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Chute des marchés: l'Espagne et l'Italie interdisent les ventes à découvert

L'Espagne fait chuter les Bourses européennes.

L'Espagne fait chuter les Bourses européennes. - -

Alors que les marchés plongent, Madrid a décidé d’interdire les ventes à découvert sur toutes les valeurs, et Rome a fait de même sur les valeurs financières. Cette pratique spéculative inquiète particulièrement les régulateurs en temps de crise.

Les marchés sont en pleine déconvenue ce lundi 23 juillet. A 16h00, le CAC 40 perdait plus de 3%, tout comme la Bourse de Rome. L’Ibex, la Bourse madrilène, avait même touché le 5% de pertes avant de limiter ses pertes dans la journée, revenant à -2,4%. Les valeurs les plus touchées, une fois de plus, sont les banques et les assurances. A Paris, la lanterne rouge du CAC 40 est BNP Paribas qui cède environ 7%. Et à Milan, Banco Popolare lâche plus de 4,5%.

L’Italie et l’Espagne ont décidé de réagir en interdisant la vente à découvert. Rome a choisi de limiter la mesure aux valeurs financières (banques et assurances) tandis que Madrid l’étend à toutes les valeurs de sa Bourse.

Le but de la vente à découvert est de parier à la baisse: l’investisseur emprunte un titre en anticipant le fait que la valeur de celui-ci va diminuer. Il le vend, puis le rachète bien moins cher, avant de le rendre au prêteur. Au passage, la baisse du titre lui a normalement permis de dégager une belle plus-value.

Objectif: ne pas aggraver la situation de crise

En temps normal, cette opération financière est considérée comme étant de la spéculation "saine", puisque l'on détient le titre sur lequel on parie à la baisse. En outre, ses défenseurs rappellent que cette pratique participe à l’apport de liquidités sur les marchés, au moment où les investisseurs s'en détournent.

Mais en temps de crise les régulateurs estiment que les ventes à découvert peuvent aggraver la situation. Ces dernières risquent, en effet, de créer un cercle vicieux: comme la Bourse de Madrid plonge, notamment, il serait facile et tentant de parier à la baisse sur les titres espagnols, ce qui accentuerait encore leur chute...

L’Espagne prend donc les devants pour protéger les titres fragiles de la spéculation. Mais une telle démarche n'est pas non plus sans danger, puisqu'elle peut faire fuir les investisseurs.

En outre, l’efficacité de cette interdiction n’est pas clairement démontrée. L’AMF (Autorité des marchés financiers) s’était penchée sur ce sujet en février en 2009. Elle évaluait alors les résultats de cette mesure survenue en septembre 2008 sur les valeurs du secteur financier.

Ses conclusions étaient les suivantes: l'interdiction n’avait que faiblement réduit la baisse des cours des titres concernés. Le volume d’échanges sur ces valeurs avait diminué et la volatilité était restée inchangée. L’AMF jugeait ainsi que l’impact de la mesure avait été "assez réduit".

Mathieu Jolivet et BFMbusiness.com