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Ces patrons méconnus qui gagnent le Smic en 13 secondes

James Simons arrive en tête du classement des patrons de hedge funds

James Simons arrive en tête du classement des patrons de hedge funds - GertMartin Greuel - Flickr - CC

"Les gérants de fonds les mieux rémunérés au monde ont touché 1,7 milliard de dollars l'an passé, soit plus de 470.000 dollars de l'heure. Ou l'équivalent du Smic mensuel en quelques battements de cils."

Leurs noms ne vous disent probablement pas grand-chose mais à Wall Street, ce sont des stars. Les patrons de hedge funds (voir définition en encadré), ces fonds spéculatifs qui rivalisent d'ingéniosité pour gagner beaucoup d'argent sur les marchés en toutes circonstances, font souvent la une des médias financiers.

Leur réputation doit beaucoup à l'argent que brassent ces mastodontes de la finance. Chaque année, Institutional Investor's alpha en dresse ainsi le top 25. L'année 2015 a-t-elle été un bon millésime? Réponse: oui pour certains, non pour beaucoup.

La première place est trustée par deux poids lourds de Wall Street, Kenneth Griffin, qui dirige le fonds Citadel, et James Simons, un expert en code informatique à la tête de Renaissance Technologies. Chacun a gagné l'an passé 1,7 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros), soit respectivement 400 et 500 millions de dollars de plus qu'en 2014, lorsque Griffin dominait le classement juste devant Simons.

416.000 euros de l'heure

Pour mieux se rendre compte de cette somme faramineuse, on peut sortir sa calculette. En tenant compte du temps de travail hebdomadaire d'un patron de hedge fund (70 heures selon le site spécialisé eFinancialcareers) et en considérant que ces pontes de la finance ne prennent qu'une semaine de congé, à Noël, on arrive à une rémunération de 474.860 dollars par heure, soit 416.500 euros. Selon nos calculs, il ne leur faut ainsi que 13 secondes pour toucher l'équivalent d'un mois de Smic brut (1.466 euros)!

Derrière ce duo de tête, trois autres patrons de hedge funds ont touché plus de 1 milliard de dollars. Il s'agit de Raymond Dalio (Bidgewater Associates, le plus gros hegde fund au monde) et David Tepper (Appaloosa Management) qui affichent chacun 1,4 milliard de dollars, ainsi qu'Israel Englander (Millenium Management) avec 1,15 milliard de dollars.

Une "mauvaise" année

Pourtant, 2015 n'a pas vraiment été un bon millésime pour ceux que l'on appelle "les hedge funders". Les turbulences financières ont amené plusieurs d'entre eux à être éjectés du Top 25 en raison de mauvais paris qui les ont contraints à essuyer des pertes. Le Financial Times relève ainsi que John Paulson, l'un des investisseurs les plus célèbres au monde, a été sorti du Top 25 pour cette raison. Il en est de même pour un autre grand nom de la finance, Bill Ackman (Pershing Capital).

Plus globalement, le rendement moyen des hedge funds n'a été que de 1,56% l'an passé, soit le plus mauvais score depuis 2011, selon la société Eurekahedge, contre 3% en 2014 et 9% en 2013. Une morosité qui se retrouve dans le classement 2015. Si le Top 5 a plus gagné que l'an passé, le 10ème n'a touché "que" 300 millions de dollars contre 425 millions en 2014. La rémunération médiane du top 25 a ainsi été de 275 millions de dollars, soit le chiffre le plus bas depuis cinq ans.

Les chiffres sont donc bien loin de 2013, lorsque David Tepper trustait le haut du podium avec 3,5 milliards de dollars, devant Steve Cohen (SAC Capital Advisors, 2,4 milliards de dollars) et John Paulson (2,3 milliards de dollars). Plus globalement, le Financial Times remarque que, désormais, ce sont les machines qui font la loi à Wall Street. La majorité des patrons de hedge funds qui composent ce classement ont, en effet, massivement recours au trading algorithmique pour toucher leurs gains. C'est le cas de James Simons mais aussi, par exemple, de l'ancien prof d'informatique à Columbia, David Shaw, qui a gagné 750 millions de dollars en 2015. Après les échecs et le jeu de go, les ordinateurs semblent donc bien partis pour battre les traders…

Qu'est-ce qu'un hedge fund?

Selon le lexique financier établi par Saxo Bank pour Challenges, un hedge fund est littéralement "un fonds de couverture ou de protection (d'où le terme "to hedge" qui signifie se couvrir")".

Cela signifie que ces fonds utilisent des stratégies complexes pour permettre à leurs clients de faire fructifier leur investissement, quelque soit l'état du marché.

Exemple? Le "long short equity" "qui consiste à acheter et à vendre simultanément deux titres, en ayant recours aux produits dérivés, c'est-à dire des produits dont le cours est indexé sur une action ou un indice boursier".

Autre exemple, la stratégie appelée "event driven" qui consiste à miser sur des événements particuliers, comme une fusion, une acquisition ou une faillite d'entreprise, comme l'explique BarclayHedge.

Le poids financier de ces discrets mastodontes de la finance est colossal. Comme le sont les risques qu’ils prennent. En 1998, par exemple, le hedge fund LTCM s’est retrouvé acculé à la faillite après avoir massivement investi dans la dette russe. Et ses déboires avaient fait vaciller l'ensemble de la finance mondiale.