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Ces statistiques chinoises qui font chuter le prix des matières premieres

L'ensemble des matières premières, notamment minières, subit une forte correction, à nouveau du fait des incertitudes en Chine.

L'ensemble des matières premières, notamment minières, subit une forte correction, à nouveau du fait des incertitudes en Chine. - Rio Tinto - AFP

"Depuis la fin de la semaine dernière, on assiste à une nouvelle phase de baisse marquée sur l’ensemble des matières premières. Pétrole, mais surtout le cuivre, le zinc, le nickel et le minerai de fer. En cause: le marché chinois qui inquiète."

C’est devenu une habitude sur les marchés. Une fois de plus, les marchés ont réagi avec beaucoup de retard à une statistique qui avait de quoi inquiéter le week-end dernier : celle du commerce extérieur chinois.

Avec des exportations en baisse de 1,8% en mars, et une chute des importations de 10,8% sur le seul mois de mars, les économistes s'inquiètent de l'état réel de l’économie chinoise. D'autant que ces chiffres concernent en grand majorité les matières premières nécessaires à l’industrie.

Du pétrole au métaux

Cette inquiétude explique la forte baisse des cours du pétrole. Les cours du Brent et du brut léger américain se sont d’ailleurs à nouveau quasiment réalignés à parité autour des 43 dollars. Avec aussi la perspective d’une hausse de la production saoudienne, qu’anticipe le patron de Saudi Aramco, nouveau ministre du pétrole du Royaume.

Mais ce sont surtout les matières premières minières qui sont concernées par ces décevantes statistiques chinoises. Cuivre, zinc, nickel… et notamment minerai de fer, essentiel à la production d’acier. Ce dernier a aligné six séances de baisse d’affilée. Il est tombé sous les 50 dollars la tonne pour la première fois depuis mars dernier.

Le chemin de croix de la métallurgie

Le secteur de la métallurgie dans le sillage a subi un lourd recul, avec notamment une baisse spectaculaire d’Arcelor Mittal lundi (-12% en clôture) mais aussi Aperam, le géant de l’inox, qui a cédé 5,3%. Et Vallourec, le spécialiste des tubes sans soudure à destination de l’industrie pétrolière, doublement touché, dont l'action a perdu 9,5% de sa valeur.

L’ensemble de ce secteur, maltraité en Bourse depuis plus d’un an et demi, n’en finit pas de subir l’onde de choc des mauvaises nouvelles en provenance de Chine. Car il est non seulement dépendant de la demande des industriels locaux en produits finis, que de la santé des producteurs chinois, qui peuvent noyer leurs marchés sous de grandes quantités de produits à bas prix.

Mauvaises nouvelles en cascade

D’où une forme de double-peine qui grève leurs performances boursières, ainsi que leurs perspectives pour les mois à venir. Pour preuve, l’allemand ThyssenKrupp qui a été contraint à abaisser ses prévisions pour l’ensemble de l’année ce mardi matin.

Un contexte toujours extrêmement complexe qui rend par nature le secteur très volatil en bourse. Et ce n’est sans doute pas terminé, d’autant que face à cet horizon bouché, beaucoup d’observateurs jugent inéluctables des regroupements et des rachats, susceptibles de générer des économies sur les coûts et l’outil de production. La revente de Tata Steel au Royaume-Uni n’étant qu’un premier pas.

L’or confirme son retour en grâce

Considérant que ce secteur court un risque "vital" face à l’acier chinois à bas prix, les autorités européennes se montrent d’ailleurs très vigilantes ces dernières semaines mais elles ne semblent pas non plus pressées d’agir, face aux incertitudes économiques tant sur le Vieux continent que de l'autre côté de l'Atlantique. 

La seule véritable matière première à profiter du contexte actuel de marché est l’or, qui reste ferme du côté des 1.260 dollars l’once, toujours sur un plus haut d'un an. Face aux incertitudes, les positions acheteuses des hedge funds ont atteint, elles, un niveau record depuis 2011, avec une progression fulgurante de 27% sur la seule semaine passée.

Preuve indubitable que les investisseurs cherchent à se couvrir, et recherchent la seule matière première dont les cours sont appelés à monter ces prochains mois.

Antoine Larigaudrie