors ont relativement bien résisté, en mettant en place des chantiers gigantesques pour se restructurer, ce n’est pas le cas des petits pétroliers, et des parapétroliers, qui de par leur rôle dans la chaîne énergétique, ont pris tout cela de plein fouet.

Maural et Prom, le petit pétrolier français, signe une baisse de 33,6%, CGG, spécialiste de la prospection sismique -70%... Quant à Vallourec, spécialiste des tubes d’acier sans soudures pour l’industrie pétrolière, c’est la double-peine : -70%

Même le duopole de l’énergie en France a été laissé de côté : EDF perd 40% et GDF Suez -31%.

+100% en 6 ans… et après ?

Mais malgré ce redressement spectaculaire, il reste encore des opportunités uniques à jouer, et qui continuent à être jouée. Particulièrement des paris à prendre sur ceux qui auront connu les plus gros accidents de parcours. Et le sentiment de marché est toujours ultra-positif sur les actions européennes, Paris en tête.

De quoi pousser le CAC40 bien au-delà des 5.000 points.

Antoine Larigaudrie