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Cette biotech française s'attaque aux maladies du vieillissement

Stanislas Veillet, président de la société de biotechnologie Biophytis.

Stanislas Veillet, président de la société de biotechnologie Biophytis. - Biophytis

"Cotée en Bourse, Biophytis ne connaît pas encore le succès des autres stars françaises de la biotech. Mais le marché qu'elle vise est prometteur."

Biophytis n’est pas la plus connue des sociétés de biotechnologies, mais c’est la seule, en Europe, qui se soit spécialisée dans les maladies du vieillissement. Un positionnement très spécifique encore peu valorisé en Bourse. Biophytis pèse à peine 27 millions d’euros, loin des capitalisations des stars françaises de la biotech, qui dépassent parfois le milliard d’euros.

Pour autant, les marchés qu'elle cible représentent à n’en pas douter un enjeu colossal. Peu étudiées jusqu'à récemment, les maladies du vieillissement, qui se caractérisent par la dégradation progressive d’un ou plusieurs organes, sont en rapide expansion.

Maladies en croissance exponentielle

Les personnes âgées des sociétés occidentales et du Japon, de la Chine et de la Russie représentent déjà plusieurs centaines de millions d'individus potentiellement atteint par les pathologies liées au vieillissement. En 2050, le cap des deux milliards sera probablement atteint, dont 500 millions souffriront de dégénérescence physique (musculaires), 400 millions de dégénérescence visuelle et 135 millions de dégénérescence cognitive (Alzheimer, démences séniles…) selon les estimations de l’OMS.

Biophytis n'entend pas soigner tout le monde. Ses travaux portent sur la sarcopénie, une dystrophie ou dégénérescence musculaire liée à l’âge. Avec son candidat médicament Sarconeos, cette société vise à traiter en particulier l’obésité sarcopénique. Une étude réalisée dans les années 90 estimait à environ 20 millions le nombre de personnes concernées par cette forme de sarcopénie rien qu'aux Etats-Unis.

Le deuxième candidat-médicament de Biophytis, Macuneos, vise la DMLA sèche, qui concerne 80% des patients atteints de cette dégénérescence irréversible de la zone centrale de la rétine, la macula, située au fond de l’œil.

En Bourse, la décision prise il y a quelques semaines par la société d’étendre ses futurs essais cliniques de phase 2 aux Etats Unis a été accueillie avec prudence. Son cours de bourse est ainsi tombé nettement en dessous du prix d’introduction de 6 euros de juillet 2015.

Une avancée majeure

Les investisseurs se montrent en fait un peu pressés. Or le virage stratégique annoncé va certes augmenter la puissance statistique de l’étude, mais il entraîne aussi un décalage d’au moins un an. "Cela nous permettra d’avancer plus vite sur cette pathologie vis-à-vis des agences réglementaires sur les deux plus gros marchés du monde", explique Stanislas Veillet, le président de Biophytis, dans un entretien à Tradingsat.com.

Par ailleurs, si la sarcopénie ne faisait jusqu’ici l’objet d’aucune indication reconnue par les agences réglementaires, les choses évoluent. Le CDC (the Centers for Disease Control and Prevention) a codifié le 28 avril dernier la sarcopénie aux Etats-Unis comme nouvelle pathologie en lui attribuant un ICD-10-CM, à savoir une nomenclature qui officialise clairement la définition de cette maladie.

"C’est une avancée majeure et cela nous balise en quelque sorte les développements cliniques à engager et sur lesquels Biophytis est réellement à la pointe de l’innovation alors que de nombreuses big pharma, parmi lesquelles Lilly, GSK, Regeneron ou Novartis, travaillent sur des produits de génération plus ancienne que Sarconeos.", souligne Stanislas Veillet.

A court terme, Biophytis est mobilisé sur deux études de phase 1 complémentaires dans la sarcopénie qui vont débuter l’une en juillet et l’autre en septembre, pour s’achever fin 2016. Les résultats viendront compléter les dossiers de demande d’autorisation pour lancer la phase 2 en Belgique, en France, et aux Etats-Unis au premier semestre 2017.

Retrouvez le cours de bourse de Biophytis en temps réel en cliquant ici.

François Berthon