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Ce hedge fund qui a gagné 1 milliard de dollars pendant la tempête boursière

C'est en appliquant la théorie des "Cygnes Noirs", celle qui consiste à modéliser l'imprévisible, qu'Universa Investments a signé de très brillantes performances la semaine dernière.

C'est en appliquant la théorie des "Cygnes Noirs", celle qui consiste à modéliser l'imprévisible, qu'Universa Investments a signé de très brillantes performances la semaine dernière. - Spencer Platt - Getty Images North America - AFP

La tourmente de la semaine dernière aura inquiété la planète entière, mais aura fait les bonnes affaires de certains. En particulier celles du fonds Universa Investments grâce à une surprenante stratégie fondée sur l’imprévisibilité des marchés.

Alors que l’ensemble du marché craque sous le poids des incertitudes, comment peut-on en tirer parti et se garantir de larges bénéfices ? En calquant sa stratégie sur l’improbable, précisément.

Et c’est le travail au quotidien du fonds Universa. Fondé en 2007 par l’homme d’affaires américain Mark Spitznagel, le fonds a brillé notamment un an après son ouverture, en 2008, en étant l’un des seuls, sinon le seul, à avoir signé des performances positives et même remarquables au cœur de la crise bancaire.

La stratégie des "Cygnes Noirs" 

Le secret de la stratégie d’Universa, tirer profit de l’imprévisible. Et pour cela, il s’est adjoint les services d’un conseiller de luxe, Nassim Nicholas Taleb, professeur d’économie émérite de l’Université de New York.

Ce dernier est le théoricien de ce que l’on appelle les "Black Swans", les Cygnes Noirs, ces phénomènes de marché totalement imprévisibles qui provoquent souvent des mouvements de panique boursière, tels que les changements brutaux de politique monétaire, les crises de financement d’Etat, ou les blocages soudains des circuits de financement.

Un test grandeur nature

Nassim Nicholas Taleb, mondialement reconnu à ce niveau, a également collaboré avec le Département Américain de la Défense qui s’est longtemps intéressé à ses théories pour évaluer des scénarios de riposte à d’éventuelles menaces liées à ce genre d’évènements.

Mais l’économiste est également partenaire de longue date de Mark Spitznagel, fondateur d’Universa, et supervise sa stratégie qui reprend les grandes lignes de ses propres modèles économiques. Le fonds est donc un peu devenu le banc-test de son travail théorique.

Profiter de la volatilité

Et avec succès ! Car après ses gains faramineux de 2008, le fonds vient encore de signer un grand coup. Sur le terrain, la tactique est simple. Commencer à jouer les premiers signes de volatilité impliqués par un évènement extraordinaire (en l’occurrence, les signaux inquiétants en provenance de Chine et la volatilité du marché de Shanghai), pour commencer à prendre des positions vendeuses massives.

Une fois que le mouvement est enclenché, parier systématiquement sur la poursuite de la baisse, par le biais de vente massives d’options à découvert. En cela rien de spécifiquement neuf, mais c’est le caractère total et absolu de la stratégie qui va assurer son succès. Il n’est pas question de prévoir l’imprévisible, mais de modéliser et d’accentuer l’effet de panique qu’il va provoquer, sur toutes les classes d’actifs possibles.

Retour sur investissement autour de 20%

Le résultat ce sont des gains prodigieux : 1 milliard de dollars de bénéfices, pour 6 milliards d’actifs sous gestion ! Au plus fort de la tempête boursière de la semaine dernière, quand le Dow Jones perdait de 600 à 1.000 points en séance, les clients d’Universa bénéficiaient d’un retour sur investissement annuel de 20%, de source officieuse ! Ce qui constitue déjà en temps normal une excellente performance, d’autant plus remarquable en pleine crise.

Mais avec le retour de la forte volatilité sur les marchés, ce genre de fonds d’investissement a le vent en poupe pour les mois qui arrivent. Mark Spitznagel le dit lui-même, "On en est qu’au début de l’histoire. Le retour des gros coups de tabac boursiers va accroître le besoin de couvrir ses investissements par ce genre de stratégies".

La volatilité, actif-clé du moment

Mais paradoxalement, plus les institutions financières vont adopter des stratégies similaires, ou faire appel à des fonds qui les mettent en place, plus on va augmenter le risque de voir la volatilité augmenter, alors qu’on cherche à se couvrir contre elle…

Il est donc clair que la volatilité est devenu l’actif le plus surveillé du moment, et le plus lucratif pour certains. Et sans nul doute pour de nombreux mois à venir.

Antoine Larigaudrie