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Cette start-up de la City veut révolutionner les crypto-monnaies

DLT Finance entend rationaliser et ouvrir le marché des monnaies virtuelles, par le biais d'un indice boursier et d'un fonds. Un défi ardu, mais qui pourrait se révéler structurel.

DLT Finance entend rationaliser et ouvrir le marché des monnaies virtuelles, par le biais d'un indice boursier et d'un fonds. Un défi ardu, mais qui pourrait se révéler structurel. - AFP

Une start-up londonienne va tenter ni plus ni moins que de structurer le marché des monnaies virtuelles ces prochains mois. Cela passe par la création d’un fonds et d’un indice boursier, pour donner plus de visibilité et plus de crédibilité à ce marché encore très spéculatif.

Le projet est suivi de près par le gouvernement britannique. Tellement qu’il le finance en partie! Mais la tâche à laquelle est en train de s’atteler DLT Finance est sans doute le "coup" le plus décisif de ces dernières années dans le domaine des crypto-monnaies.

L’affaire commence un peu plus tôt cette année, quand le gouvernement britannique décide d’accorder 250.000 livres (près de 300.000 euros) de budget à la start-up locale Tramonex, pour travailler à un système de transaction électronique efficace, inspiré du Bitcoin et de la Blockchain. Le tout pour préparer l’avenir en matière de transactions financières, avec des solutions qui de plus en plus vont se passer hors du système bancaire.

De la technique à la finance

Non seulement Tramonex y a bien travaillé et a élaboré un prototype qui marche, mais ces travaux vont servir de base à une initiative plus large, qui pourrait changer radicalement la donne dans le domaine des crypto-monnaies.

La start-up a créé sa propre société financière, DLT Finance, qui va se servir de cette technologie pour créer un fonds indiciel basé sur les monnaies virtuelles. Il devrait entrer en fonction dans quelques semaines.

Un indice et un fonds

Le premier travail va consister à créer un indice boursier coté en continu, qui va regrouper les 10 principales crypto-monnaies: le Bitcoin bien sûr, mais aussi l’Ethereum, et le Ripple, monnaie virtuelle sur laquelle ont travaillé plusieurs grandes enseignes du secteur bancaire. Le but: créer le premier baromètre fiable de l’offre et de la demande, avec le spectre le plus large et le plus représentatif.

Et une fois que cet indice sera en place et coté normalement, s’en servir de base pour un fonds indexé, dans lequel chacun pourra investir avec transparence. Une expérimentation qui aura valeur de véritable banc-test pour ce marché qui reste très spécifique, volatil et spéculatif.

Attirer un public plus large

"Aujourd’hui c’est un marché encore très difficile" reconnait Dave Askey, co-fondateur de DLT Finance. "Investir dans les crypto-monnaies requiert encore beaucoup de connaissances techniques, aussi bien pour trader que pour conserver ses actifs. Nous voulons attirer un public plus large à travers notre initiative, réunir les 'geeks' spécialistes du domaine, et les investisseurs plus traditionnels" ajoute-t-il.

Le pari de DLT Finance est donc de peser sur la structure actuelle du marché des crypto-monnaies, puisque la mise en place d’un indice boursier et d’un fonds vont permettre d’imposer naturellement des règles de transparence et d’usage strictes, sous la supervision du régulateur boursier britannique.

Stockage "à froid" des données sensibles

Ainsi, cela réduirait les risques pour l’investisseur, souvent rebuté par un investissement direct, aussi bien pour des raisons de technicité que de sécurité, plusieurs plateformes de transaction de monnaies virtuelles ayant subi ces derniers mois des vols et des piratages.

Et la recette de DLT Financial est simple mais efficac : un "stockage à froid", hors ligne, des données les plus sensibles entre vendeur et acheteur, au moment où les transactions sont effectuées. Ainsi, cela évacue la majorité des soucis de sécurité liés à l’usage de ces monnaies.

Convaincre les "Miners"

Un pari qui pourrait être gagnant, et garantir des perspectives extrêmement porteuses pour la City, alors que la place financière de Londres reste dans les incertitudes liées au Brexit.

Mais la principale difficulté sera sans doute d’essayer de convaincre et de rationaliser un univers qui pour l’instant cherche précisément à garder ses secrets, et rester un monde d’initiés chevronnés, de "Mineurs" (littéralement, les spéculateurs en crypto-monnaies sont surnommé "Miners") soucieux de ne pas forcément ouvrir ou livrer leurs filons au plus grand nombre.

Antoine Larigaudrie